Classement des pilotes

 

J’avais fait l’exercice l’an dernier et je décide de profiter des vacances de la Formule 1 pour vous offrir un petit bilan de mi-saison. Comme la meilleure façon d’évaluer un pilote est toujours de le comparer à son coéquipier, j’ai comptabilisé les résultats de chaque épreuve pour voir qui avait le dessus dans son équipe en qualifications et en course. Ça permet de voir qui se démarque et de déceler quelques tendances, mais ce n’est pas une méthode très scientifique. Il faut garder en tête que plusieurs éléments hors du contrôle des pilotes peuvent influencer les résultats, que ce soit des problèmes mécaniques, des pénalités, des erreurs stratégiques, des accrochages, etc. Ce n’est pas une science exacte, mais à la fin, je crois que ça offre tout de même une excellente base pour un petit bilan. Et si certaines luttes sont serrées, vous allez voir, certaines le sont beaucoup moins!

 

Mercedes

 

Meilleur en qualifications : Hamilton 7-5

Meilleur en course : Hamilton 9-3

Points : Hamilton 250, Bottas 188

Podiums : Hamilton 10, Bottas 9

 

Même après cinq championnats du monde, Lewis Hamilton continue de nous impressionner. Cette fois, il vient de réussir le meilleur début de saison de sa carrière avec une spectaculaire récolte de 8 victoires en 12 courses. À l’exception d’une mauvaise journée au bureau en Allemagne, il est sans reproche depuis le début de la saison, il fait peu d’erreurs et il est régulier comme une horloge. Difficile de croire que quelqu’un pourra l’empêcher d’aller chercher un 6e titre cette année.

 

Dans le cas de Bottas, ses statistiques sont scrutées à la loupe, car elles pourraient bien définir son avenir chez Mercedes ou non. Toto Wolff devrait choisir entre Bottas et Esteban Ocon au cours des prochaines semaines et il ne fait aucun doute que les performances de Bottas feront foi de tout.

 

À la défense du Finlandais, il fait du bon travail cette saison... comme pilote numéro 2. Bottas s’est grandement amélioré en qualifications et il parvient à mettre de la pression sur son coéquipier le samedi. Le dimanche, il est évidemment moins constant que le Britannique, mais il a tout de même récolté deux victoires et a permis à Mercedes d’amasser sept doublés cette saison. Sa relation avec Hamilton demeure bonne et il accomplit le travail qu’on lui demande. Certains aimeraient sans doute le voir lutter pour le championnat comme Rosberg l’a fait en 2016, mais du point de vue de Mercedes, la recette est la bonne présentement. Est-ce qu’on voudra risquer de la changer en 2020?

 

Ferrari

 

Meilleur en qualifications : Égalité 6-6

Meilleur en course : Vettel 8-4

Points : Vettel 156, Leclerc 132

Podiums : Vettel 6, Leclerc 5

 

Ce n’est certainement pas la saison que Ferrari avait en tête après les essais hivernaux. En fait, si l’on nous avait dit que Ferrari n’aurait aucune victoire à la pause estivale, je ne crois pas que plusieurs l’auraient cru. C’est une autre saison décevante pour Ferrari qui n’arrive toujours pas à rivaliser avec Mercedes sur le cours d’une saison. C’est surtout décevant pour Sebastian Vettel, qui après une saison difficile l’an dernier, continue de commettre des erreurs qui lui coûtent cher. On peut penser à son dérapage à Bahreïn, à sa sortie de piste alors qu’il était en tête à Montréal, à son contact avec Max Verstappen en Grande-Bretagne. On a l’impression que l’Allemand est pris dans un cercle vicieux... les erreurs augmentent la pression sur lui, et la pression semble le pousser à la faute. Mais ne perdons pas espoir. Sebastian Vettel est un pilote très talentueux et un quadruple champion du monde. En Allemagne, sa remontée de la dernière à la deuxième place en est un puissant rappel. S’il parvient à enchaîner quelques bons résultats, peut-être pourra-t-il se relancer pour la prochaine saison?

 

Dans le cas de Charles Leclerc, je crois qu’on peut tirer un bilan très positif de sa première moitié de saison. Ce n’est pas parfait, Leclerc est jeune et il a commis plusieurs erreurs qu’un pilote d’expérience arriverait à éviter. On se souvient de son accident en qualifications à Bakou, de son abandon à Monaco après une manœuvre ultra agressive ou de son contact avec le mur en Allemagne, sous la pluie.

 

Par contre, il y a aussi plusieurs réussites où le Monégasque démontre qu’il sera rapidement à prendre au sérieux. Il a obtenu deux positions de tête, soit une de plus que son coéquipier. Il aurait dû gagner à Bahreïn et a servi toute une lutte à Max Verstappen en Autriche. Il vient d’ailleurs au 2e rang, derrière Lewis Hamilton, pour le nombre de tours menés cette saison avec 124. Surtout, il s’améliore rapidement. En qualifications, il a fait mieux que Vettel lors des cinq derniers Grands Prix (Vettel a toutefois eu des ennuis mécaniques en Autriche et en Allemagne). Il doit poursuivre son apprentissage et, qui sait, peut-être pourra-t-il célébrer sa première victoire avant la fin de la campagne!

Red Bull

 

Meilleur en qualifications : Verstappen 11-1

Meilleur en course : Verstappen 11-1

Points : Verstappen 181, Gasly 63

Podiums : Verstappen 5, Gasly 0

 

Par où commencer? Vous avez sans doute dans la même équipe le pilote qui s’est le plus illustré et le pilote le plus décevant de la saison, et le verdict est sans appel.

 

Verstappen est selon moi l’étoile de la saison jusqu’à présent. Je n’ai plus besoin de vous parler de son talent exceptionnel, mais il faut souligner la constance et la maturité dans son pilotage. Il fait beaucoup moins d’erreurs et profite de chaque situation à chacune des courses. Malgré une Red Bull qui n’est pas encore tout à fait au niveau des deux autres équipes, il peut prétendre à la victoire. Il a permis à Honda d’aller chercher une première victoire depuis son retour. Il a enfin (étrange d’utiliser ce terme pour un pilote de 21 ans) obtenu sa première position de tête. Il se retrouve présentement troisième au championnat, devant les deux Ferrari et avec seulement sept points de retard sur Bottas. Pourra-t-il prendre le 2e rang d’ici décembre?

 

De l’autre côté, Pierre Gasly a été complètement largué. La seule fois qu’il a battu Verstappen en qualification, c’est à Montréal, alors que Verstappen avait été piégé par le contact de Kevin Magnussen avec le mur. En course, ce n’est guère mieux. Il a battu Verstappen en Grande-Bretagne... son coéquipier étant alors victime d’un contact avec Vettel.

 

Ce début de saison est extrêmement décevant pour Gasly. Il a pourtant le talent et le potentiel pour occuper une place parmi les grandes équipes... mais c’est peut-être arrivé trop tôt dans sa carrière. Red Bull a maintenant pris la décision de le rétrograder chez Toro Rosso. Espérons simplement qu’il pourra se relancer avec cette équipe et donner un nouveau souffle à sa carrière.

 

La décision de Red Bull est sévère et rapide, mais il est clair que ses résultats étaient insuffisants. C’est maintenant à lui de prouver qu’il s’agit d’un simple détour dans son parcours.

 

McLaren

 

Meilleur en qualifications : Norris 8-4

Meilleur en course : Sainz 9-3

Points : Sainz 58, Norris 24

 

Avant de parler des pilotes, il faut souligner le grand pas en avant fait par McLaren cette saison. L’écurie anglaise a déjà récolté 82 points, soit 20 de plus que durant toute la dernière saison. En fait, même si McLaren n’inscrivait plus aucun point lors des neuf courses restantes, il s’agirait tout de même de la meilleure saison de l’équipe depuis 2014. Quand même pas mal!

 

Surtout, on voit une équipe qui se relance malgré le départ de Fernando Alonso, qu’on voyait comme le grand leader de l’équipe. Et son remplaçant espagnol, Carlos Sainz, fait le travail. Sainz s’est retrouvé chez McLaren un peu par dépit, avec l’arrivée chez Renault de Daniel Ricciardo, mais il a vraiment transformé ce changement en une opportunité. Il démontre son talent, effectue plusieurs dépassements en courses et s’établit de plus en plus comme un des pilotes fiables et constants du plateau.

 

Son coéquipier, Lando Norris, démontre aussi de belles choses à seulement 19 ans. En qualifications, il est solide et il a même le meilleur sur Sainz. En course, il n’aura pas été aussi efficace que son coéquipier et il a parfois un peu de difficultés à garder sa position acquise en qualifications, mais ses quatre abandons depuis le début de l’année ne l’ont pas aidé non plus. Il démontre beaucoup de potentiel et McLaren est très satisfait de la performance de ses pilotes. D’ailleurs, l’écurie a confirmé très rapidement qu’ils seront tous les deux de retour l’an prochain!

 

Toro Rosso

 

Meilleur en qualifications : Égalité 6-6

Meilleur en course : Kvyat 7-5

Points : Kvyat 27, Albon 16

 

Voici une autre équipe qui connaît une bonne saison et qui parvient à devancer, pour l’instant, des rivaux qui devraient logiquement être devant eux, comme Renault ou Haas.

 

Il est vraiment intéressant de suivre le retour à la compétition de Daniil Kvyat. Poussé à la sortie par Red Bull il y a quelques années, on aurait pu croire que sa carrière en Formule 1 était compromise. Mais avec une année de plus d’expérience comme pilote d’essais chez Ferrari, voilà qu’il prouve qu’il a gagné en maturité et qu’il a maintenant sa place parmi les 20 meilleurs au monde. Son podium en Allemagne, alors qu’il était devenu papa pendant la nuit, a été un magnifique moment qui marquera sans doute cette saison.

 

Dans le cas d’Albon, il impressionne également. Il faut garder en tête qu’il n’avait aucune expérience en Formule 1, de près ou de loin, avant 2019. Oui, il a fait des erreurs, mais il apprend à vitesse grand V et le fait qu’il puisse déjà tenir tête à un pilote plus expérimenté comme Kvyat parle beaucoup.

 

Maintenant, Albon a tout un défi sur les bras avec sa promotion chez Red Bull. Il a le talent et le potentiel pour réussir. Sauf que cette promotion chez Red Bull a souvent pris des allures de cadeau empoisonné. Si c’était trop rapide pour Kvyat et Gasly, est-ce vraiment le bon moment pour Albon? N’est pas Max Verstappen qui le veut...

 

Renault

 

Meilleur en qualifications : Ricciardo 8-4

Meilleur en course : Ricciardo 6-4

Points : Ricciardo 22, Hulkenberg 17

 

Quel début de saison décevant pour les voitures noires et jaunes. Après avoir acquis la 4e place des constructeurs l’an dernier, l’écurie française espérait réduire l’écart avec les trois écuries de pointe. C’est d’ailleurs dans cet esprit que Renault a fait l’acquisition de Daniel Ricciardo pour cette année, espérant ainsi compter sur l’un des meilleurs duos de pilotes du plateau.

 

Or, les résultats ne sont pas au rendez-vous. L’équipe figure au 6e rang des constructeurs. Seulement deux fois cette saison les deux pilotes ont terminé une course dans les points. L’écurie avait montré de belles choses à Montréal avec la 4e place de Daniel Ricciardo, mais n’a pas enchaîné par la suite.

 

Malgré tout, Ricciardo parvient jusqu’à présent à se démarquer face à son coéquipier. Pour Hulkenberg, qu’on a longtemps vu comme un futur champion, ce n’est pas de bon augure, surtout à la suite de sa sortie de piste en Allemagne alors qu’il pouvait (enfin!) se battre pour un podium... Et pendant ce temps, les rumeurs parlent de plus en plus d’Esteban Ocon chez Renault l’an prochain. Que réserve l’avenir pour Hulk?

 

Alfa Romeo

 

Meilleur en qualifications : Räikkönen 8-4

Meilleur en course : Räikkönen 11-1

Points : Räikkönen 31, Giovinazzi 1

 

Si plusieurs le voyaient à la retraite à la suite de son départ de Ferrari, Kimi Räikkönen prouve qu’à 39 ans, il est encore bien jeune derrière le volant. Il est l’un des pilotes les plus constants en milieu de peloton et il permet à Alfa Romeo de confirmer et de continuer les progrès réalisés l’an dernier. Sa huitième place au championnat des pilotes est impressionnante.

 

À l’inverse, ce n’est jamais facile pour une recrue de se comparer avec un ancien champion du monde. Les statistiques d’Antonio Giovinazzi sont bien pâles comparativement à celle du Iceman. Il s’améliore en qualifications, mais en course, les résultats n’y sont pas encore. Il y a du travail à faire pour Giovinazzi afin de démontrer qu’il peut faire partie du plateau pour les années à venir.

 

Racing Point

 

Meilleur en qualifications : Perez 12-0

Meilleur en course : Perez 8-4

Points : Stroll 18, Perez 13

 

J’ai toujours un peu de difficulté à évaluer Lance Stroll. Pourquoi? Parce que ses hauts sont très haut, et ses bas sont très bas. Seuls Stroll et Robert Kubica n’ont jamais battu leur coéquipier cette saison en qualifications. Il n’a qu’une seule présence en Q2, en Allemagne, ce qui mettait un terme à une séquence de 14 courses où il était éliminé en Q1. En course, il a terminé deux fois derrière George Russell et sa pauvre Williams (Monaco et Hongrie). Voici quelques exemples de ses « bas ».

 

Puis, il y a les hauts. Dès le début de la saison, il commence en force en Australie alors qu’il remonte de la 16e place sur la grille à la 9e en course. Même chose au Canada, où il multiplie les dépassements pour terminer 9e après s’être qualifié 18e. Et bien sûr, il ne faut surtout pas oublier le Grand Prix d’Allemagne. Le Canadien a alors profité de la pluie et d’un choix de pneus audacieux sous la voiture de sécurité pour mener la course (un demi-tour, mais quand même!) et terminer 4e.

 

Sur Twitter, la Formule 1 a publié cette statistique que j’aime bien. Stroll a gagné 44 places cette saison, loin devant les autres pilotes du plateau. Ce n’est pas une statistique très pertinente en soi, parce que les meilleurs pilotes du plateau prennent le départ à l’avant et n’ont pas besoin de gagner des positions. Sauf qu’elle est intéressante, car elle illustre parfaitement bien la saison de Stroll jusqu’à présent. Ses résultats difficiles en qualifications le placent à l’arrière, mais il trouve généralement le moyen de gagner des places le dimanche et d’aller chercher quelques résultats. Même s’il n’a jamais battu Perez le samedi, Stroll a terminé quatre fois dans les points, contre trois pour Perez.

S’il est clair que le Québécois a besoin de plus de constance et de meilleurs résultats en qualifications, il mène son coéquipier là où ça compte le plus. Avec 18 points, il est 12e au classement alors que Sergio Perez est 16e. Pour un pilote de 20 ans qui arrive dans une nouvelle équipe et qui affronte un coéquipier d’expérience, au fond, c’est tout ce qui compte.

 

Haas

 

Meilleur en qualifications : Magnussen 7-5

Meilleur en course : Magnussen 6-5

Points : Magnussen 18, Grosjean 8

 

Un peu comme Renault, Haas s’attendait certainement à une saison plus fructueuse. C’est extrêmement difficile pour l’écurie américaine. On peine à trouver les bons réglages pour faire fonctionner les pneus et les évolutions sur la voiture n’apportent pas les résultats escomptés, si bien que Romain Grosjean a même disputé les derniers Grands Prix sans ces évolutions, reprenant plutôt la version de la voiture du Grand Prix d’Australie. Quand on se cherche...

 

Par contre, pour les pilotes, l’affrontement est très serré, que ce soit au point de vue des statistiques ou des luttes en piste. Les contacts entre les deux ont certainement donné des maux de tête à Gunther Steiner, surtout en Grande-Bretagne, où les deux ont été forcés à l’abandon.

 

Bref, c’est un affrontement serré, mais c’est à se demander si des changements et un peu de vent frais ne feraient pas du bien à l’écurie américaine. J’ai hâte de voir quelle direction Haas prendra au cours des prochaines semaines concernant l’avenir de ses pilotes.

 

Williams

 

Meilleur en qualifications : Russell 12-0

Meilleur en course : Russell 10-2

Points : Kubica 1, Russell 0

 

C’est une autre saison catastrophique pour Williams, mais au moins, on assiste peut-être à l’émergence d’un excellent pilote en George Russell. Champion de F2 l’an dernier, on savait qu’il était prometteur et talentueux, mais que sa monture ne lui permettrait probablement de s’exprimer autant que Norris et Albon.

 

Le Britannique répond à l’appel en tirant tout ce qu’il est possible d’extirper de cette voiture. Lors du dernier Grand Prix, il est passé bien près d’atteindre la Q2 avec une 16e place. Ça prouve que lentement, mais sûrement, Williams progresse légèrement.

 

Toutefois, même s’il a dominé son coéquipier depuis le début de la saison, Russell n’a pas récolté de points... ce que Robert Kubica est parvenu à accomplir en Allemagne. Ce résultat est certainement un baume sur la saison difficile de Williams et de Kubica, mais il n’en demeure pas moins que le retour en Formule 1 du Polonais n’est pas aussi glorieux qu’on aurait espéré. Son histoire de persévérance est digne d’un film, et rien ne pourra changer cela, mais au bout du compte, Kubica peine à tenir la cadence et il se pourrait fort bien que son grand retour devienne plutôt une tournée d’adieu.

 

Voici donc le portrait à la pause estivale. La beauté de tout ça, c’est qu’il reste encore neuf Grands Prix à cette saison de Formule 1 et que tout peut encore changer! Les prochaines semaines s’annoncent excitantes au point de vue des annonces des pilotes pour l’an prochain, mais elles le seront également en piste avec deux des Grands Prix les plus appréciés, soit en Belgique et en Italie.

 

RDS vous donne bien sûr rendez-vous cette fin de semaine alors que la séance de qualifications du Grand Prix de Belgique vous sera présentée samedi à 8 h 45 et la course, dimanche, dès 8 h 30.