MONTRÉAL – Oubliez la tenue d'un Grand Prix de Formule 1 à l'automne avec un paysage bucolique en toile de fond comme à l'époque de Gilles Villeneuve. En fait, oubliez tous les Grands Prix dans les Amériques en 2020.

Le Grand Prix du Canada n'aura finalement pas lieu cette année dans la foulée de la pandémie de coronavirus, a annoncé le promoteur de l'évémenent François Dumontier, vendredi matin.

Dumontier a fait l'annonce d'une manière très sobre – voire rudimentaire –, devant une simple table installée à deux mètres des membres des médias et délimitée par un ruban rouge. Il s'est ensuite avancé, le visage couvert d'un masque, sur un petit 'X' rouge.

« C'est symbolique. Nous avions reçu le 'planning' de la F1 pour la distribution des garages aux équipes en vue d'une course cet automne, et ce 'X' est situé tout juste au-dessus de celui qui aurait accueilli Lance Stroll », a expliqué Dumontier, en confirmant que la course, si elle avait eu lieu, se serait déroulée les 9, 10 et 11 octobre 2020.

C'est la première fois depuis 2009 qu'il n'y aura pas de Grand Prix du Canada sur le circuit Gilles-Villeneuve. La dernière fois, le promoteur et la F1 n'avaient pas réussi à trouver un terrain d'entente dans les négociations pour les droits de présentation de la course.

Cette fois-ci, les motifs de l'annulation sont bien différents.

« Le point tournant pour nous, il se situe au moment où les autorités publiques nous ont laissé savoir (il y a trois semaines), à la F1 et à nous, que si le Grand Prix du Canada devait avoir lieu, alors il aurait lieu à huis clos », a expliqué Dumontier.

« À partir de ce moment-là, étant une entreprise privée, ce n'était pas viable. Ça nous empêchait aussi de contribuer aux frais de courses et ceux de déplacement de la F1 vers l'Amérique qui, en temps de pandémie, étaient beaucoup plus élevés qu'habituellement. Ça, c'était le point tournant. »

Dumontier a indiqué en ce sens que les frais de transport auraient avoisiné en 2020 « une dizaine de millions de dollars », une hausse considérable attribuable à la situation sanitaire internationale. De plus, rappelons qu'il en coûte près de 20 millions $ annuellement au promoteur et aux contribuables pour accueillir une course de F1 sur le circuit Gilles-Villeneuve.

« À partir de ce moment-là, disons que nous étions pas mal moins optimistes. Et nous en sommes venus à la conclusion de l'annonce d'aujourd'hui, c'est-à-dire qu'il n'y aura pas de Grand Prix en 2020 », a-t-il ajouté, avec une pointe d'amertume dans la voix.

Dumontier ne comprend pas et dit s'identifier à Yvon Michel et Camille Estephan, qui ont dénoncé le manque de retour du gouvernement alors qu'ils tentent de relancer l'industrie de la boxe au Québec.

Plusieurs scénarios

Néanmoins, le principal intéressé y a cru jusqu'à la dernière minute, et en ce sens de nombreux scénarios avaient été mis sur la table.

« Le gros enjeu, c'était les frais de transport, a répété Dumontier. Nous pensions pouvoir regrouper notre course avec le Grand Prix des États-Unis et partager ces coûts. »

Sauf que les Grands Prix des États-Unis, du Mexique et du Brésil ont été annulés en même temps que le Grand Prix du Canada.

La F1 a plutôt pris la décision de poursuivre sa saison en Europe après le Grand Prix de Russie le 27 septembre. Trois nouvelles épreuves ont été ajoutées au calendrier, notamment une course sur le circuit du Nürburgring, en Allemagne, le 11 octobre, date qui était pressentie pour l'épreuve montréalaise.

Le Grand Prix de Portimao, au Portugal, et le Grand Prix d'Imola suivront au calendrier.

« Il va falloir tenir les cordons de la bourse serrés »

Dumontier a du même souffle assuré que l'avenir de son organisation, ainsi que celle du Grand Prix du Canada, n'est pas remise en question à cause de l'annulation de la course en 2020.

« C'est très décevant »

« L'année 2020 devait être LA fameuse année, avec deux pilotes canadiens inscrits au championnat (avec Nicholas Latifi). Quand la pandémie a commencé, à la mi-mars, nous étions en avance d'environ 30 pour cent sur nos ventes de billets par rapport à 2019 », a d'abord rappelé le patron d'Octane Management.

« Il va falloir qu'on tienne les cordons de la bourse serrés au cours des prochains mois, a-t-il ajouté. Ça ne met pas l'entreprise en péril, même si ça fait quelques mois déjà que nous n'avons plus aucun revenus. De plus, on ne sait pas à quel moment on pourra remettre des billets en vente. Mais oui, il va falloir qu'on fasse attention au cours des prochains mois. »

Rien pour arranger les choses, Dumontier a précisé au passage que puisque le Grand Prix du Canada a été annulé en 2020, il ne recevra pas sa part des revenus tirés des droits de télédiffusion de la F1.

Dumontier, qui dispose d'une entente valide avec la F1 pour la présentation du Grand Prix du Canada jusqu'en 2029, a mentionné qu'il avait demandé à la série de reporter cette année perdue à la fin de son contrat – de manière à disposer d'un pacte jusqu'en 2030. Il a indiqué qu'il devrait bientôt recevoir une réponse à sa requête.

En attendant, avec l'ajout des trois nouvelles courses en Europe, la saison comporte désormais 13 épreuves. La F1 espère toujours tenir de 15 à 18 Grands Prix et terminer la saison en décembre avec des courses à Bahreïn et à Abou Dhabi.