J’ignore si c’est la séance de vaudou de sa mère dans le vestiaire de son fils quelques minutes avant de monter sur le ring, mais Manny Pacquiao a semblé revigoré et n’a fait qu’une bouchée de son rival Timothy Bradley, qu’il s’est même payé le luxe d’envoyer au tapis en deux occasions. C’était la première fois en 36 rounds de boxe entre les deux hommes que Bradley se retrouvait au tapis. La trilogie prend donc fin avec une fiche de deux victoires à un en faveur du Philippin. Mais rien qui ressemble à cette fameuse trilogie entre Arturo Gatti et Mickey Ward.

Pourtant, c’est maintenant presque certain que pour « Pacman », c’était le chant du cygne. C’est du moins ce qu’il a laissé entendre à Max Kellerman après sa victoire.

Et pourtant, il y a un doute?

« Je vais en parler avec ma femme, ma famille et ensuite on verra, mais j’ai bien l’impression que c’est la fin », a déclaré le vainqueur.

Bonne chance!

Kellerman lui a souhaité bonne chance, comme s’il venait de lui avouer que c’était bel et bien fini. Et à la fin de la soirée, même le commentateur Jim Lampley a été étreint par l’émotion, et c’est les larmes aux yeux qu’il a dit adieu au boxeur philippin.

Il faut aussi tenir compte du fait que « Pacman » est rendu à 37 ans. Ce n’est plus tellement jeune pour un boxeur. Et pourtant, il a paru en excellente forme. Sa vitesse d’exécution n’a pas paru ralentie. Ses combinaisons ressemblaient à celles de ses belles années, en attaque et en contre-attaque.

Son épaule droite, opérée après sa cuisante défaite contre Floyd Mayweather, a tenu le coup et ne l’a pas dérangé.

Or, pourquoi vouloir mettre un terme à cette brillante carrière qui lui a permis d’amasser une fortune qui est évaluée à plus de 500 M$ selon la revue Forbes?

Depuis déjà quelques années, son épouse Jinkee le supplie d’accrocher ses gants. Même chose pour sa mère et ses enfants.

Son médecin lui a aussi recommandé de mettre un terme à sa carrière car il présentait à long terme tous les symptômes de la maladie de Parkinson.

C’est aussi parce qu’il veut devenir sénateur dans son pays. Et enfin, c’est parce qu’il a 37 ans et qu'il boxe depuis maintenant 21 ans. C’est une longue carrière qui peut laisser des séquelles.

Trois fois K.-O.

Impliqué dans 66 combats en carrière, il n’a perdu que six fois, dont trois fois par K.-O., le plus percutant, celui de décembre 2012 aux mains de Juan Manuel Marquez, exactement au même endroit où il a livré son dernier combat.

Malgré tout, son entraîneur Freddie Roach aimerait le voir livrer deux autres batailles avant de finalement titrer sa révérence.  Une première contre le Mexicain Canelo Alvarez et la dernière, une revanche contre Floyd Mayweather.

Quant à Timothy Bradley, il semble bien qu’il va continuer à boxer. Oh, je doute qu’il puisse toucher des bourses comme celle de samedi, autour de cinq millions de dollars, mais il a encore une certaine valeur marchande.

Une chose est certaine : ce n’est pas la faute de son entraîneur Teddy Atlas, qui a tout fait pour le stimuler avant et pendant le combat. Bradley a dû le rassurer en sachant fort bien qu’il avait été battu par un meilleur homme que lui et Atlas n’avait rien à voir dans sa défaite. 

Il ne s'en souvenait pas

Bradley ne se souvenait même pas des deux chutes au tapis qu’il a subies au cours de la rencontre. Il a fallu que Max Kellerman lui fasse visionner la bande vidéo de ses chutes.

« Ah, je vois, a-t-il déclaré. La première était une glissade, mais la seconde, il m’a atteint d’aplomb. Il est très rapide, très explosif. »

Malgré tout, un doute persiste aussi chez Bradley. Il a 32 ans et il n’a pas le style pour attirer les téléspectateurs à vouloir le suivre à la télé payante. C’est un bon boxeur, un travailleur infatigable. Mais sa force de frappe est pratiquement nulle. Seulement 13 K.-O. sur 33 victoires... c’est loin du record de Gennady Golovkin.

« J’aime me battre, a poursuivi Bradley. Je vais m’entretenir avec mon épouse, ma famille, mes amis, et ensuite on verra. Mais je pense bien vouloir continuer. »

Au cours de ses 21 années dans le monde de la boxe, Manny Pacquiao est passé de 106 livres à 146 livres, soit une augmentation de poids de 40 livres. Il est le premier boxeur à avoir gagné le championnat mondial dans huit catégories de poids différentes.

Ses exploits lui ont permis d’être choisi le meilleur boxeur de la décennie par l’Association des chroniqueurs de boxe d’Amérique, La WBC, la WBO et trois fois, la prestigieuse revue Ring Magazine lui a décerné le titre du boxeur de l’année, en 2006, 2008 et 2009.

Quant au site de boxe BoxRec, on lui a collé le titre du meilleur boxeur asiatique de tous les temps.

Est-ce ainsi que l’on ferme la page sur l’illustre carrière de Manny Pacquiao?  C’est possible, mais j’ai toujours un doute. Deux autres combats, comme le voudrait Freddie Roach, lui rapporteraient plus de 100 M$, et l’homme s’est toujours faible devant l’appât du gain, qu’il soit pauvre comme riche.

Si tel est le cas, et c’est vraiment lA fin, il ne reste plus qu’à dire adieu à « Pacman » et de lui souhaiter bonne chance dans le monde de la politique. Pourtant, je demeure convaincu qu’il mérite mieux que cela. 

Lui, c'est la fin

Si un doute persiste sur le retour sur le ring de Manny Pacquiao et Timothy Bradley, il ne devrait pas y en avoir sur le sort d’Arthur Abraham.

Ce dernier a été lamentable face au jeune espoir Gilberto Ramirez, qui lui a ravi sa couronne mondial WBO des super-moyens, devenant ainsi le premier boxeur d’origine mexicaine à remporter le titre mondial dans cette catégorie de poids.

Après une absence de cinq ans en sol américain, Abraham a subi le même sort que lors de son dernier passage en Californie, alors qu’il avait dû s’avouer vaincu par décision face à Andre Ward.

Reconnu plus jeune comme un bon cogneur, Abraham n’est plus l’ombre de lui-même. Samedi soir au MGM Arena, il s’est contenté d’un style « peek-a-boo » que son rival de 24 ans a facilement déjoué.

Maintenant âgé de 36 ans, Abraham a paru lent, incapable d’entrer dans la défensive de son rival beaucoup plus grand que lui d’au moins cinq pouces.  À moins de combattre en Allemagne, ou bien encore ailleurs en Europe, Abraham est maintenant rendu au bout du rouleau et devrait songer à faire autre chose que de boxer.

Un autre médaillé d'or

Le règne de Charles Martin comme champion IBF des lourds n’aura duré que trois mois à peine. À plus de 6 000 km de Las Vegas, à Londres, le médaillé d’or chez les super-lourds lors des Jeux olympiques de Londres en 2012 Anthony Joshua a ravi facilement la couronne mondiale de Martin en deux rounds.

À son 17e combat professionnel, Joshua coiffe donc la tiare des lourds et on parle même d’un affrontement possible en juillet prochain au stade Wembley, le même stade qui a accueilli plus de 80 000 spectateurs pour le match où Carl Froch a vaincu George Grove par K.-O. Pour le moment, le nom de son rival reste inconnu

Fait à souligner, Joshua, à 6 pieds 5 pouces est le plus petit des trois champions mondiaux des lourds. L’Américain Deontay Wilder fait 6 pieds 7 pouces, tandis que le double monarque WBO et WBA, Tyson Fury, trône à 6 pieds 9 pouces. Un vrai monde de géants!

En terminant, je voudrais vous informer que Manny Pacquiao et Timothy Bradley devaient déjeuner ensemble au Mandelay Bay Hotel de Las Vegas, dimanche matin. Et on dit bien souvent que les boxeurs n’ont pas de classe... Pour prendre le déjeuner au Mandelay Bay, il faut pratiquement être riche.

Qui a dit que les boxeurs se détestaient avant, pendant et après le combat?

Bonne boxe!