On parlait du combat entre l'ancien champion mondial Tavoris Cloud et l'inexpérimenté Artur Beterbiev comme d'un pari audacieux de la part du Groupe Yvon Michel. On sait que ce pari a été remporté haut la main par le clan Beterbiev et on commence à en mesurer les impacts.

Cette victoire éclatante, survenue après quatre visites de Cloud au tapis lors des quatre premières minutes du combat a été relayée partout dans le monde. Dans les heures qui ont suivi la spectaculaire victoire d'Artur Beterbiev aux dépens de Tavoris Cloud, des miliers de boxeurs et de gérants ont réalisé le tour de force accompli par le boxeur, son entraîneur Marc Ramsay, sa gérante Anna Reva, et son promoteur Yvon Michel. Ils ont compris qu'à Montréal, ville de boxe, tout est possible!

La nouvelle solidarité entre les promoteurs (ils étaient quatre pour ce gala : GYM, Interbox, Eye of the Tiger Management et les frères Grant), la solidité de leur relations avec leurs partenaires de longue date, et surtout les revenus engendrés par les recettes de combats d'Adonis Stevenson et de Bute-Pascal ont permis de mettre sur pied le gala de samedi dernier. Comme l'a mentionné Yvon Michel, le gala a probablement été déficitaire (aucun réseau américain n'a télédiffusé l'événement et il y avait à peine 3000 spectateurs) et Cloud a touché une bonne bourse (toujours selon M. Michel).

J'imagine que le téléphone va sonner encore plus souvent chez GYM. Des boxeurs et des gérants espéreront vouloir répéter ici le success story de Beterbiev. Et la boxe québécoise ne pourra que mieux s'en porter.

En se joignant à GYM et Marc Ramsay, Beterbiev a eu du succès jusqu'à présent, mais il n'y a pas que du positif. GYM-Ramsay se retrouve maintenant avec un sérieux problème avec ses boxeurs mi-lourds. Déjà, Yvon Michel a expliqué que Beterbiev ne boxera pas contre Stevenson (dont il est le promoteur) ni contre Jean Pascal (dont Ramsay est l'entraîneur). On peut aussi comprendre qu'il n'affrontera pas Eleider Alvarez (même promoteur et entraîneur) et Lucian Bute (poulain de son associé Interbox).

Et contrairement à son habitude, où Yvon Michel parle toujours de titre de champion du monde après une victoire d'un de ses protégés, cette fois il a été réaliste quant aux chances de Beterbiev d'obtenir un titre à court terme. « Ce sera difficile. Ça va se faire quand un réseau de télé va vouloir investir. » Heureusement pour Beterbiev, GYM n'est pas plus lié à HBO qu'à Showtime.

Plusieurs salivent déjà à l'idée d'un affrontement entre Beterbiev et Sergey Kovalev. Ce dernier doit affronter Bernard Hopkins dans un combat d'unification le 8 novembre. Beterbiev a vaincu Kovalev chez les amateurs. Est-ce qu'il voudra se mesurer à Beterbiev? Est-ce que son promoteur, Katy Duva, qui a abandonné sa poursuite contre GYM, voudra de nouveau faire affaires avec Yvon Michel?

Une soirée mémorable!

Le gala confidentiel de samedi au Centre Bell a probablement été l'un des meilleurs galas de boxe auquel j'ai pu assister. Tout ça, même si aucun ancien ou actuel champion du monde (Stevenson, Pascal, Stiverne, Bute) n'était en vedette. C'était le combat du passé, du présent et du futur!

Le combat de Stéphane Ouellet nous a tenu sur le bout de notre siège. Son adversaire Cedric Spera a été le bon choix. Imaginez Ouellet contre un boxeur plus aguerri! Il fallait voir la réaction de son ami Stéphan Larouche, inquiet en bordure du ring quand Ouellet a été envoyé au tapis au 4e round. Et Lucian Bute qui s'est caché les yeux en se couchant sur la chaise vide à ses côtés. Le boxeur de Jonquière a pris sa retraite, merci pour toutes ces belles années.

Que dire des batailles livrées par Dierry Jean et Antonin Décarie, qui s'en sont tirés avec des victoires par K.-O., tout comme Kevin Bizier.

Steven Butler disputait son premier combat au Centre Bell. Le jeune homme de 19 ans s'est arrangé pour qu'on se souvienne de lui. Arrivé avec un chandail de Sidney Crosby, clin d'oeil aux comparaisons qui ont été faites à son égard, il a corrigé Bernard Follea avec autorité et attitude.

L'autre protégé de l'entraîneur Rénald Boisvert, Yves Ulysse fils, a eu besoin de la vision des juges pour obtenir la victoire. Son adversaire Krystian Huczko a passé son temps à fuir. Monsieur Boivert estime que ce type d'adversaire aurait dû arriver plus tard dans la carrière de Junior, qui s'est bien tiré d'affaires dans les circonstances.

Les adversaires choisis pour les combats de sous-carte n'avaient rien de « jambons ». Y compris le coriace français Baptiste Castegnaro, qui a forcé Erik Bazinyan, entraîné par Howard et Otis Grant, à bûcher pendant six rounds pour obtenir une décision unanime.