COLLABORATION SPÉCIALE

Dustin Poirier est considéré légèrement favori par l’UFC dans son combat contre le champion des légers Charles Oliveira, samedi, à l’UFC 269.

Mais ce n’est pas surprenant. Oliveira a été underdog presque toute sa carrière, il a bûché pour se rendre où il est. Ça fait 10 ans qu’il a monté de catégorie de poids et qu’il a trouvé sa niche à 155 livres. C’est le spécialiste du jeu au sol, mais on a vu qu’il n’était plus aussi unidimensionnel quand il a battu Michael Chandler par K.-O. à son dernier combat pour s’emparer de la ceinture. C’est un combattant qui est super dangereux. Le problème, c’est qu’il a Poirier devant lui, un gars qui mérite tellement de se battre en combat de championnat et d’être champion du monde selon l’avis de tous.

C’est un duel qui est extrêmement difficile à juger. Si ce combat était arrivé il y a 3-4 ans, c’est sûr qu’étant donné que l'action commence debout, on aurait complètement donné l’avantage à Poirier. Mais aujourd’hui, on voit qu’Oliveira s’est énormément amélioré. Malgré tout, le volume de coups lancés et la pression mise sur l’adversaire de la part de Poirier pourraient le mettre dans le trouble.

Oliveira ne s’est jamais rendu au-delà du troisième round, dans les rounds de championnat. Il finit toujours les combats très rapidement. Ce sera peut-être la clé. Si ça se prolonge, l’avantage sera à Poirier. Donc idéalement le Brésilien devra mettre le paquet en début de combat. Il a une bonne boxe technique, mais je ne pense pas qu’il a la capacité de suivre le rythme de Poirier debout.

Au sol, on pourra dire ce qu’on veut de Poirier, mais même si c’est une ceinture noire en jiu-jitsu brésilien, il n’arrive pas à la cheville d’Oliveira à ce niveau. On a vu ce que ce dernier a fait à d’autres ceintures noires comme Tony Ferguson et plein d’autres. C’est un magicien au sol. Ce n’est pas un combattant au sol passif qui attend d’avoir la position, il est extrêmement agressif, il travaille avec le ground and pound, il y va toujours pour le finish. C’est pour ça qu’il est spectaculaire et que c’est lui qui a le plus de finitions dans l’histoire de l’UFC. Il faut toujours être vigilant contre lui.

Le fait d’avoir dû patienter aussi longtemps pour avoir sa chance entre championnat a certainement développé la résilience d’Oliveira. Il a souvent été laissé de côté. Mais là, il sur son X, comme on dit. Si le combat va moins bien, son expérience va l’aider. Reste à voir comment il réagira dans un terrain inconnu après le troisième round. Je ne le vois pas déclasser Poirier debout alors la façon de gagner sera d’en finir au plus vite.

Cette division est probablement la plus profonde de l’UFC. Ce sera intéressant de voir ce qui va se passer entre Beneil Dariush et Islam Makhachev en février, puis de revoir Conor McGregor revenir de sa blessure. McGregor veut un combat de championnat directement en revenant, mais je ne pense pas qu’il pourra passer devant les autres. Il y a beaucoup de publicité autour de Makhachev aussi. Il va devoir prouver qu’il mérite son combat de championnat du monde. Il a beau parler, mais on ne l’a pas vu vraiment affronter des tops-5 encore. C’est dur de dire ce qui va se passer dans cette catégorie parce qu’il y a tellement de talent. Tout peut arriver.

Pena a-t-elle réellement des chances contre Nunes?

Julianna Pena ne pourra pas rester à distance contre la double championne incontestée Amanda Nunes. Elle va devoir rentrer à l’intérieur, aller au corps-à-corps. Pena est en excellente forme physique, on l’a vu dans des vidéos d’avant-combat. Elle est arrivée à Vegas et elle avait l’air très prête. Si elle veut remporter le combat, elle doit amener Nunes sur son dos parce qu’on ne sait pas tout à fait ce que cette dernière vaut sur son dos, s’étant peu retrouvée dans cette position. Sur le dessus, Pena est quand même solide avec son ground and pound, alors c’est ça la clé du combat selon moi. Pena doit lutter Nunes, l’amener au sol et la clouer sur son dos car ce serait une zone inconnue pour elle.  

Cela étant dit je ne veux pas manquer de respect à Pena, mais si elle réussit à exécuter ce plan de match à la perfection, c’est pas mal sa seule chance de succès. Debout, ça va être difficile voire impossible de s’envoler avec la victoire.

On le dit chaque fois, mais c’est dur de savoir ce qui attend Nunes dans l’avenir car il y a peu ou pas d’adversaires de taille pour elle. On parle de plus en plus de Kayla Harrison, qui a remporté le tournoi de la Professional Fighters League (PFL) et la bourse de championne à 1 million $. Elle n’a pas de contrat présentement et pourrait s’amener dans l’UFC. Toutefois, c’est loin d’être réglé car elle est très convoitée par les diverses organisations. Les deux combattantes proviennent de la même équipe, American Top Team, mais ne sont pas nécessairement partenaires d’entraînement et les deux ont démontré de l’intérêt pour s’affronter. Ce serait la logique, mais c’est loin d’être acquis.

Une carte remplie

C’est le dernier gala à la télé à la carte de l’année et ça paraît.

J’adore Santiago Ponzinibbio. J’espère qu’on va voir son vrai visage contre Geoff Neal parce qu’à son dernier combat, il était complètement gelé sur place, lui qui n’a disputé que deux combats en trois ans.

Il y a Cody Garbrandt, ancien champion poids coq, qui fait ses débuts dans une nouvelle division à 125 livres contre Kai Kara France et qui va tenter de donner une seconde vie à sa carrière.

Il y a un autre ex-champion en Dominick Cruz, qui va affronter Pedro Munhoz chez les coqs.

Mais le combat qui pourrait passer sous le radar est celui qui oppose Josh Emmett à Dan Ige chez les plumes. Je pense que ça va être un feu d’artifice. Ce ne sont pas des gars qui allument nécessairement les gens en feuilletant la carte, mais j’aime cette confrontation.

C’est sans oublier la Canadienne Gillian Anderson qui va ouvrir la carte face à Priscila Cachoeira.

 

* Propos recueillis par Audrey Roy