Dans l’océan Indien, on les appelle des cyclones.  Dans le Pacifique, des typhons. Dansl’Atlantique, des ouragans. Vendredi soir, sur le Lac-Leamy, il y eut un gros coup de vent. Un vrai de vrai. Un coup de vent qui n’a même pas duré dix minutes. Mais sa destruction a été complète. 

À venir jusqu’à vendredi soir aux alentours de 22 h 00, je me demandais toujours qui avait été le meilleur boxeur québécois au cours de l’année 2016. J’avais une bonne idée du gagnant, mais il me fallait attendre l’affrontement entre Artur Beterbiev et Isidro Ranoni Prieto.

Vous ne serez pas surpris que j’aie donné mon vote à Beterbiev qui a été tout simplement sensationnel devant un rival dont la force de frappe n’était pas à dédaigner.

Le Daghestanais a réussi ce que personne d’autre avant lui n’était parvenu à faire. C’est-à-dire passer le K.-O.  à l’Argentin. Et quel K.-O.!

Le combat n’était vieux que de quelques secondes que déjà Prieto était étendu sur le tapis. Et après seulement 2:44 minutes, il était dans les pommes.

Malgré tout, Beterbiev n’a pas enregistré le K.-O. le plus rapide de sa carrière. Le 22 août 2014, il était parvenu à assommer Alvaro Enriquez en 2:38 minutes du premier round au Mont-Saint-Hilaire, dans un combat de six assauts.

Bonne décision de l’arbitre

L’arbitre Michael Griffin a vite compris que le combat était inégal et a mis fin au carnage. Quant à Prieto, il  a rapidement constaté que Beterbiev n’était pas Eleider Alvarez, contre qui il était parvenu à faire douze rounds et à bien paraître par moment.

Mon boxeur de l’année a livré deux combats au cours de 2016.  Il les a gagnés tous les deux. Il présente maintenant une fiche de 11 victoires, toutes remportées par K.-O.. C’est une fiche impressionnante.

En juin, il a battu Ezequiel Osvaldo Maderna par T.K.-O./4 tout en l’envoyant quatre fois au tapis.  Puis vendredi, il a éclipsé Ranoni Prieto grâce à deux chutes.

12 minutes seulement

Au cours de 2016, Beterbiev n’aura boxé que pendant 12 minutes en deux combats tout en ne livrant que cinq rounds de boxe.

Si je prends pour acquis qu’il a dû empocher aux environs de 500 000 $ (ces chiffres ne sont pas officiels) pour ses deux combats en 2016, on peut dire qu’il a touché environ 50 000 $ par minute de travail. Pas mal pour un néo-québécois.

À la suite de ce triomphe, Beterbiev demeure toujours champion NABA des mi-lourds et votre choix de son prochain adversaire est aussi bon que le mien. Il faut savoir que les rivaux ne se bousculent pas aux portes pour lui faire face.

Si je me fie aux déclarations d’Yvon Michel, « on pourrait l’envoyer contre Sergey Kovalev, Andre Ward, bref tous les meilleurs et je suis convaincu qu’Artur sortirait victorieux », soutient-il.

Quant à Beterbiev, il était très volubile après sa victoire. C’est comme s’il avait voulu parler avec tous ses admirateurs, lui qui est un homme plutôt gêné et réservé.  « Je veux être champion avant la fin de l’année 2017 », a-t-il déclaré publiquement au grand plaisir de la foule.

Il se dégêne

Chaque fois qu’on tentait de lui retirer le micro, il avait quelque chose à dire par l’entremise de son traducteur. Il s’est même payé le luxe de dire en français : « Je suis fier d’être Québécois… ». Une phrase qui ne manque jamais de soulever la foule.

Beterbiev n'avait pas envi de perdre son temps vendredi soir!

Maintenant, que réserve l’avenir pour Beterbiev.  Qui sera l’agneau sacrifié de son prochain combat? Le gagnant de l’affrontement entre Eleider Alvarez et Lucian Bute? Il pourrait les assommer tous les deux le même soir.Le vainqueur du combat revanche (si jamais il a lieu) entre Andre Ward et Sergey Kovalev? 

Plusieurs prétendent que Ward, advenant une autre victoire sur Kovalev, abandonnerait son titre plutôt que d’affronter Beterbiev. Ward est un boxeur qui aime travailler à l’intérieur. Forcer ses rivaux à dépenser énormément d’énergie et lui-même de placer ses coups. Cette tactique ne fonctionnerait pas avec Beterbiev. Il est trop fort et trop plein d’endurance pour cela.

La nouvelle coqueluche

Reste la nouvelle coqueluche qui est prête à affronter qui que ce soit : Joe Smith Jr.. Il ne ferait pas trois rounds avec notre néo-Québécois. D’après moi, même Adonis Stevenson ne ferait pas le poids contre Beterbiev.  Adonis est un super cogneur. Il peut abattre un homme d’un seul coup de poing. Beterbiev aussi. La différence, c’est l’âge. Superman frise la quarantaine, or il faut s’attendre à un ralentissement de sa part. Quant à Beterbiev, il n’a que 31 ans. Il a donc encore de très belles années devant lui.

Qui osera le défier ?

L’idéal serait que Sergey Kovalev batte Andre Ward lors du combat revanche entre les deux et qu’un match entre lui et Artur Beterbiev soit organisé. On se souviendra que Beterbiev a vaincu Kovalev deux fois chez les amateurs. Toutefois, Kovalev est beaucoup plus expérimenté que notre champion NABA. Mais avant tout, il faudrait mettre un terme à cette mésentente qui existe entre Yvon Michel et Kathy Duva si jamais on veut aboutir à un affrontement entre les deux Russes.

Malgré tout Beterbiev est un puissant frappeur, encore plus puissant que Kovalev. C’est vrai, Kovalev a remporté plusieurs victoires par K.-O., mais combien de fois a-t-il terrassé un rival d’un seul coup de poing?  Certainement pas aussi souvent que Beterbiev.

J’écoutais Adonis Stevenson se vanter qu’il avait une force de frappe comparable à celle de Mike Tyson. Il a raison. C’est vrai…  d’accord, mais Beterbiev possède aussi cette force de frappe.

Je félicite Artur Beterbiev pour sa soirée de travail, même si elle n’a pas duré cinq minutes et j’en profite pour lui souhaiter à lui et sa famille un Joyeux Noël et une super bonne année.

Joyeux Noël à tous…

Bonne boxe