La carrière de boxeuse de Mandy Bujold ne s'est pas terminée comme elle l'espérait.

Cinq ans après qu'une maladie ait ruiné ses chances aux Jeux olympiques de Rio en 2016, celle qui est 11x championne nationale des poids mouches a rêvé de capturer une médaille à Tokyo, mais elle a été éliminée à son premier combat.

Malgré tout, sa longue bataille avec le Comité international olympique, seulement pour prendre part aux jeux, a pavé le chemin aux athlètes féminines qui voudraient concilier le sport et la maternité.

Bujol est monté sur le ring face à l'adversaire le plus coriace au sport – le Comité international olympique – et elle a gagné. De plusieurs façons, cette victoire était plus grande que toute médaille qu'elle a gagnée au cours de son illustre carrière.

« C'est certainement la victoire qui s'est le plus démarquée des Olympiques. C'est une victoire qui va continuer d'affecter la prochaine génération, ce qui est super », a commenté Bujold.

Le CIO lui avait empêché d'aller à Tokyo puisqu'elle n'avait pas combattu pendant la phase de qualifications, elle qui était à ce moment en congé de maternité.

L'athlète de 34 ans, native de Kitchener en Ontario, a annoncé sa retraite mercredi et a illustré une longue carrière, ponctuée de hauts et de bas.

Bujold s'est inclinée contre Nina Radovanovic, de la Serbie, à son premier combat du tournoi olympique. Pour en ajouter, son entraîneuse Syd Vanderpool n'était pas dans son coin à cause des restrictions sanitaires.

Dans une entrevue après le combat, Bujold avait fait un signe de coeur avec ses mains pour sa fille Kate Olympia.

« Un jour, je pourrai lui partager l'histoire complète, avait affirmé Bujold cet après-midi-là. C'était assurément une victoire pour moi dans cette aventure. Elle n'est pas survenue sur le ring, mais elle est arrivée à l'extérieur. »

La bataille de Bujold pour compétitionner à Tokyo avait fait les manchettes à l'internationale. Les problèmes ont commencé lorsque la COVID-19 a mis à l'eau la saison 2020. Ensuite, les qualifications olympiques à Buenos Aires au début de 2020 ont aussi été annulées en raison de l'augmentation de cas de COVID-19 en Argentine.

Le groupe de travail du CIO chargé de la boxe a décidé de donner les laissez-passer en fonction du classement mondial, mais a choisi trois évènements internationaux pour déterminer ce classement. Bujold avait raté ces évènements à cause de sa grossesse et de sa période post-partum.

Bujold, qui ne pouvait pas prévoir l'interruption en raison de la pandémie, avait pris soin de choisir son moment pour être enceinte pour être de retour au sommet de sa forme pour les JO de Tokyo. Elle a donné naissance à sa fille le 5 novembre 2018.

Bujold et son avocate, Sylvie Rodrigue, ont mentionné dans leur argumentaire d'une violation des droits humains que les points au classement au tennis étaient protégés lors d'une grossesse.

Dans une décision de 41 pages, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a déterminé que « le système de qualification s'appliquait à tout le monde, sans tenir compte du sexe, mais qu'en pratique, cela met des personnes dans un groupe particulier (les femmes enceintes) désavantagé comparativement aux autres. C'est de la discrimination indirecte».

Le panel a aussi mentionné que l'échec pour accommoder les athlètes qui récupèrent d'une grossesse était une violation de la mission du CIO de soutenir les athlètes féminines et imposer l'égalité dans le sport.

« Le manque de considération pour les femmes enceintes et en période postpartum risque d'engendrer des stéréotypes négatifs au sujet des femmes dans le sport : les femmes de devraient pas être enceintes si elles ont des aspirations olympiques », disait la décision.

Bujold a des sentiments partagés à propos de son parcours à Tokyo.

« Mon but était de gagner une médaille olympique, parce que je savais que j'y étais presque arrivée à Rio. Je savais que je pouvais le faire. »

« Mais on dirait qu'il y avait constamment des obstacles dans mon chemin pour être capable de montrer tout ce que j'étais capable de faire.

Maintenant, Bujold prévoit devenir entraîneuse dans le futur.