Christian Mbilli et Maciej Sulecki couronneront une carte de boxe relevée au Centre Vidéotron
Christian Mbilli n'a rien à envier à Maciej Sulecki. Sauf peut-être son expérience. Et il s'en méfie.
« C'est un vétéran. Il a affronté de grands boxeurs, d'anciens champions du monde, a déclaré Mbilli (28-0, 23 K.-O.) lors de la conférence de presse tenue au Centre Vidéotron, qui accueillera le gala, avant d'ajouter qu'il devra également surveiller la main droite de Sulecki (33-3, 13 K.-O.).
« Il a une bonne droite. Très, très bonne droite. »
Le Polonais de 36 ans a livré deux combats de 12 rounds jusqu'ici. Il croit que son expérience peut faire basculer le combat pour le titre intérimaire des super-moyens du World Boxing Council (WBC) — avec à la clé un possible affrontement contre Saul «Canelo» Alvarez à leur prochaine sortie — en sa faveur.
« Il est excellent, il est invaincu, il est très calme et très confiant; voyons voir ce qu'il pourra me montrer sur le ring, a noté Sulecki. [L'expérience] peut être la clé pour moi. Il n'a jamais boxé 12 rounds. C'est ma plus grande munition contre lui. Il ne sait pas ce que c'est. »
Mbilli se permet d'être en désaccord.
« Je crois que si on va à 12 rounds, ce sera encore plus difficile pour mon adversaire », a-t-il noté.
Sans aucun doute, Mbilli voit arriver avec soulagement cet affrontement. Après deux refus de Diego Pacheco, un autre du Français Kevein Lele Sadjo et la chute aux classements de Jaime Munguia après sa défaite contre le Marseillais Bruno Surace, cela a fait en sorte que ce combat pour le titre intérimaire n'a pas pu être livré plus tôt.
« C'était frustrant: trois combats d'annulés, Munguia qui s'est fait battre et mon nom qui a circulé comme adversaire potentiel à Canelo, a-t-il raconté. C'est un peu des hauts et des bas, mais, en même temps, ça fait partie de la vie d'un sportif. Je me disais: 'Reste concentré sur ce que tu as à faire. Reste concentré sur l'entraînement. Ensuite, le reste, ça va se passer'. C'est clair que ça a été beaucoup, beaucoup d'émotions. »
Soirée relevée
Le duel entre Mbilli et Sulecki viendra couronner une carte de grande qualité, ponctuée de quatre combats de championnat.
Ce Mbilli-Sulecki est évidemment le joyau de cette soirée de neuf duels. Mais avant que ces deux pugilistes n'aient monté sur le ring, la soirée aura été chauffée par le combat pour la ceinture Continentale des Amériques des super-légers du WBC entre Jhon Orobio (13-0, 11 K.-O.) et Zsolt Osadan (27-3-1, 17 K.-O.); ainsi que les défenses de titres de Leïla Beaudoin et de Christopher Guerrero.
Beaudoin (12-1, 1 K.-O.) mettra en jeu sa ceinture Internationale des super-légères de la World Boxing Organization (WBO) contre l'expérimentée Française Elhem Mekhaled (17-3, 3 K.-O.), classée deuxième aspirante au WBC. Guerrero (14-0, 8 K.-O.) défendra son titre Continental des Amériques des mi-moyens contre le Français Sandy Messaoud (20-8, 1 K.-O.).
Il s'agit d'une première défense de titre pour les deux boxeurs québécois.
En ajoutant le combat de championnat du monde intérimaire des lourds-légers entre Jean Pascal Michal Cieslak présenté le lendemain à Laval, il y a aura une vingtaine de combats professionnels, dont deux championnats du monde, disputés au Québec en moins de 24 heures.
« Je ne suis pas un historien de la boxe, mais je ne me souviens pas d'un tel week-end de boxe au Québec, a déclaré Camille Estephan, président d'Eye of the Tiger Management, promoteur de la soirée. Ça démontre que la boxe au Québec est en santé. Le gala de Laval (de New Era Promotions) présentera davantage de boxeurs québécois en début de carrière. Ça donne de l'action pour ces gars qui veulent une chance. Ça développe la boxe, c'est excellent. »
De mémoire, il faut remonter au 1er décembre 2018 pour voir deux combats de championnat du monde disputés au Québec, alors que Groupe Yvon Michel avait offert les affrontements entre Marie-Ève Dicaire et Chris Manus, ainsi qu'entre Adonis Stevenson et Oleksandr Gvozdyk au Centre Vidéotron.
Dicaire était devenue championne; Gvozdyk avait mis fin au règne et à la carrière de Stevenson de façon tragique.
Le gala compte tellement — sur papier — de confrontations de qualité qu'aucun de ces titres mineurs ne sera disputé en demi-finale. C'est plutôt le combat revanche opposant Steven Butler (35-5-1, 29 K.-O.) au Mexicain Jose de Jesus Macias (29-13-4, 15 K.-O.) qui sera présenté juste avant la grande finale.
Butler est bien heureux de pouvoir venger l'affront que lui avait fait subir Macias. Ce dernier lui avait passé le K.-O. au cinquième round de leur combat à Cuernavaca, au Mexique, en pleine pandémie en 2021. Il s'agissait alors d'un deuxième revers consécutif pour Butler, qui devait se servir de cet affrontement pour se relancer après avoir perdu en championnat du monde aux mains du Japonais Ryota Murata, en décembre 2019.
Le poids lourd Arslanbek Makhmudov (19-2, 18 K.-O.) tentera de retrouver le chemin de la victoire face au Torontois Ricardo Brown (12-0, 11 K.-O.). On espère que le Russe sera davantage en mesure de contrôler ses émotions sur le ring que sur la scène de la conférence de presse, alors qu'il a promis de « tuer » Brown.
« Je pense sincèrement que c'est le plus gros gala que nous n'ayons jamais organisé, a laissé tomber Estephan. C'est plus gros que la carte d'Artur Beterbiev contre Callum Smith (aussi présentée au Centre Vidéotron, en janvier 2024), en raison des combats qu'on présente cette fois-ci en sous-carte. »
Le Québécois Wilkens Mathieu (13-0, 9 K.-O.), le Montréalais Luis Santana (13-0, 6 K.-O.), ainsi que le Néo-Écossais Wyatt Sanford (2-0, 2 K.-O.), médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Paris, seront également de la partie.
Le Français Moreno Fendero (11-0, 9 K.-O.) a toutefois vu son combat contre le vétéran Argentin Billi Facundo Godoy (41-8, 20 K.-O.) être annulé. Malade, Godoy n'a pas pu s'envoler vers Québec et il était trop tard pour EOTTM afin de trouver un adversaire de remplacement à Fendero.