RDS et RDS Direct présenteront le gala UFC Fight Night : Silva-Hall dès 17 h samedi.

La carte de la soirée

Le samedi 31 octobre marquera le dernier combat UFC du légendaire Anderson Silva. Le Brésilien affrontera Uriah Hall avant d’accrocher ses gants pour de bon à l’âge de 45 ans.

Quand il est arrivé dans l’UFC, à son premier combat contre Chris Leben, Silva a montré qu’il venait complètement d’un autre univers au niveau du combat debout. Il a amené un vent de nouveauté, une nouvelle dimension, une nouvelle génération de combattants totalement différents que de simples brawlers ou lutteurs. Il était super technique, il bougeait comme personne.

Ses débuts contre Leben n’ont duré 49 secondes. Ç’a été un carnage incroyable et pourtant, Leben était connu comme étant un gars qui a un méchant menton et que personne n’était capable de coucher. Je l’avais déjà affronté moi-même et on s’était frappé dessus solidement, mais personne n’était tombé. Silva l’a ridiculisé en moins d’une minute, ça avait été très marquant.

Ensuite, tout le monde a eu son tour contre lui et a essayé de jouer dans sa tête. « The Spider » a disputé deux combats incroyables face à Chael Sonnen et entretenu toute une rivalité avec lui. Il a eu des combats ultra spectaculaires comme quand il est allé chercher le titre face à Rich Franklin en 2007, ç’a avait été une domination encore une fois. Autre fait saillant, son K.-O. grâce à un coup de pied frontal sous le menton de Vitor Belfort en 2011, c’était sorti un peu de nulle part, un geste digne du film La Matrice. Il exécutait des mouvements qui n’avaient jamais été vus auparavant. Il a même déjà décidé de monter de catégorie à 205 livres parce qu’il était blasé au niveau compétition chez les 185. C’était une des premières fois qu’on voyait ça dans l’organisation.

C’est vraiment la facilité avec laquelle il passait à travers ses adversaires qui était déconcertante pour tout le monde. Il a paru inatteignable pendant des années et des années.

Puis il a frappé un mur devant Chris Weidman. Vient un moment où il y a une ligne d’arrogance à ne pas franchir. Côté attitude, il ne faut jamais se penser au-dessus de la mêlée. Mais il n’a pas assez respecté Weidman. Dans ce sport, si tu manques de respect envers ton adversaire et que ça se retourne contre toi, tu as l’air fou et c’est dur de rebondir après ça. C’est ce qui est arrivé à Chris Leben à l’époque et c’est ce qui est arrivé à Silva à son tour quand il s’est incliné coup sur coup contre Weidman.

Le Gretzky de son sport

Anderson Silva et Patrick CôtéQuand j’ai partagé l’octogone avec lui en 2008 en combat de championnat, ce n’était pas dur physiquement de lui faire face, mais c’était difficile mentalement de comprendre son style. Il avait un style tellement unique. C’était difficile de s’entraîner à se battre contre lui, parce que trouver des partenaires d’entraînement capables de répliquer un peu ce qu’il fait était impossible vu qu’il était unique au monde.

Mon expérience a été fantastique. J’ai eu la chance de jouer contre le Wayne Gretzky des arts martiaux mixtes. C’était incroyable de pouvoir partager l’octogone avec le meilleur combattant livre pour livre du moment. Il semblait imbattable. On se disait que tous ceux qui se battaient contre lui avaient perdu d’avance quand on regardait son langage corporel lors du face-à-face d’avant-combat. Dans notre façon d’approcher le duel, on y est allé le tout pour le tout, on a essayé de lui montrer du respect mais de ne pas avoir peur de lui. J’ai été le premier à lui faire passer le cap du troisième round dans l’UFC. Je ne peux pas dire que j’étais en train de gagner le combat, mais j’étais loin de me faire déclasser. Puis est arrivée une malchance, une blessure à la jambe qui m’a forcé à l’abandon. Je pense que ce combat a démontré qu’Anderson Silva était peut-être battable, même s’il a continué à enchaîner les victoires par la suite, jusqu’à ce qu’il rencontre Weidman. Je n’ai pas démontré d’écrasement en face de lui, j’ai vu qu’il me respectait dans le combat et c’est peut-être pour ça qu’on s’est rendu plus loin que les autres auparavant.

Le plus grand-rendez-vous manqué

Silva a vraiment fait le tour dans l’organisation, mais il y a une chose qui manque à feuille de route.

On est d’accord pour dire que le plus grand rendez-vous manqué est celui entre Anderson Silva et Georges St-Pierre. On voulait faire un mégacombat alors que les deux étaient au sommet de leur art mais il ne se sera jamais concrétisé. L’UFC n’est pas souvent passé à côté d’opportunité de la sorte, mais celle-là, c’en est une et c’est un regret que tout le monde va avoir. On ne sait pas ce qui s’est passé au niveau des négociations…

Personnellement, je classe Silva (34-10) dans le top-3 de l’histoire, mais sûrement pas au premier rang. Il y aura toujours un débat pour déterminer qui est le meilleur de tous les temps, et c’est personnel à chacun, mais je le place dans le top-3 pour plusieurs raisons : entre autres pour son nombre de victoires (dont une série de 17 consécutives), pour sa domination sur ses adversaires, pour la façon qu’il a changé le sport grâce à ses performances en arrivant avec de nouvelles techniques et en rendant ses adversaires meilleurs en sa présence. C’est la preuve qu’il est un athlète d’exception.

J’aurais simplement aimé qu’il prenne sa retraite plus tôt. Le fait qu’il se soit acharné à se battre jusqu’à 45 ans et les histoires de dopage qui l’ont impliqué vont laisser un nuage sombre au-dessus de sa carrière.

Il a gagné seulement un de ses huit derniers combats, contre Derek Brunson, soit un seul depuis 2013. Il s’est vraiment poussé à la limite. Pourtant, ce n’est pas parce qu’il a besoin d’argent, il vivra confortablement jusqu’à la fin de ses jours. Les combats de trop, ça existe. Je pense aux personnes qui sont amateurs d’AMM depuis quelques années seulement et qui n’ont jamais eu la chance de le voir à son meilleur, c’est dommage. On dit à quel point il a été légendaire et à quel point il a réinventé le sport, mais ils n’en auront pas été témoins et il nous laisse plutôt sur une note plus négative. C’est dommage d’avoir vu son étoile pâlir comme ça.

Un autre grand à la retraite

J’ai été déçu de voir Khabib Nurmagomedov annoncer sa retraite après sa victoire contre Justin Gaethje la fin de semaine dernière, mais je n’ai pas été si surpris que ça. On s’attendait à un combat éventuel contre Georges St-Pierre ou à ce qu’il se rende au plateau des 30 victoires comme il l’avait déjà supposé. La perte de son père a toutefois été extrêmement difficile. Il ne veut pas retourner dans la cage sans lui et il en a fait la promesse à sa famille, il a déclaré que c’était son dernier combat. Il est très droit et fidèle à sa parole alors je serais très étonné de le voir sortir de sa retraite. Mais si jamais on voulait mettre sur pied un combat contre GSP, ce serait beaucoup plus facile maintenant à un poids intermédiaire 160-162 livres, sans ceinture à l’enjeu et sans que ça ne risque de chambouler une catégorie qui tente de suivre son cours. Mais Khabib a vécu de grosses émotions et c’est difficile d’aller contre sa parole. Aussi, le temps est contre Georges, même si je pense bien qu’il pourrait se battre demain matin tellement il est en excellente forme physique. Il faudrait que ça se fasse dans un avenir très, très rapproché.

Dans tous les cas, Khabib s’est montré une fois de plus dominant samedi passé, il a eu une grande facilité à amener le combat au sol et à passer finalement la soumission. Ç’a été aisé pour lui. Il a passé à travers pas mal toute la division, il a prouvé ce dont il est capable. Non, il n’a pas connu un règne aussi long avec autant de défenses de titre que Georges, Jon Jones ou Silva, c’était seulement sa troisième. Mais quand on regarde son historique à 29-0, avec trois défenses réussies avant la limite, on constate bien que c’est incroyable ce qu’il a réussi à accomplir.

* Propos recueillis par Audrey Roy