MONTRÉAL - Dix ans après s’être retiré dans la honte, Stéphane Ouellet peut définitivement accrocher ses gants avec le sentiment du devoir accompli, malgré la défaite.

De retour dans le ring du Centre Bell pour la première fois depuis sa défaite devant Joachim Alcine en décembre 2004, « Le Poète » a offert une opposition honorable devant le Belge Cedric Spera avant de s’avouer vaincu par décision unanime des juges, samedi soir.

Les trois juges ont remis des cartes de 39-36 en faveur de Spera (11-2), mais le résultat importait vraiment peu aux partisans de Ouellet (29-6), qui a terminé le combat sur ses deux jambes plutôt qu’étendu au sol comme la dernière fois.

« Je ne pensais jamais revivre ça », a déclaré un Ouellet particulièrement ému aux journalistes. « Il fallait que je l’essaie. À mes yeux, c’est une victoire. »

« J’étais content, mais inquiet et nerveux également », a ajouté le promoteur Yvon Michel. « Je ne voulais pas que Stéphane se fasse mal. Je suis content de voir qu’il a pu boucler la boucle. »

Marchant vers l’arène au son de « Tower of Song » de Leonard Cohen, l’athlète de Jonquière a été accueilli par une foule respectueuse envers celui qui a marqué la scène de la boxe professionnelle québécoise pendant les années 1990.

« Je repars la tête plus haute que jamais »

« J’avais vraiment peur avant de commencer le combat, mais je suis très content de mon job ce soir », a avoué Ouellet. « Ç’a été un étrange mélange d’amour et d’agressivité. C’est extraordinaire, je ne vois que du positif. »

Ouellet leur a rendu particulièrement bien en laissant aller son jab et en parvenant même à ébranler Spera à l’aide d’un crochet de gauche à la tête à la fin du premier round. Le Belge a cependant nivelé les chances dès le round suivant en ayant le meilleur lors d’un échange de coups entre les deux boxeurs.

Le Québécois s’est ressaisi au troisième assaut, mais son visage a commencé à montrer de sérieux signes de fatigue à ce moment. Avant le début de la dernière reprise, Ouellet a reçu une chaude ovation des amateurs, qui ont alors senti que leur préféré avait besoin d’aide. Il a encore une fois essayé de donner tout ce qu’il avait, sauf que Spera est parvenu à l’envoyer au plancher.

Transporté par l’énergie de ses bruyants partisans, Ouellet s’est relevé pour prouver qu’il serait en mesure de terminer le combat comme il l’avait souhaité, en vainqueur à sa façon.

« Je n’ai jamais pensé abandonner », a conclu Ouellet. « Les gens qui paient pour voir un spectacle ne veulent pas voir des boxeurs qui s’économisent! »

Décarie réussit un coup d’éclat

Effectuant une première présence au Centre Bell en près d’un an jour pour jour, Antonin Décarie a dû s’ajuster pour venir à bout du coriace Mexicain Ivan Pereya.Antonin Décarie

Étant dominé au chapitre de la vitesse pendant les deux premiers rounds, le Lavallois s’est collé à son adversaire avant de l’achever avec un crochet de gauche au corps à 2:08 du 5e round.

Décarie (31-2, 10 K.-O.) a remporté un quatrième combat de suite, après s’être incliné devant l’Argentin Luis Carlos Abregu en Argentine en avril 2013. Il espérait battre Pereyra (19-4) de manière expéditive pour prouver qu’il est en mesure d’obtenir une autre chance contre l’élite de la division des mi-moyens.

Malgré un début de camp d’entraînement difficile en raison d’une blessure à l’aine, Décarie a encore prouvé que sa condition physique irréprochable lui a permis de tirer les marrons du feu, alors qu’il se retrouvait en difficulté.

Bizier fait plier un Hongrois en deux

Après avoir vu une occasion de se battre contre le Sud-Africain Chris van Heerden sur les ondes de ESPN aux États-Unis lui glisser entre les doigts en raison d’une dispute au sujet des droits télévisuels, Kevin Bizier a fait payer le Hongrois Laszlo Fazekas en l’emportant par knock-out technique à 2:31 du 1er round.

Bizier (23-1, 16 K.-O.) a passé les premières secondes à étudier son adversaire, ce dernier ne semblant pas avoir le goût d’échanger plus qu’il ne le fallait. Le boxeur de Québec a éventuellement lancé un retentissant crochet de gauche au foie de Fazekas (22-16-1), qui n’en demandait pas temps pour crouler de douleur au sol et obliger l’arbitre à mettre fin à ses souffrances.

Kevin Bizier

Bizier a remporté un deuxième combat de suite depuis qu’il s’est incliné devant Jo Jo Dan dans un duel éliminatoire pour la position de deuxième aspirant au titre des mi-moyens de la IBF en novembre dernier à Québec. Il devrait d’ailleurs être la tête d’affiche d’un gala présenté dans la Veille Capitale à sa prochaine sortie.

Le Montréalais Steven Butler (5-0, 4 K.-O.) a signé la première victoire avant la limite de la soirée en l’emportant par arrêt de l’arbitre sur le Français Bernard Follea (5-3-1) à 2:44 du 2e round. Butler a envoyé son adversaire au plancher à l’aide d’une combinaison droite-gauche à la fin du 1er round avant de terminer le travail au 2e après avoir lancé une série de coups sans réplique.

Le Montréalais Yves Ulysse fils (4-0) a enregistré une quatrième victoire en autant de combats en dominant le Polonais Krystian Huczko (2-1) par décision unanime. Ulysse a été donné gagnant 60-52, 60-54 et 60-54 par les juges, après avoir transformé un duel qui s’annonçait technique en bataille de ruelle au grand plaisir de ses partisans évidemment conquis d’avance.

En ouverture, le Lavallois Erik Bazinyan (6-0) a battu le Français Baptiste Castegnaro (5-3) par décision unanime des juges, qui ont remis des cartes de 60-53, 60-54 et 60-54 en faveur du protégé des frères Howard et Otis Grant. Il est ainsi resté invaincu en six combats en carrière. 

Un message fort et clair
Jean, Décarie, Bizier, Ulysse et Butler l'emportent