Le combat Kovalev c. Ward sera diffusé sur RDS le samedi 26 novembre à 16 h. Il sera rediffusé le 9 décembre à 19 h 30.

Samedi soir au T-Mobile Arena de Las Vegas, Andre Ward a perdu autant de rounds dans son affrontement contre Sergey Kovalev qu’au cours de toute sa carrière de douze ans dans la boxe professionnelle.

Kovalev a réussi ce que seul Darnell Boone avait réalisé en 2005 en envoyant Ward au tapis. Kovalev a eu raison de son rival dès le deuxième round avec un solide crochet de la droite, mais n’a pu l’achever.

Les trois juges, tous des Américains, ont finalement rendu leur verdict après une furieuse bataille que l’arbitre Robert Byrd a eu de la difficulté à contrôler du commencement à la fin. Mais heureusement... Si l’arbitre avait été Kenny Bayless, la bataille serait en cours.

Par moments, le combat ressemblait bien plus à ceux qu’on est habitué de voir dans les épreuves de l’UFC, mais dans l’ensemble, l’action n’a pas manqué. Et l’affrontement a été assez intéressant. D’ailleurs, les commentateurs n’ont pas manqué de souligner que ce combat leur rappelait celui entre Sugar Ray Leonard et Tommy Hearns.

Sergey Kovalev est devenu samedi soir le boxeur qui a le plus malmené Andre Ward au cours d’un combat. Il l’a envoyé au tapis au deuxième round, puis l’a pourchassé pendant au moins huit des douze rounds de l’affrontement. Il a fallu au moins six rounds à Ward avant de finalement retrouver sa touche magique.

Je ne veux rien enlever à Ward. C’est un super boxeur qui sait s’adapter au style de ses rivaux, tout comme il l’a fait dans la deuxième partie du combat. Mais il n’est plus l’Andre Ward des beaux jours, comme dans le temps contre Mikkel Kessler ou bien encore Carl Froch. De plus, c’est un petit mi-lourd dont la force de frappe n’est pas comparable à celle de Kovalev. Mais par contre, il a un bon menton et sait comment bien le protéger.

Personnellement, je ne crois pas que c’est le meilleur homme qui ait gagné ce combat. D’ailleurs, quand l’annonceur maison Michael Buffer a lancé son cri « and new world champion... », les caméras se sont braquées sur Andre Ward, et on le voit clairement lancer « what... ». C’est donc signe qu’il ne s’attendait pas à se voir couronner à nouveau monarque dans une deuxième division de poids.

Les trois juges

Mais parlons des trois juges de la soirée. Las Vegas, la ville du vice et du péché, est une des pires villes pour ses juges de boxe qui se font vieillots pour ne pas dire aveugles et quoi encore par moment.

D’ailleurs, la foule n’a pas tellement aimé la décision et a hué à pleins poumons. Pourtant, elle était favorable à Ward. Le pointeur officiel du réseau HBO, Harold Lederman, avait Kovalev en avance 116-111. Le même score que moi. Quant au populaire chroniqueur et expert Dan Rafael, lui aussi avait Kovalev gagnant, par 115-112.

Je suis d’accord avec eux que Kovalev n’a pas perdu plus de trois rounds dans ce combat. Quatre tout au plus.

Sergey Kovalev et Andre WardMalgré tout, il faut féliciter Andre Ward. Il s’est relevé du tapis, a bataillé à reculons surtout pendant la première partie de l’engagement puis est revenu avec son style habituel.

Si on jette un coup d’œil sur la carte des juges, on constate que les trois ont opté pour des gains de Ward au cours de six des sept derniers rounds.

Cette décision est contestée par plusieurs.

Faire le ménage

Il est temps que la commission de boxe de Las Vegas fasse le ménage dans la liste de ses juges et en trouve des plus jeunes. Il y a maintenant 27 ans que Burt Clements est juge. Vingt-deux ans pour Glenn Trowbridge et 18 ans pour John McKaie.

Teddy Atlas, le fameux analyste, a déjà comparé les juges de Las Vegas à une mafia. Il a dit que s’ils n’étaient pas incompétents, donc ils étaient malhonnêtes. J’ai peine à croire que ces juges reçoivent chacun 2500 $ pour rendre des décisions aussi croches. C’est vrai que plusieurs rounds ont été chaudement disputés, mais de là à favoriser l’Américain sur le Russe, il y a une marge.

Il y a eu pire décision au cours du gala. Celle rendue en faveur de Maurice Hooker contre Darleys Perez. Essayez de comprendre. La juge Adalaide Byrd y va d’un pointage de 97-93 en faveur de Perez. Robert Hoyle fait tout le contraire et donne un pointage de 97-93, mais pour Hooker et finalement Glenn Feldman a vu un combat nul 95-95. Résultat, un verdict nul. Jamais de la vie.

L'expérience

Pourtant ce n’est pas l’expérience qui manque chez ces trois juges. Feldman est le doyen avec 24 ans d’expérience, suivi d’Adalaide Byrd avec 19 ans et Robert Hoyle avec 16 ans.

Mais ne craignez rien en dépit de leur incompétence, ils seront tous de retour la semaine prochaine.

Le commentateur Jim Lampley ainsi que les analystes Max Kellerman et Roy Jones ont semblé favoriser Andre Ward. Surtout Jones qui est un ami du champion. Et cela se comprend puisque Ward a travaillé avec eux lors de combats précédents. Or, la consigne... On ne critique pas le travail d’un confrère.

Surpris

Lorsque Max Kellerman a demandé à Ward sur le bout des lèvres après sa victoire s’il était surpris de la décision, car le combat avait été très chaudement disputé, Ward a répondu : « Non! ». On voyait bien que Kellerman était mal à l’aise. Pourtant, ce n’est pas son habitude.

Andre Ward et Sergey KovalevPourtant, si on regarde la bande vidéo, il est évident qu’il crie « what! » quand Michael Buffer le nomme gagnant.

Maintenant, que va-t-il arriver? Sergey Kovalev n’a rien perdu de sa popularité dans cette première défaite en carrière. Au contraire, il sort grandi. Peut-être Andre Ward lui est-il supérieur, mais personne d’autre dans ce poids.

En somme, ce sont les preneurs aux livres qui ont fait de l’argent. Ils avaient prédit une victoire de Ward par décision. C’est exactement ce qui est arrivé. Donc, il paie les gagnants qui avaient suivi leurs conseils pas trop cher. Si le contraire s’était produit, ils auraient dû débourser beaucoup plus.

Une clause de revanche existe entre les deux, mais avec Ward, on sait qu’il n’est pas facile de négocier. Cela pourrait prendre plus d’un an. Et rien ne l’empêche d’affronter quelqu’un d’autre avant la revanche.

Toutes les ceintures

Ward a toujours prétendu qu’il voulait toutes les ceintures et celle manquante est à Montréal au tour de la taille de nul autre qu’Adonis Stevenson.

C’est lui qui est le champion linéaire et pas plus tard que la semaine dernière, il a lancé un défi au gagnant. Mais comment s’y prendre?

En somme, c’est Al Haymon et Yvon Michel ainsi que le réseau Showtime qui devront négocier avec un groupe pas facile. Et je continue à douter d’une revanche au cours des douze prochains mois.

On pourrait tout aussi bien voir un combat entre Superman et Krusher Kovalev, mais encore là, Kathy Duva ne veut rien savoir du groupe GYM.

Il y a aussi Artur Beterbiev qui n’est pas loin d’un combat de championnat. Dans un an, il sera prêt à se mesurer à Ward ou bien encore Kovalev qu’il a déjà vaincu dans les rangs amateurs.

Par contre, quand on lance des millions et des millions de dollars, tout peut survenir.

Contestation

Sergey Kovalev a accepté la décision, mais il la conteste. « Je veux ma revanche, a-t-il lancé immédiatement après l’annonce de sa défaite. Je n’ai pas perdu plus de trois rounds dans ce combat. Les gens l’ont vu. »

Je sais que dans tout affrontement entre gladiateurs, il faut un gagnant et un perdant. Mais que celui qui gagne le fasse honnêtement. Dans ce cas-ci, je ne suis pas certain que le meilleur homme ait gagné.

Bonne boxe!