Il semble que Jean Todt, le président de la FIA (Fédération Internationale de l’automobile), ait décidé de prendre position dans le débat sur la motorisation en Formule Un.

Lui qui aime être discret, il a même décidé d’aller sur la place publique.

Voici le communiqué émis par la FIA lundi dernier (26 octobre) :

CHAMPIONNAT DU MONDE DE FORMULE 1 DE LA FIA - RÉDUCTION DES COÛTS

La FIA a étudié des mesures pour réduire les coûts des équipes participantes au Championnat du Monde de Formule 1 qui n’ont pas abouti :

- un plafonnement global des coûts,
- une réduction des coûts à travers les réglementations technique et sportive,
- une standardisation accrue des pièces.

Lors de la dernière réunion du Strategy Group, la FIA, en accord avec la FOM, a proposé le principe de la fixation d’un prix maximum du moteur et de la boîte de vitesses pour les équipes clientes.

Ces mesures ont été soumises au vote et adoptées à une large majorité.

Ferrari SpA a néanmoins décidé de s’y opposer et d'exercer le droit de veto qui lui est reconnu de longue date par les accords régissant la gouvernance de la Formule 1.

Dans l’intérêt du Championnat, la FIA a choisi de ne pas contester juridiquement cette mise en œuvre de son droit de veto par Ferrari SpA.

En conséquence, la FIA va lancer une consultation auprès de l’ensemble des acteurs en vue de l’éventuelle introduction d’un moteur client qui serait disponible à partir de 2017. A l’issue de cette consultation, un appel d’offres pour ce futur moteur client, dont le coût sera nettement inférieur à l’actuelle motorisation, pourrait être décidé.

La FIA, en accord avec la FOM, continuera à œuvrer pour assurer le développement durable du Championnat sur le long terme et à rechercher les solutions qui permettront d’y parvenir. Elle invite l’ensemble des équipes à contribuer positivement par leurs propositions et leurs actes à la réussite de cette démarche dans l’intérêt même du Championnat et de sa pérennité.

Il y a deux éléments à retenir de ce texte.

Premièrement, la FIA attire les projecteurs sur le droit de veto de Ferrari. Qui est inclus dans les accords privés et en principe secrets entre la FOM et chacune des écuries.

Que va penser de ce véto la Commission européenne sur la concurrence, qui a été alertée par les écuries Sauber et Force India sur les méthodes de gouvernance de la F1?

Deuxièmement, la FIA n’adopte pas (ce qui est probablement normal pour une fédération) l’attitude de fonceur de Bernie Ecclestone, le détenteur des droits commerciaux (FOM).

Celui-ci parlait la semaine dernière d’un appel d’offres imminent pour un moteur plus modeste (et donc moins onéreux) que le groupe propulseur actuel, en évoquant un V6 double turbo de 2,2 litres avec SREC que pourraient utiliser les écuries indépendantes.

Pour sa part, la FIA se garde une petite gêne, comme on dit chez nous. Il y a beaucoup de conditionnel dans son communiqué : une consultation, une éventuelle introduction, un appel d’offres qui pourrait être décidé.

À suivre, donc. Mais soulignons quand même le fait que Jean Todt semble vouloir se montrer un peu plus proactif.

Pour aider les petites écuries? Ou pour reprendre le contrôle de la F1 qui est présentement entre les mains des motoristes, donc des grands constructeurs?

L’embrouille Red Bull

Selon Bernie Ecclestone, qui décidément est en verve par le temps qui court, Red Bull a cassé son contrat avec Renault en croyant avoir un accord avec Mercedes.

Une entente tacite serait survenue au mois de juillet lors d’une discussion entre Christian Horner (patron de Red Bull Racing), Toto Wolff (patron de Mercedes Benz Motorsport), Niki Lauda (président non exécutif de l’écurie Mercedes F1) et Bernie Ecclestone.

Par la suite, au moment du Grand Prix de Hongrie, Red Bull a cassé son contrat avec Renault.

Cela remplissait l’un des deux prérequis de Mercedes pour en arriver à une entente.

L’autre prérequis? Un plan de marketing.

Qu’est-ce que cela a à voir avec la F1? Voici le raisonnement de Mercedes. Si Mercedes se fait battre en piste par Red Bull, cela risque de diminuer l’impact de sa présence en F1. Pour compenser, Mercedes aurait voulu que Red Bull publicise la marque allemande auprès de sa jeune clientèle.

L’affaire s’embrouille par la suite. La très haute direction de Mercedes ne voyait pas d’un mauvais œil une telle association avec Red Bull.

Mais les gens de l’écurie de F1, Toto Wolff en tête, ne partageaient pas cet avis. Est-ce un hasard si Lewis Hamilton, lors du week-end du Grand Prix d’Italie, s’est officiellement déclaré contre la fourniture du moteur Mercedes à Red Bull?

Finalement l’accord ne s’est pas fait.

Wolff s’est empressé de signer une entente avec Manor, ce qui lui permettait de se montrer sous un bon jour : j’aide une petite écurie et je fais plus que ma part en motorisant trois autres écuries (Williams, Force India, Manor).

En terminant, pour ceux qui pensent encore qu’une réduction des coûts n’est pas une nécessité, voilà que l’on apprend que l’écurie Force India a demandé une avance de 10 millions $ US sur les paiements FOM à venir.