Fortune faite et place dans l'histoire de la boxe à jamais assurée, Floyd Mayweather est pourtant sorti à 40 ans de sa retraite dorée pour un dernier défi, et son plus gros jackpot, face à Conor McGregor, samedi à Las Vegas.

Depuis son dernier combat, en septembre 2015, Mayweather s'était coulé sans mal dans l'existence de millionnaire avec ses rutilantes berlines de luxe, sa collection « bling bling » de montres et de costumes et l'indispensable jet privé.

Il empilait aussi les liasses de dollars, comme il le montre régulièrement sur les réseaux sociaux, grâce à ses activités de promoteur de combats de boxe et de patron d'un club de striptease de Las Vegas.

Mais les provocations de McGregor, star des arts martiaux mixtes (AMM), ont commencé à le titiller.

Plus encore que le démon de la compétition, ou les insultes répétées de l'Irlandais, c'est la perspective de toucher un gros chèque, peut-être le plus gros de sa carrière et même dans l'histoire du sport, qui a définitivement convaincu Mayweather.

Car « Money » se moque comme de sa première paire de gants de boxe des critiques et de ceux qui affirment qu'il va ternir son incroyable palmarès (49 victoires en autant de combats, record d'invincibilité de Rocky Marciano égalé) en s'abaissant à participer à ce que les puristes présentent comme une mascarade.

Agaçante arrogance

Ce qui intéresse Mayweather, plus que sa réputation ou sa popularité, très limitée du reste, même aux États-Unis, tant son arrogance agace, c'est l'argent : il veut devenir le premier sportif à avoir amassé plus d'un milliard de dollars.

« Entre la célébrité et l'argent, je choisirai toujours l'argent », a-t-il ainsi affirmé le mois dernier.

Pour ce combat, il a déjà touché 100 millions de dollars, une somme qui pourrait grimper selon les prévisions les plus folles jusqu'à 250 millions après partage des énormes recettes de la télévision à la carte.

« Quand les gens voient ce que j'ai maintenant, ils n'ont aucune idée d'où je viens. Quand j'étais gamin, on dormait à neuf dans une chambre, on n'avait pas l'électricité », rappelait-il en 2015.

Né à Grand Rapids, dans le Michigan, il a vécu dans la pauvreté et a été ballotté entre son père, Floyd Senior, un boxeur d'honnête niveau qui a affronté Sugar Ray Leonard, et sa mère Deborah, alors accro à l'héroïne.

Il passe son temps libre dans la salle de boxe voisine, où s'entraînent son père et deux de ses oncles qui ont détenu des titres mondiaux.

« Little Floyd », véloce et puissant, devient rapidement la terreur des rings, même si sa carrière chez les amateurs se termine par une désillusion : une défaite en demi-finale du tournoi olympique des 57 kg en 1996 à Atlanta.

Sujet d'étude à Harvard?

Deux ans après ses débuts pro, en 1998, il devient champion WBC des super-plume, le premier titre de son impressionnante collection de douze couronnes mondiales, constituée dans cinq catégories de poids différentes.

À son palmarès, il épingle Oscar de la Hoya, Ricky Hatton et en mai 2015, après des années de négociations pour finaliser un « combat du siècle »finalement bien décevant, Manny Pacquiao.

Poule aux oeufs d'or de la télévision à la carte aux États-Unis, « Pretty Boy » (ou « beau gosse ») aurait touché plus de 200 millions de dollars pour son choc contre Pacquiao, portant le total de ses gains à 800 millions!

Mais celui qui se présente comme le meilleur boxeur de l'histoire, a aussi sa part d'ombre.

Ses poings, il ne les a pas utilisés que sur les rings: il a frappé violemment d'anciennes compagnes, dont certaines mères de ses quatre enfants. Il a été condamné à plusieurs reprises pour violences conjugales et a même passé 90 jours en prison en 2012.

Plus récemment, il a demandé au fisc américain à bénéficier d'un délai pour s'acquitter de ses impôts pour 2016, un comble pour celui qui vient d'affirmer que son sens des affaires et ses réussites dans le sport-business lui vaudront de devenir un sujet d'étude à la prestigieuse université d'Harvard...