Jean Pascal a prouvé une fois de plus pourquoi il est un redoutable guerrier. L’homme qui est devenu champion en 2009 après avoir subi une défaite honorable en Angleterre; celui qui s’est battu malgré une épaule disloquée; celui qui a lancé des défis à Bernard Hopkins et Sergey Kovalev; qui a toujours revendiqué, sans l’obtenir, son combat contre Adonis Stevenson; qui a dominé Lucian Bute et qui offert une bonne résistance à Eleider Alvarez; bref l’homme de tous les défis continue d’écrire sa légende.

 

Un peu plus de huit mois après une performance sans saveur contre Dmitry Bivol, où il était devenu une parodie de ce qu’il avait été comme showman (ses coups de pince-à-cils, nés du pathétique combat contre Steve Bossé), Jean Pascal rehausse sa crédibilité sur la scène mondiale. Il se classe désormais derrière les Gvozdyk, Beterbiev, Bivol, Kovalev et Alvarez dans la division des mi-lourds.

Pascal devient champion intérimaire

 

Cette victoire le qualifie pour un autre tour de piste. Mais contre qui? Pascal a déjà perdu contre Kovalev, Bivol et Alvarez. Quant  à Beterbiev et Gvozdyk, ils s’affronteront à l’automne dans un combat d’unification. Browne pourrait aussi réclamer un combat revanche, ce qui serait légitime et fort apprécié auprès des amateurs.

 

Une stratégie bien exécutée

 

La carrière de Jean Pascal n’a pas été de tout repos, tant sur le ring qu’en dehors du ring. Souvent il a parlé de lui comme étant un « nouveau Jean Pascal » plus mature, et plus assidu au travail. Il faut croire que cette maturité est arrivée à la mi-trentaine. Mieux vaut tard que jamais!

 

Après le combat, dans les coulisses du Barclays Centre, Stephan Larouche, accompagné de Pierre Bouchard, mentionnait à quel point Pascal présentait désormais une hygiène de vie digne d’un champion. Un boxeur qui, malgré la défaite contre Bivol, est revenu au gymnase très rapidement.

 

Ce duel contre Marcus Browne avait aussi été soigneusement préparé, et depuis longtemps. Pascal et Browne s’étaient entendus en février, ils devaient s’affronter en mai, puis en juillet et finalement en août. Rapidement, Troy Ross s’est joint à l’équipe de Jean Pascal, comme il l’avait fait en 2010 avant le difficile combat contre Chad Dawson.

 

« Jean a fait exactement ce qu’il fallait faire, explique Ross, ancien boxeur gaucher et olympien. Il a mis de la pression quand il le fallait. On savait aussi qu’il prendrait des moments de repos, mais qu’il saurait répliquer aux bons moments comme il l’a fait, d’abord au corps puis à la tête. »

La beauté de cette victoire à mon avis, réside dans le fait qu’il s’agit d’un triomphe de l’exécution sur la puissance. Celle de Marcus Browne était sans contredit supérieure à celle de Pascal, dont le ratio de K.-O. est plutôt faible. Sauf qu’il a pu synchroniser parfaitement ses ripostes pour nuire à Browne qui avait déjà montré certains signes de vulnérabilité par le passé, malgré sa fiche qui était immaculée.