RDS2 et RDS Direct présenteront les préliminaires de l'UFC 240 , samedi à 20 h

 

EDMONTON – Il n’y a pas de mauvaise idée quand on cherche à sortir d’une léthargie. Confronté à la possibilité de perdre un troisième combat consécutif, Olivier Aubin-Mercier a utilisé tous les moyens à sa disposition en préparation pour son combat contre Arman Tsarukyan à l’UFC 240.

 

Certaines des initiatives prises par Aubin-Mercier s’inscrivent dans une démarche tout à fait logique et conventionnelle. La plus significative aura été d’inviter Georges St-Pierre à occuper une plus grande place au sein de son groupe d’entraîneurs.

 

D’autres, à l’image du « Canadian Gangster », l’alter ego moustachu du combattant montréalais, sont plus saugrenues. Comme celle, par exemple, d’avoir fait appel à un parieur professionnel afin d’obtenir un regard différent sur les tendances de son prochain adversaire.

 

Aubin-Mercier partage cette idée invraisemblable avec le plus grand sérieux. Enfoncé dans un sofa du deuxième étage de l’hôtel où l’UFC a établi ses quartiers généraux à Edmonton, il explique avoir découvert cet improbable collaborateur sur Twitter pendant des recherches pour une compétition de prédictions – un pool, en bon français – qu’il a lancée sur son podcast.  

 

« Avec un ami, j’ai commencé à m’intéresser aux paris sportifs, pour voir si c’était possible de battre la game, avec les probabilités, raconte le Montarvillois de 30 ans. On a trouvé ce gars-là. Il venait de commencer, il faisait ça depuis peut-être deux ans, mais ses statistiques, c’était fou. »

 

À la suggestion de son ami, Aubin-Mercier est entré en contact avec cet Américain autour de qui il préfère entretenir le mystère. Il lui a demandé son avis au sujet de Tsarukyan. Il a reçu comme réponse un document de cinq pages déclinant les habitudes du Russe.

 

« On voit dans quelle situation et dans quelle proportion il pose tel et tel geste. Comment il se relève, comment il joue sa lutte, comment il joue son standup. C’est comme des statistiques avancées. C’est sûr que je ne peux pas me fier juste à ça, mais c’est une bonne base », détaille OAM.

 

« Il a associé des photos aux mouvements qu’il expliquait. J’ai adoré comment il a monté son document », ajoute Lévis Labrie, l’un de ses entraîneurs.

 

Aubin-Mercier et son équipe ont aussi réalisé que bien des observations de leur espion secret, qu’il dit puisées d’un échantillon de cinq ou six combats, concordaient avec le plan de match qu’ils avaient déjà élaboré.

 

« Tout le monde se dirigeait vers le même constat. Tout le monde avait la même stratégie, tout le monde voyait ça de la même façon. Je pense qu’on a trouvé la manière pour battre ce gars-là. »

 

Un camp sobre

 

Aubin-Mercier n’a pas fait que des ajouts à sa routine d’entraînement.

 

Il y a un mois, l’ancien aspirant au titre des poids légers de l’UFC Kevin Lee est débarqué au Tristar Gym pour s’abreuver du savoir de l’entraîneur-chef Firas Zahabi. C’était la fin de semaine de la Saint-Jean-Baptiste. Aubin-Mercier raconte avec candeur l’épiphanie qui l’a frappée ce jour-là.

 

« J’étais allé au chalet la veille et j’avais bu un peu. Je pensais que j’avais été raisonnable, mais finalement, j’étais hangover pas mal. Je suis arrivé au gymnase et Lee m’a pété la gueule. »

 

La gifle, au sens propre comme au sens figuré, a fait réaliser à Aubin-Mercier qu’il avait franchi la ligne qu’un athlète professionnel consciencieux aurait dû tracer. Habitué à prendre un petit verre jusqu’à la semaine précédant ses combats, il a décidé de devancer ses bonnes résolutions et de laisser la bouteille de rouge, qu’il consommait avec modération, au cellier pour le reste de son camp d’entraînement.

 

Ce sacrifice en apparence banal a eu des répercussions immédiates sur sa forme. « Je suis allé voir mon diététiste il y a une semaine et j’étais au même poids qu’à mon dernier combat, mais avec quatre livres de muscles de plus », s’étonne-t-il, admettant sans donner trop de détails qu’il avait aussi fini par prendre sa revanche sur Lee.

 

C’est donc avec un esprit sain dans un corps sain qu’Olivier Aubin-Mercier effectuera son retour dans l’octogone après une pause de sept mois samedi. La peur d’en perdre pour une troisième fois de suite? Bien sûr qu’elle l’habite. Mais elle ne le paralyse pas.

 

« Ça serait une job assez facile si la seule chose que j’aurais à faire serait d’aller dans l’octogone pis me battre. Il faut qu’il y ait un peu de pression de l’extérieur. Ça fait partie de la game, ça fait partie de la job. Est-ce que je suis stressé? Est-ce que j’ai peur pour mon futur? Ouais. Mais je ne peux rien faire. La seule chose que je peux faire, c’est de donner mon maximum. »

 

« C’est un esprit de gros combat, mais avec lequel je n’ai pas beaucoup à gagner et beaucoup à perdre. Au début, pour vrai, on n’était pas très heureux du matchup, enchaîne-t-il. Mais c’est probablement la semaine de combat pour laquelle j’ai été le plus excité de ma carrière. C’est à cause du niveau de l’adversaire. Je le trouve très bon et je ne sais pas ce qui va se passer, c’est ça qui est excitant. J’ai hâte d’embarquer dans l’octogone. »​

 

Une pause bénéfique pour Aubin-Mercier