Ne manquez pas « Les reines du ring », ce soir dès 19 h, sur les ondes de RDS2 et RDS Direct et le mardi 14 décembre vers 22 h 45 sur les ondes de RDS et RDS Direct.

Le voyage est plus important que la destination, aurait assurément attesté Robert Viau, et les parcours – sinueux et inspirants – de Marie-Ève Dicaire et Kim Clavel l’illustrent parfaitement.

Avant de devenir des pionnières de la boxe professionnelle féminine au Québec et au Canada, les deux femmes ont dû emprunter un chemin à peine défriché qu’elles revisitent dans « Les reines du ring », un documentaire de la série « 25 ans d’émotions » présenté en première ce soir

Images inédites d’archives à l’appui, le réalisateur Sylvain Rancourt parvient à faire prendre conscience de tout le travail accompli par Dicaire pour devenir la première championne du monde de l’histoire de la boxe québécoise et par Clavel pour suivre les traces de la première.

Ex-championne du monde de karaté, Dicaire s’est mise à la boxe sur le tard à l’âge de 24 ans afin de réaliser son rêve de participer aux Jeux olympiques. Mais une séance de sparring avec des hommes qui avaient pour mission de la brasser a tourné au cauchemar, Dicaire subissant une commotion cérébrale qui aurait pu avoir de graves séquelles sur la suite de sa carrière et sa vie.

« J’étais championne québécoise et canadienne, et du jour au lendemain, je ne pouvais même plus faire un round de boxe. C’est comme si ma vie s’arrêtait, raconte notamment Dicaire. Je réalisais que j’avais des faiblesses et c’était inconcevable pour moi d’arrêter à ce moment-là.

« Ç’a été un processus d’environ un an avant de pouvoir remonter sur le ring et c’est ce qui m’a permis de devenir championne du monde par la suite. Au début, je pensais que j’étais à 80 pour cent de mes capacités, mais un spécialiste a évalué qu’elles étaient plutôt à 25 pour cent! »

Le documentaire offre également une incursion dans le coin de Dicaire pendant son combat contre la championne des poids super-mi-moyens de l’IBF Chris Namus le 1er décembre 2019 à Québec. Quelques minutes avant le début de son duel, elle avait eu pleinement conscience de la chute d’Adonis Stevenson dans sa douche après sa très dure défaite face à Oleksandr Gvozdyk.

Qui plus est, le combat de Dicaire n’a pas exactement commencé sur les chapeaux de roues, mais la Québécoise a démontré énormément de résilience pour se sauver avec la victoire. Par contre, les réjouissances n’ont pas été à la hauteur des circonstances, étant donné que Dicaire s’était gardé une immense gêne en raison de l’état de santé alors très précaire de Stevenson.

Clavel a quant à elle mis les gants pour la première fois à 15 ans et le sport lui a permis de sortir de sa coquille. Jeune femme extrêmement réservée, elle a rapidement senti qu’elle devenait une meilleure personne plus les entraînements et les combats s’enchaînaient. Elle a cependant longtemps pensé que la boxe professionnelle était un objectif tout simplement inatteignable.

« J’y croyais, j’y rêvais, mais je ne voyais pas de filles qui boxaient professionnelles vraiment, dit Clavel. Je n’en entendais pas parler dans les médias, je ne pensais pas pouvoir vivre de ça. »

C’est toutefois lorsqu’elle parle des membres de sa famille que Clavel dévoile toute la grandeur de son âme. Après avoir répondu à l’appel à l’aide du gouvernement québécois pendant la première vague de la pandémie de coronavirus, elle témoigne de la peine qu’elle a ressentie de ne pas pouvoir continuer à côtoyer sa grand-mère dont elle est extrêmement proche.

« Je prenais soin des grands-parents de tout le monde, mais je ne pouvais pas prendre soin de ma grand-mère », lâche Clavel.

La boxe est un sport individuel, mais en même temps, probablement l’un de ceux où l’équipe qui s’active dans l’ombre compte le plus. Le documentaire met ainsi en lumière la contribution de Stéphane Harnois et Danielle Bouchard, qui sont beaucoup plus que de simples entraîneurs.

Avec humour, Harnois témoigne à quel point il n’était pas impressionné par Dicaire à ses débuts, mais que la capacité d’écoute de cette dernière l’a convaincu, alors que Bouchard évoque plutôt l’immense potentiel qu’elle a décelé chez Clavel dès qu’elle l’a vue à l’œuvre la première fois.

Comme le plus beau des voyages, c’est celui qu’on n’a pas encore fait, il y a fort à parier que ces reines du ring n’ont pas fini encore de vivre – et de nous faire vivre – de grandes émotions.