MONTREAL (PC) - Le boxeur Dave Hilton est passé maintes fois de la désinvolture à l'abattement, jeudi, au moment où, menotté, dans le box des accusés, il écoutait les recommandations faites à la juge Rolande Matte pour la détermination de sa sentence pour agressions sexuelles sur deux mineures, agressions qui ont duré pendant plus de trois ans.

Son avocat, Paul Skolnik a suggéré trois ans de prison tandis que la procureure de la Couronne a réclamé une peine totalisant sept ans d'emprisonnement, soit quatre ans et demi pour les agressions sur l'ainée et deux ans et demi pour celles sur la cadette, celles-ci s'étant étalées sur une plus courte période.

Désireux de saluer son père, sa mère et son frère Jimmy qui se trouvaient au premier rang dans la salle d'audience, une vitre givrée les séparant, Dave Hilton s'est levé de son siège et a esquissé un signe de la tête, sans plus.

D'entrée, la juge de la Cour du Québec a invité l'avocat d'Hilton à lui signaler les facteurs militant en faveur de son client qui est passible d'une peine maximale de 14 ans.

"Il n'a pas transmis de maladies vénériennes, n'a pas exercé de violence physique, aucun enfant n'est né. Il n'y a eu aucune grossesse, aucun avortement, aucune hospitalisation, aucune tentative de suicide, aucune menace, aucune arme n'a été utilisée.

"Il n'y a plus de contact. Elles ne vivent plus ici", a fait valoir Me Skolnik.

Au moment où la procureure de la Couronne, Hélène Di Salvo, a commencé à évoquer les impacts négatifs sur la vie des deux jeunes filles (difficulté de faire confiance, de s'abandonner, d'établir des relations intimes) pouvant résulter des agressions sexuelles subies, Me Skolnik s'y est opposé. Il a fait valoir que ces éléments n'avaient pas été abordés en cours de procès.

"J'ai écouté les témoignages jour après jour et je crois que ce sont des conclusions évidentes", a répliqué la juge.

"Elles étaient manifestement dévastées par ce qui s'était passé", a-t-elle ajouté.

Dave Hilton a baissé la tête, appuyant ses coudes sur ses genoux quelques instants pour se redresser par la suite, se mordillant les lèvres.

Le boxeur est demeuré menotté tout au long du débat. Il était vêtu de la même façon que le jour du verdict de culpabilité rendu contre lui, le 19 mars pour avoir embrassé, touché, exigé de séances de fellation et de masturbation, et des relations sexuelles complètes avec ses deux victimes, de 1995 à 1998.

Pour sa part, Me Di Salvo a puisé dans une quinzaine de jugements rendus dans des cas semblables à celui d'Hilton pour citer les propos des juges voulant que les agressions sexuelles sur des enfants, des mineures, constituaient un fait aggravant parce que les victimes sont dans un état de grande vulnérabilité.

"Lorsque les victimes connaissent leur agresseur, qu'il y a abus d'autorité, de pouvoir de la part de voisins, de la parenté, de gens connus, l'abus de confiance devient un fait particulièrement aggravant parce que les victimes ont de la difficulté à refuser, ne sont pas capables de le faire", a déclaré Me Di Salvo à la sortie de la salle d'audience.

Me Di Salvo a expliqué avoir demandé sept ans de prison plutôt que de s'en tenir à la moyenne de trois à cinq ans parce qu'il y avait deux victimes dans ce cas-ci.

"Lorsqu'il y a deux victimes, il faut que les sentences soient additionnées pour que le message soit clair et que l'individu qui a abusé de deux enfants ne se retrouve pas avec la même peine que celui qui a abusé d'un enfant.

En outre, Me Di Salvo a souligné que Dave Hilton n'a montré aucun signe qu'il regrettait les gestes posés, ce qui aurait été un pas vers la réhabilitation.

"Lorsqu'on ne sent aucun remords, les risques de récidive restent présents et c'est un facteur aggravant".

Au sujet des gestes similaires commis par Hilton en Ontario et aux Etats-Unis, il est possible que Hilton ait à y répondre, a déclaré Me Di Salvo, interrogée à ce sujet, à l'extérieur de la cour.

A ce propos, Me Skolnik avait dit à la juge Matte que, mis à part les gestes en Ontario et aux Etats-Unis, les agressions sexuelles de son client n'ont pas été si nombreuses que le laisse entendre la procureure de la Couronne.

"Je ne dis pas que ça n'est pas arrivé", a-t-il ajouté, lui qui a porté en appel le verdict de culpabilité rendu à l'égard de son client le 30 mars.

Pour sa part, Dave Hilton a repris le chemin de la prison de Rivières-des-Prairies et reviendra devant la juge Matte le 9 mai pour connaître sa sentence.