MONTRÉAL – Patrick Kearney l'a admis : il y a eu une période où il a ressenti un certain découragement à force d'attendre le feu vert des autorités de la Santé publique pour déconfiner les sports de combat au Québec. Mardi après-midi, le président de Judo Québec, à l'instar de ses homologues et des athlètes qui se donnent corps et âme à son sport, au karaté, au taekwondo, à la lutte, au kick-boxing et à la boxe, entre autres, a enfin pu pousser un soupir de soulagement.

Le gouvernement du Québec a annoncé une nouvelle phase de reprise des activités, en vertu de laquelle les affrontements dans un contexte d'entraînement seront autorisés à compter de mercredi.

Isabelle Charest, ministre déléguée à l'Éducation, a confirmé la décision aux côtés du docteur Richard Massé, de la Santé publique, lors d'une conférence de presse tenue à l'Institut national du sport du Québec, au Stade olympique.

Dans son allocution, la ministre Charest s'est dite heureuse d'annoncer cette nouvelle phase de déconfinement. Elle a aussi tenu à souligner « la résilience et la patience des amateurs et amatrices de sports de combat ».

Toutefois, elle ne pouvait pas être plus heureuse que Kearney lorsque celui-ci a rencontré les médias en mêlée de presse.

« On a eu beaucoup d'émotions avec cette annonce-là chez les sports de combat. Ç'a fait effectivement beaucoup de bien, il y avait beaucoup de pression. Je pense que nos membres ont été patients. La ministre l'a dit, elle l'a reconnu, la Santé publique aussi. Je pense qu'aujourd'hui, c'est un beau moment pour nous », a déclaré Kearney lorsqu'il a été invité à partager ses sentiments.

La nouvelle phase de déconfinement permettra aux sportifs de reprendre leurs activités en respectant les recommandations des autorités de la Santé publique.

Ces mesures de sécurité prévoient, entre autres, la création de petits groupes d'entraînement d'au maximum quatre personnes et que les participants limitent les contacts étroits avec les personnes qui n'en font pas partie. De plus, les mesures de distanciation physique de deux mètres s'appliquent en tout temps, sauf lors de l'échauffement avant le combat et lors des affrontements comme tels.

« On tient à dire aux gens : on ne va décevoir personne. On va respecter les règles, on va respecter la bulle de quatre personnes, on va s'assurer que les mesures sanitaires soient vraiment respectées au maximum parce que nous, dans les sports de combat, ne voulons pas non plus que cette pandémie reparte. On a juste hâte que tout revienne à la normale et on va contribuer aussi à ça », a affirmé Kearney, sans détour.

Kearney n'a émis aucune réserve quant à la limite maximale de quatre personnes par groupe d'entraînement, une mesure qu'il juge sécuritaire. Cela ne l'empêche pas d'espérer voir, graduellement, la formation de groupes plus imposants.

« La bulle à quatre, c'est un premier pas, a-t-il admis. Ce qu'on a dit à la Santé publique, c'est qu'on veut que le canal reste ouvert pour que, éventuellement, on puisse rapidement, dans quelques semaines, un mois et demi, passer à une bulle de huit et, éventuellement, des compétitions, peut-être, de niveau régional, avec le moins de déplacements. Il faut garder le canal ouvert. C'est ce qu'on a dit à la Santé publique. »

Inquiètes par la lenteur à recevoir les réponses qu'elles espéraient entendre, les fédérations de sports de combat – Judo Québec, Boxe Québec, Karaté Québec, Kickboxing Québec, Lutte Québec et Taekwondo Québec – avaient fait front commun pour présenter un plan calqué sur celui de la Fédération française de judo, lui-même adopté par la suite par la Fédération internationale.

Ce regroupement a été instrumental dans le dénouement annoncé mardi, a déclaré le président de Judo Québec. Et pour Kearney, cette initiative des Fédérations d'unir leurs voix doit se poursuivre.

« Ce qu'on a dit entre nous, ce regroupement-là, il va rester. Peu importe après. Je pense qu'on a besoin de travailler ensemble. On vit les mêmes enjeux, on a les mêmes défis, et on n'est pas en compétition. Si tu veux faire de la boxe, tu fais de la boxe; si tu veux faire de l'escrime, tu fais de l'escrime; si tu veux faire du judo, tu fais du judo. »

Kearney s'attend à voir une recrudescence rapide des activités dans les dojos.

« C'est sûr que nous, en tant que Fédération, on va dire aux gens "Il faut prendre le temps de faire les choses correctement". Mais là, les gens ont hâte. Ça va être dur de les arrêter. »

Cible : 26 septembre

L'interdiction des galas de boxe professionnelle sera également officiellement levée au cours des prochains jours. Afin d'obtenir un permis de la Régie des alcools, des courses et deux jeux (RACJ) pour tenir un événement, les promoteurs devront soumettre un plan de gestion des risques associés.

Les combats d'entraînement enfin permis

Le président d'Eye of the Tiger Management, Camille Estephan, avait d'ailleurs mis l'accent sur le protocole qui serait appliqué pendant un gala de boxe le mois dernier après une rencontre avec le Docteur Horacio Arruda.

Estephan n'a pas assisté à la conférence de presse, ce qui ne l'empêchait pas d'être heureux du dénouement.

Son prochain objectif est de présenter un gala de boxe le 26 septembre ou, au plus tard, le 3 octobre. Pour qu'un gala ait lieu le 26 septembre, Estephan estime qu'il devra avoir obtenu le feu vert le 9 ou le 10 septembre.

« On va s'asseoir avec la RACJ pour arrimer notre plan avec le leur. On va envoyer le plan final à la Santé publique avec la demande officielle et on espère que ce sera rapide », a déclaré Estephan lors d'une entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

« Il faut qu'ils comprennent que déjà, on a eu une grande attente et on a été bon joueur. Espérons qu'ils vont nous rendre la pareille. »