C’est tout un début de saison que nous avons eu en Formule 1. La lutte entre Lewis Hamilton et Max Verstappen nous procure des courses spectaculaires et, dernièrement, une bonne dose de « drama » sur et à l’extérieur de la piste. On a droit à deux pilotes d’exceptions qui ne veulent surtout pas donner un centimètre à l’autre, et la rivalité entre les deux ne fera qu’augmenter plus on approchera de la fin de la saison.

 

Et en milieu de peloton, on a aussi droit à de belles histoires. Lando Norris qui continue sa progression, les Ferrari qui reprennent lentement mais sûrement du poil de la bête, la victoire d’Esteban Ocon et d’Alpine… il y en a pour tous les goûts. En fait, en 11 courses, sept des dix écuries sont montées au moins une fois sur le podium!

 

Après une pause estivale bien méritée, je vous propose mon traditionnel tour d’horizon et ma comparaison des coéquipiers, équipe par équipe.

 

Mercedes

 

Meilleur en qualifications : Hamilton 8-3

Meilleur en course : Hamilton 9-2

Points : Hamilton 195 (1er), Bottas 108 (4e)

Podiums : Hamilton 8, Bottas 6

 

Ça faisait un bon moment que Lewis Hamilton et Mercedes n’avaient pas affronté une telle opposition. Dans le cas de Hamilton, il faut probablement remonter à 2016, année où il avait perdu le titre face à Nico Rosberg.

 

Quand la pression augmente, c’est normal de voir des pilotes faire des erreurs, et Hamilton en a fait davantage en cette première moitié de saison. Sa sortie de piste à Imola aurait pu lui coûter cher, mais un drapeau rouge lui a permis de remonter à la 2e place. À Bakou, une mauvaise manipulation au volant lors de la relance l’a empêché d’aller chercher 25 précieux points sur Verstappen. Et à Silverstone, même si les commissaires l’ont jugé fautif pour l’incident avec Verstappen, il est tout de même reparti avec la victoire.

 

 

Malgré tout, c’est lui qui est aux commandes du championnat et il est difficile de miser contre lui et son expérience. Mais pour dépasser la marque de sept championnats qu’il détient avec Michaël Schumacher, il devra être à son meilleur en deuxième moitié de saison, parce que Verstappen et Red Bull ne lâcheront rien.

 

Quant à Valtteri Bottas, ce n’est pas sa meilleure saison avec Mercedes, mais il n’est pas non plus aussi mauvais que certains voudraient le faire croire. Six podiums, ce n’est tout de même pas gênant. Pour l’instant, il fait légèrement mieux que Sergio Perez avec 4 points d’avance, ce qui est son objectif principal dans le but d’aider Mercedes à aller chercher le titre des constructeurs. C’est loin d’être parfait, mais ce n’est pas non plus une catastrophe.

 

Le problème de Bottas cette année, c’est surtout qu’il a dû passer au travers de très mauvaises courses. À Imola, il n’avait aucun rythme avant de s’accrocher avec George Russell. À Bakou, alors qu’il avait une configuration d’aileron arrière différente d’Hamilton, il était complètement largué. Et en Hongrie, sa manœuvre au départ a ruiné sa course, mais aussi celle de Lando Norris et des deux Red Bull. Ce sont ces épreuves qui sont à l’origine des nombreuses critiques.

 

Il devra donc faire bien mieux s’il veut espérer garder son poste chez Mercedes l’an prochain… s’il n’est pas déjà trop tard. Les rumeurs envoyant George Russell chez Mercedes en 2022 sont de plus en plus persistantes…

 

Red Bull

 

Meilleur en qualifications : Verstappen 10-1

Meilleur en course : Verstappen 9-2

Points : Verstappen 187 (2e), Perez 104 (5e)

Podiums : Verstappen 8, Perez 2

 

Chez Red Bull, on sent vraiment à quel point on ne veut pas laisser cette opportunité filer. Max Verstappen est au sommet de son art et on ne peut lui reprocher grand-chose depuis le début de la saison. Avec les changements de règlements la saison prochaine et le départ de Honda, Red Bull fait tout dans l’optique d’être sacré champion en 2021.

 

On l’a bien vu en Grande-Bretagne lorsqu’on a fait entrer aux puits Perez pour qu’il puisse jouer le meilleur tour… dans le seul but d’enlever ce point à Hamilton. On l’a bien vu aussi lorsqu’on a demandé au pilote d’essai, Alex Albon, de rouler à Silverstone afin de recréer la trajectoire d’Hamilton pour obtenir des données pour le processus d’appel. Ça démontre bien l’état d’esprit de l’écurie de Christian Horner.

 

Il faudra toutefois éviter de se laisser distraire pour nos émotions chez Red Bull. Alors que la rivalité s’accentue, Red Bull devra être capable de ne pas se laisser emporter par la frustration et rester bien concentré sur l’objectif.

 

Du côté de Perez, il permet à Red Bull d’avoir enfin un pilote d’expérience aux côtés de Verstappen pour lutter pour le titre des constructeurs. Le Mexicain s’acclimate bien à sa nouvelle équipe et fait le travail… mais on constate toutefois que peu de pilotes en Formule 1 peuvent réellement suivre le rythme de Verstappen.

 

Ferrari

 

Meilleur en qualifications : Leclerc 8-3

Meilleur en course : Leclerc 6-5

Points : Sainz 83 (6e), Leclerc 80 (7e)

Podiums : Sainz 2, Leclerc 1

 

Même si les tifosis aimeraient sans doute en voir beaucoup plus de la part de Ferrari, il reste que c’est une saison encourageante pour la Scuderia après la catastrophe de l’an dernier. Troisième au classement, à égalité avec McLaren pour le nombre de points, est certainement satisfaisant pour l’équipe de Mattia Binotto. Bien sûr, on aimerait voir Ferrari se battre pour des victoires, pour des championnats, et l’écurie compte sur les changements de 2022 pour se relancer. Mais en attendant, on redonne un peu d’espoir avec un duo de pilotes solide et une récolte de trois podiums et de deux positions de tête.

 

 

Avec les difficultés de Ferrari depuis la saison 2020, j’ai l’impression qu’on oublie parfois à quel point Charles Leclerc est un jeune pilote prometteur et bourré de talent. Il est toujours capable d’extirper le meilleur de sa Ferrari et d’aller chercher des résultats intéressants chaque fois que l’occasion se présente.

 

Ses deux positions de tête le démontrent très bien. Même s’il est vrai que des drapeaux rouges sont venus confirmer ses positions de tête, il reste que Leclerc avait chaque fois inscrit le meilleur temps lors des premiers tours en Q3. Je suis impatient de le revoir se battre, semaine après semaine, pour des victoires et des podiums.

 

Quant à Carlos Sainz, on peut dire qu’il a réussi son entrée avec Ferrari. Comme plusieurs autres, il a eu besoin d’un temps d’adaptation, mais on reconnaît déjà le Carlos Sainz de McLaren, soit un pilote fiable, constant, qui profite des occasions et qui récolte beaucoup de points. Avec déjà deux podiums et trois points d’avance sur Leclerc, je ne crois pas que la Scuderia regrette son choix. C’est un duo qui pourrait être très solide dans les années à venir.

 

McLaren

 

Meilleur en qualifications : Norris 8-3

Meilleur en course : Norris 9-2

Points : Norris 113 (3e), Ricciardo 50 (9e)

Podiums : Norris 3

 

Chez McLaren, les constats sont assez différents. Commençons par l’une des belles histoires cette année, celle de Lando Norris. Le pilote britannique, à sa troisième saison, est maintenant vraiment confortable au volant de sa McLaren et ça paraît. Avec trois podiums, Lando est troisième au classement des pilotes, devant la Mercedes de Valtteri Bottas et la Red Bull de Sergio Perez.

 

Il est aussi la définition de constance cette saison, récoltant des points à tous les Grands Prix, sauf au dernier, victime de la manœuvre ratée de Valtteri Bottas. S’il peut maintenir le rythme, il sera assurément l’une des étoiles de la saison.

 

De l’autre côté du garage, c’est plus complexe pour Daniel Ricciardo, et j’en avais d’ailleurs glissé un mot dans une chronique plus tôt cette saison.

 

Mais il y a eu des moments encourageants pour l’Australien, comme en France ou en Grande-Bretagne. Donnons-lui le reste de la saison pour s’acclimater, mais l’an prochain, il devra répondre et être beaucoup plus près de Norris, car l’écart entre les deux pilotes est trop important présentement.

 

Alpine

 

Meilleur en qualifications : Alonso 6-5

Meilleur en course : Ocon 6-5

Points : Ocon 39 (10e), Alonso 38 (11e)

Podium : Ocon 1

 

C’est une saison qui avait commencé timidement pour Alpine, mais qui s’est terminée, avant la pause estivale, par un feu d’artifice avec la victoire d’Ocon en Hongrie. Bien sûr que cette victoire est due à des circonstances uniques avec une relance à une seule voiture sur la grille de départ, mais il reste que ça démontre la progression de l’écurie française.

 

Il y a des hauts et des bas pour cette écurie, parfois de bons résultats, parfois des épreuves où les points semblent inatteignables. On pouvait peut-être s’attendre à un peu plus compte tenu des performances de Renault l’an dernier, mais il reste encore une moitié de saison et les progrès de l’écurie pourraient continuer de se matérialiser.

 

Quant aux pilotes, on a droit une lutte très serrée, comme le démontre les statistiques. C’est vrai que c’était un peu plus compliqué pour Ocon par moment, mais sa victoire lui procurera une bonne dose de confiance. Le voir mener d’un bout à l’autre en résistant aux attaques d’un quadruple champion du monde était une belle démonstration du potentiel qu’il peut atteindre.

 

 

AlphaTauri

 

Meilleur en qualifications : Gasly 11-0

Meilleur en course : Gasly 9-2

Points : Gasly 50 (8e), Tsunoda 18 (13e)

Podium : Gasly 1

 

Chez AlphaTauri, il devient de plus en plus intéressant de suivre les performances de Pierre Gasly, qui depuis deux ans, démontre vraiment qu’il mérite une deuxième chance avec une écurie de pointe. Gasly est presque toujours dans la lutte en milieu de peloton, particulièrement en qualifications. Huit fois en onze épreuves, le Français s’est qualifié au sein du top-6 avec sa AlphaTauri. C’est franchement impressionnant.

 

Avec un podium cette saison et une victoire l’an dernier, Gasly se sent bien chez AlphaTauri et il peut continuer de se développer sans avoir trop de pression, mais il prouve aussi qu’il est prêt pour un nouveau défi… il faut simplement lui souhaiter qu’une place à la hauteur de son potentiel se libère devant lui.

 

Son coéquipier, Yuki Tsunoda, passe par une saison d’adaptation en Formule 1. C’est normal et il faut lui laisser du temps, ce que Red Bull n’a pas fait avec Gasly et Alexander Albon. Tsunoda a peu d’expérience en Europe et il apprend parfois à la dure, mais il a aussi démontré de beaux « flashs », notamment à son tout premier Grand Prix à Sakhir.

 

Par contre, si je veux bien lui laisser du temps et lui pardonner des erreurs en piste ici et là, je pense qu’il doit aussi prendre en maturité et apprendre à mieux gérer ses émotions. Suis-je le seul à éprouver un malaise lorsqu’un jeune comme lui crie à son équipe dans la radio presque à chaque épreuve? Je comprends que c’est sa personnalité et son caractère, mais je peine à croire que c’est toujours bien reçu dans les garages et à l’usine. AlphaTauri prépare de bonnes voitures, Gasly le prouve semaine après semaine… Et si on le tolère chez AlphaTauri, je peine à croire que Christian Horner va apprécier ce comportement si jamais Tsunoda devait être promu.

 

Aston Martin

 

Meilleur en qualifications : Vettel 7-4

Meilleur en course : Stroll 6-4

Points : Vettel 30 (12e), Stroll 18 (14e)

Podium : Vettel 1

 

Les attentes étaient tellement élevées chez Aston Martin. L’écurie avait fait très bien en 2020. Avec l’arrivée en 2021 du prestigieux nom d’Aston Martin et d’un quadruple champion du monde, c’était facile d’imaginer l’écurie tirer une fois de plus son épingle du jeu en milieu de peloton. Mais les partisans de l’écurie de Lawrence Stroll sont probablement un peu déçus de ce début de saison, qui s’explique en grande partie par les changements de règlements au fond plat qui affectent particulièrement les Verts.

 

C’est vrai que ce n’est pas particulièrement probant, et sans le podium de Vettel en Azerbaïdjan, ce serait encore plus décevant (mais à l’inverse, sans la disqualification de Vettel en Hongrie, ce serait beaucoup plus encourageant).

 

Mais essayons de voir le positif, car il y en a. Premièrement, Vettel a mis du temps à se mettre en marche et les premières courses étaient une catastrophe, mais depuis Monaco, on retrouve un Sebastian Vettel plus performant. Lentement mais sûrement, Vettel pourrait devenir le leader qu’Aston Martin voyait en lui. J’ai bien hâte de voir la suite dans son cas.

 

Du côté de Stroll, il n’a pas encore réussi de coup d’éclat avec sa nouvelle voiture, mais il a tout de même réussi de belles courses. Il a terminé six fois dans les points. Il a même terminé devant son coéquipier plus souvent que l’inverse, mais il n’a pas réussi à aller chercher de gros résultats comme Vettel l’a fait.

 

Reconnu pour ses départs, Stroll continue d’avoir cette carte dans son jeu. Depuis le début de la saison, seul Kimi Räikkönen a gagné plus de positions au 1er tour que Stroll.

 

 

Il aurait cependant pu profiter des conditions en Hongrie comme il sait si bien le faire, mais une erreur au freinage l’a non seulement sorti de la course, mais le fera reculer sur la grille de départ au prochain Grand Prix.

 

Williams

 

Meilleur en qualifications : Russell 11-0

Meilleur en course : Russell 7-3

Points : Latifi 6 (15e), Russell 4 (16e)

 

C’est une belle progression cette année pour Williams qui s’approche un peu du milieu de peloton et qui donne un peu d’espoir en l’avenir pour l’écurie britannique. Williams a terminé au dernier rang lors des trois dernières saisons et n’avait inscrit qu’un seul point en deux saisons.

 

La récolte de 10 points en Hongrie est donc très encourageante et Williams figure maintenant devant Alfa Romeo et Haas au classement.

 

De plus, les performances de Russell en qualifications ne font que s’améliorer. Le Britannique n’a toujours pas été battu par un coéquipier en qualifications avec Williams et il en est à sa troisième saison! Cette année, il atteint régulièrement la Q2 et s’est même permis des visites en Q3 à quelques reprises. Il a enfin inscrit ses premiers points avec Williams, ce qui l’a d’ailleurs rendu très émotif. Il est prêt pour un défi à la hauteur de son potentiel…

 

Quant à Latifi, il continue de souffrir de la comparaison avec son coéquipier, mais ce n’est pas une surprise compte tenu du potentiel de Russell. Malgré tout, sa 7e place en Hongrie est une belle récompense pour ses efforts, et le voilà même devant Russell au classement. Ça ne reflète peut-être pas l’allure générale de la situation chez Williams, mais personne ne peut enlever au Canadien cette bonne récolte de points.

 

Alfa Romeo

 

Meilleur en qualifications : Giovinazzi 7-4

Meilleur en course : Kimi Räikkönen 6-5

Points : Räikkönen 2, Giovinazzi 1

 

J’aimerais tellement en voir plus de cette écurie. Alfa Romeo est un nom prestigieux dans le monde du sport motorisé et dans le monde de l’automobile en général. L’écurie peut compter sur un ancien champion du monde. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous.

 

Giovinazzi progresse bien et il est maintenant devant son coéquipier de façon régulière en qualifications. Mais à 27 ans, ce n’est pas non plus un jeune pilote au potentiel énorme. Il reste que Ferrari compte sur lui comme pilote d’essai, et c’est pourquoi on souhaite qu’il reste chez Alfa Romeo.

 

Quant à Räikkönen, il n’a pas les outils pour faire justice à son statut de champion du monde et à 41 ans, Iceman ne rajeunit pas.

 

Bref, j’espère que cette écurie profitera de 2022 pour se relancer. J’aimerais aussi voir cette écurie faire de la place à de plus jeunes pilotes et leur donner un bel environnement pour apprendre, comme ce fut le cas, avec succès, pour Charles Leclerc. Ce pourrait être Mick Schumacher, Robert Shwartzman ou Théo Pourchaire l’an prochain, par exemple. Bref, j’ai hâte de voir quelle direction cette écurie voudra suivre en 2022.

 

Haas

 

Meilleur en qualifications : Schumacher 9-2

Meilleur en course : Schumacher 9-2

Points : Schumacher 0, Mazepin 0

 

On s’attendait à ce genre de saison catastrophique chez Haas. L’écurie elle-même avouait en début de saison se concentrer uniquement sur 2022. Ce n’est pas une surprise.

 

C’est donc extrêmement difficile pour Mick Schumacher et Nikita Mazepin de se faire justice dans de telles conditions.

 

Les deux pilotes ont fait leur part d’erreurs, rien pour aider les finances de Haas, d’ailleurs. Mais ils apprennent à la dure. Souhaitons-leur simplement de pouvoir compter sur un meilleur équipement l’an prochain afin de démontrer ce qu’ils valent réellement.

 

En attendant, le fils de Michael continue de faire ce qu’il doit faire dans ces circonstances, soit battre son coéquipier de façon régulière.