MONTRÉAL - Fort d'une convaincante victoire sur Lanardo Tyner au mois de décembre dernier, Kevin Bizier avait terminé 2011 en beauté en mettant la main sur un premier titre nord-américain. C'est pourquoi 2012 s'annonçait donc comme l'année de toutes les possibilités.

Mais lorsque Bizier montera sur le ring du Centre Bell pour y affronter Doel Carrasquillo vendredi soir, il ne s'agira que de son deuxième combat de l'année. Pourtant, le boxeur originaire de la région de Québec n'a pas été blessé ou n'a pas connu quelconque problème personnel à l'extérieur de l'arène.

Dans les faits, Bizier a surtout été une victime des péripéties de la carrière de Jean Pascal. Il s'est ainsi retrouvé sur la voie de service en attendant le retour à la compétition de la tête d'affiche du Groupe Yvon Michel (GYM).

Chaque fois qu'un gala d'envergure était organisé, Bizier devait être de la partie. Mais chaque fois, ce gala était ensuite annulé en raison d'une blessure subie par Pascal. Et le sympathique cogneur le reconnaît sans détour, il n'en pouvait plus de se faire poser des lapins.

« Ç'a été pénible. Ça m'a tué. Je n'aimais plus la boxe comme je le voulais », a avoué Bizier au RDS.ca, mardi midi, après un entraînement tenu dans les locaux de GYM à Montréal. « J'aime m'entraîner, mais ne pas boxer, c'est plate. Je ne m'entraîne pas pour rien. C'est pour boxer. »

« J'étais découragé. Je m'entraînais intensivement et j'apprenais à deux semaines d'avis qu'il n'y avait plus de combat. Je faisais des sacrifices. Je ne sortais pas, je ne faisais plus rien. Je revenais chez nous et ma blonde ne savait pas quoi me dire. Ensuite, c'est la famille... »

Au fil des mois et des déceptions, la pression est devenue à un certain moment insoutenable. À la recherche de repères, Bizier a même songé un instant rentrer dans ses terres pour retrouver son entraîneur de père. À l'époque, des rumeurs de rapprochements avec la compagnie de promotion rivale InterBox avaient même commencé à circuler.

« Ça m'a passé par la tête un petit peu, mais je n'ai jamais été formellement approché », a précisé Bizier. « Je m'entraînais pour faire un job et je n'étais pas payé. Je voyais que tout ça n'allait nulle part et j'ai commencé à capoter. Je me demandais vraiment si on allait me faire boxer un jour. »

Mais avant d'atteindre un point de non-retour, Bizier a pris le taureau par les cornes et a exigé un combat. Peu importe les conditions. Peu importe l'endroit. Le promoteur Yvon Michel a exaucé son souhait et Bizier s'est finalement battu en octobre contre l'inexpérimenté Patryk Litkiewicz, qu'il a pulvérisé en seulement 1:53 à l'aide d'un crochet de la main gauche au corps.

« C'est un adversaire qui n'était pas de calibre, mais j'avais tellement envie de revoir le ring », a justifié Bizier. « Cette 18e victoire n'en est pas vraiment une, sauf que c'était important pour moi de retrouver ma routine avec ce qui s'en vient. »

Ironiquement, Bizier sera une fois de plus à la merci de Pascal s'il veut que les promesses se concrétisent. Si jamais Pascal échappait par le plus grand des hasards son combat de retour contre Aleksy Kuziemsky, l'attente pourrait encore être très longue.

« Ç'a été une année très difficile pour la compagnie. La locomotive (Pascal) étant blessée, les autres boxeurs n'ont pas été capables de se faire valoir comme nous l'aurions souhaité », a constaté le vice-président opérations et recrutement de GYM, Bernard Barré. « Mais nous sommes bien placés sur l'échiquier pour gagner la partie. C'est à nous d'être assez intelligents pour tracer le bon chemin à nos boxeurs. »

Ultimement, Bizier ne cherche pas à se faire indiquer la route qui mène au succès, il ne veut que la chance de l'emprunter.