À l’image de la quasi-totalité de ses semblables, Oscar Rivas rongeait son frein à l’entraînement en attendant d’avoir la chance de disputer un vrai combat de boxe, alors que l’industrie locale est plongée dans le marasme depuis à peu près un an en raison de la pandémie de coronavirus.

Heureusement, un objectif de taille a pointé à l’horizon au cours des derniers mois, étant donné que Rivas (26-1, 18 K.-O.) aura la chance de devenir le premier champion du monde de l’histoire d’une nouvelle catégorie instaurée par le WBC : les poids super-lourds-légers (bridgerweight).

Le Montréalais d’origine colombienne a d’ailleurs été classé premier aspirant de la catégorie, lundi, et ne manque plus qu’une date et un endroit pour officialiser la tenue de sa rencontre au sommet contre Bryant Jennings, qu’il a déjà arrêté au 12e et dernier round en janvier 2019.

Il s’agira également d’une formidable occasion pour Rivas de tourner la page sur sa dernière sortie, une défaite par décision unanime des juges face à Dillian Whyte pour le titre intérimaire des lourds du WBC en juillet 2019 à Londres. Un test antidopage positif de Whyte trois jours avant le duel et une controverse au sujet des gants lui ont laissé un goût amer dans la bouche.

« Je suis une personne généralement positive, mais je dois avouer que j’ai été un peu frustré le premier mois suivant ma défaite, a reconnu Rivas pendant une visioconférence organisée mercredi. Mais la vie continue et il y a beaucoup de combats intéressants dans cette nouvelle catégorie. Je vais mettre toutes les chances de mon côté et continuer à travailler très fort. »

Chez les super-lourds-légers, où la limite à respecter sera de 225 livres, Rivas aura la possibilité de faire un peu plus jeu égal avec les meilleurs boxeurs au monde. Chez les lourds, ses 6 pieds et quelques poussières représentaient un handicap par rapport aux 6 pieds 9 pouces de Tyson Fury, aux 6 pieds 7 pouces de Deontay Wilder ou encore aux 6 pieds 6 pouces d’Anthony Joshua.

Sans dire qu’il avait été obligé de maintenir un poids inutilement supérieur pour espérer rivaliser avec les cadors de la vision, « Kabbom » a mentionné se sentir beaucoup plus à l’aise à 225 livres qu’aux environs de 240, poids qu’il a affiché sur le pèse-personne avant de se mesurer à Whyte.

« Je me sens beaucoup plus rapide et fort qu’avant, a révélé Rivas. C’est lorsque je me suis battu à 235 livres que j’ai toujours été le plus à l’aise depuis le début de ma carrière. Je sais déjà que ça sera facile pour moi de faire le poids. J’aurai juste à ne pas trop manger : je suis gourmand! »

En plus d’un combat de championnat du monde, Rivas pourrait être appelé à prendre part à la Super série mondiale de boxe (World Boxing Super Series), étant donné que l’organisation songe sérieusement à présenter un tournoi des super-lourds-légers lorsqu’elle reprendra ses activités.

Cela aiderait grandement la nouvelle catégorie à gagner en crédibilité si le projet de concrétise. « La réponse des gens [au sujet des super-lourds-légers] est bonne, mais c’est évident que ça va prendre du temps avant que les perceptions changent, a expliqué le promoteur Yvon Michel. La WBSS nous a déjà demandé si nous avions de l’intérêt. Un tournoi amènerait de la notoriété. »

Mais avant de se tourner vers l’avenir, Rivas devra absolument se débarrasser de Sylvera Louis le 16 mars prochain en finale d’un événement présenté à l’hôtel Plaza de Québec. Il s’agira de retrouvailles pour les deux pugilistes qui ont croisé le fer en juin 2012 au Centre Bell à Montréal.

« La première fois que je me suis battu avec Sylvera, ç’a été un combat difficile, a rappelé Rivas, qui l’avait emporté par décision partagée des juges (79-73, 78-74 et 75-77). Les combats qui s’en viennent s’annoncent importants, alors c’est important que je sois très concentré sur le ring. »

« Ça fait longtemps que Louis tentait de faire un retour et il serait dans une excellente condition physique, a ajouté Michel au sujet de celui qui disputera un premier duel en tout près de cinq ans. Oui, c’est un combat de retour pour Oscar et je suis convaincu que ça va très bien se passer, mais nous avons quand même demandé à Oscar de ne pas prendre son adversaire à la légère. »

Pour sa préparation, Rivas a eu l’occasion de mettre les gants avec un autre protégé de son entraîneur Marc Ramsay, Arslanbek Makhmudov, ainsi qu’avec Alexis Barrière, qui effectuera ses débuts professionnels en sous-carte du gala du 16 mars. L’ancien membre de l’équipe canadienne n’a pas tari d’éloges envers celui qui a participé aux Jeux olympiques de Pékin en 2008.

« Ç’a vraiment été une expérience enrichissante de mettre les gants avec Rivas, a mentionné Barrière. C’est un boxeur qui sait exactement où il se retrouve dans le ring et qui possède une bonne force de frappe. C’est évident que mon adversaire ne sera jamais au niveau d’Oscar! »

Rappelons qu’en l’absence de Ramsay, qui est retenu en Russie pour la préparation du prochain combat d’Artur Beterbiev, Rivas sera dirigé par Jessy Ross Thompson. Ramsay ne sera d’ailleurs pas le seul absent de marque ce soir-là, car Michel sera encore en quarantaine à la maison en raison de sa présence dans le coin de Marie-Ève Dicaire pour son choc du 5 mars au Michigan.

« Au départ, le fait que nous avions un événement le 16 [mars] me dérangeait, sauf que tout le monde m’a dit de ne pas m’inquiéter, a lancé Michel à la blague. Ce n’est pas la première fois que ça arrive, parce que j’ai déjà manqué des galas pour être à l’extérieur en compagnie de nos boxeurs qui disputaient des combats d’important à l’étranger. C’est certain que c’est différent! »