Le p’tit hamster dans ma tête tourne à mille tours / minute depuis quelques semaines quand je pense au combat Alvarez-Pascal. Je suis incapable de trouver dans l’histoire récente de la boxe québécoise un combat aussi serré sur papier. Je ne parviens pas à trouver qui a l’avantage dans le combat entre les deux mi-lourds québécois.

Pour comprendre les différentes stratégies qui pourraient être utilisées par les entraîneurs Stéphan Larouche et Marc Ramsay, j’ai rencontré l’analyste, entraîneur et ancien boxeur Sébastien Gauthier, à son gymnase à Ste-Adèle

Je ne suis pas un parieur, mais si j’avais un p’tit 2$ à miser, ce serait sur un résultat nul, un bon vieux « draw », la mise la plus payante (et la plus difficile à rencontrer). Pas compliqué, un résultat de 114-114 à l’issue de 12 rounds serrés! Je sais toutefois que pareil résultat serait très frustrant pour les deux boxeurs et pour Yvon Michel. Si Eleider Alvarez devait conserver son titre après un combat nul, il n’aurait plus vraiment la légitimité d’aller immédiatement (et finalement) affronter le champion WBC.

Le combat

Je m’attends à ce qu’Alvarez amorce le combat en lion. Il doit rapidement mettre à l’épreuve son adversaire et vérifier si Pascal a le goût de se battre. Il est fort possible qu’après ses deux défaites contre Sergey Kovalev, l’ancien champion du monde soit marqué. Le jab d’Alvarez devra être aussi efficace que celui de Kovalev. Alvarez devra garder Pascal à distance grâce à sa portée plus longue par plus de deux pouces. Ainsi je m’attends à ce qu’Alvarez prenne les devants 49-46 après les cinq premiers rounds.

Est-ce que Jean Pascal, par ce qu’il a appris d’Eleider Alvarez lors des combats d’entraînement, se sent à ce point confiant qu’il décide de prendre l’initiative tôt dans le combat? À mon avis ce serait une grave erreur. Tous ceux qui ont fait du « sparring » avec Alvarez et qui par la suite se sont sentis en mesure de le défier officiellement sur le ring, se sont fait jouer un vilain tour. Andrew Gardiner et Lucian Bute l’ont appris à leurs dépens.

La suite du combat m’apparait moins claire car il y a plusieurs données inconnues. Dans quelle mesure Eleider Alvarez pourra maintenir le rythme du début de combat? C’est dans cette portion du combat que l’expérience de Jean Pascal pourrait être un facteur.

L’opposition rencontrée par Jean Pascal au cours de sa carrière est de loin supérieure à celle d’Alvarez. Pascal a disputé 9 combats de championnat du monde. Il s’est battu deux fois contre Bernard Hopkins. Par sa science de la boxe, combien de fois au cours de sa carrière Hopkins, dans un rôle de négligé, mettait un frein à l’ascension de vedettes montantes de la boxe? Ç’a été le cas contre Felix Trinidad, Glen Johnson, Kelly Pavlik et un certain Pascal. Jean Pascal a probablement beaucoup appris de ses deux combats contre Hopkins, et même s’il a perdu de sa vitesse, l’expérience gagnée pourrait être un facteur. Peut-être qu’il se voit comme Hopkins, négligé face à un boxeur invaincu en pleine ascension. La seule différence entre Hopkins et Pascal, c’est la condition physique, toujours irréprochable pour l’américain âgé maintenant de 52 ans.

C’est dans les 4 derniers rounds d’un combat de championnat que les qualités surhumaines des boxeurs ressortent. La motivation sera égale de part et d’autre. Alvarez, qui encore une fois met son statut d’aspirant obligatoire en jeu, ne voudra pas trébucher si près du but : le combat de championnat du monde. Toutefois dans les combats émotifs, Alvarez n’avait pas été à son mieux contre son compatriote Edison Miranda et Andrew Gardiner.

Quant à Jean Pascal, il carbure à la motivation. Jaloux du succès et de la popularité de Lucian Bute, il l’a complètement dominé. Négligé face à Chad Dawson, il a livré l’un de ses meilleurs combats en carrière. Imaginez ce qu’il peut accomplir opposé à Marc Ramsay, face à Alvarez, avec la possibilité d’affronter Adonis Stevenson, qui détient la ceinture verte... qu’il perçoit comme étant SA ceinture. Difficile d’être plus motivé!

Le combat Alvarez-Pascal débutera à 21 h. L’arbitre du combat sera Alain Villeneuve. Les juges seront Richard De Carufel, Jack Woodburn et Rodolfo Ramirez du Mexique.

Pour ce qui est de la finale entre Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara, l’arbitre sera Michael Griffin. Les juges seront Nicolas Esnault et les Mexicains Omar Mintun et Humberto Olivares. Mais à mon avis, cette fois, nous n’aurons pas besoin de l’opinion des trois hommes en bordure du ring!

Décevant

Il semble que moins de 10 000 spectateurs se déplaceront au Centre Bell pour ce gala. Mon collègue Francis Paquin a tenté d’expliquer ce phénomène décevant dans un texte publié en début de semaine.

Personnellement je m’explique mal la promotion de cet événement. Les entraînements publics se sont déroulés samedi et dimanche, en toute confidentialité ou presque, et n’ont pas profité de la couverture médiatique optimale. Nous avons eu droit à une conférence de presse mardi. Puis la conférence de la sous-carte prévue jeudi a été annulée la veille à 17h, en raison de l’absence de plusieurs « opposants ».

Pire encore, la pesée aura lieu vendredi... à 17 heures. Si vous n’avez pas entendu les boxeurs et entraîneurs se plaindre officiellement, c’est qu’il y aura dans les faits deux pesées.

À midi, la Régie procédera à la pesée en bonne et due forme aux locaux du Groupe Yvon Michel. Il s’agira d’une pesée « privée », semble-t-il à laquelle les médias n’auront vraisemblablement pas accès. Donc si (par exemple) Jean Pascal arrive sur le pèse-personne avec un surplus de trois livres, qu’il passe les deux heures suivantes à se déshydrater pour respecter la limite, et qu’il arrive sur le pèse-personne complètement vidé avec un teint verdâtre, vous ne connaîtrez pas cette histoire essentielle en vue du combat. Donc toutes les histoires intéressantes et tous les rebondissements qui arrivent souvent lors d’une pesée ne seront connus que s’il y a une fuite.

À la place, à 17 heures, on aura droit à une pesée comme celle que l’on voit au UFC. Les athlètes défileront sur un pèse-personne factice. Un beau gros show de boucane pour le partenaire de GYM, GESTEV et son poste de télé qui vise « droit au coeur ».

En ce qui me concerne, je préfère aller « droit à la tête ». C’est plus efficace, tant à la boxe que pour l’information.