L’épreuve de Coupe Sprint tenue dimanche à Martinsville nous a procuré une bonne dose d’émotions, tout comme sa conclusion spectaculaire. On l’a vu avec la bataille que Kurt Busch, vainqueur de l’épreuve, et son rival Jimmie Johnson se sont livrés dans les derniers instants de la course : les équipes sont plus déterminées que jamais à garder leurs pilotes aux devants du peloton, et prendront d’énormes risques afin de parvenir à leurs fins.

Le changement des mentalités est donc bien réel, et le nombre de changements de meneurs (33) enregistrés ce week-end n’est qu’une preuve supplémentaire à l’appui. Il s’agissait d’une nouvelle marque pour l’ovale de Martinsville.

Après 83 courses sans la moindre victoire, Busch a enfin pu sortir le champagne, lui qui avait pourtant atteint le fond du baril il n’y a pas si longtemps. Il a réellement changé, et les événements l’ont forcé à acquérir de la maturité. Je ne crois pas qu’il aurait pu faire preuve d’un tel calme et d’un tel sang-froid s’il n’était pas passé à travers ces temps durs. Busch a exceptionnellement bien géré la situation lorsqu’un accrochage est survenu avec Brad Keselowski en début de course.

L’ancien Busch aurait probablement laissé cet incident le distraire, surtout que Keselowski semblait être revenu en piste pour lui nuire d’une certaine façon. Mais il n’est pas sorti de ses gonds, se concentrant plutôt sur la tâche à accomplir et se montrant patient.

Rappelons que Penske avait décidé de libérer Busch à la suite de ses nombreuses frasques, notamment lors de ses sorties médiatiques. Il pensait se trouver un nouveau volant facilement, mais ce n’est pas arrivé comme il le souhaitait.

Pendant deux ans, il a dû manger son pain noir dans les équipes de fond de grille, avant de finalement décrocher une opportunité lorsque Gene Haas, de Stewart-Haas Racing, lui donne une chance de se faire valoir. Haas n’avait jamais remporté une course depuis son adhésion à la Coupe Sprint. Il a reconnu le talent de Busch, et ce dernier l’a récompensé avec brio la semaine dernière.

La donne a changé pour Johnson

Pour Jimmie Johnson, bien qu’une deuxième place constitue un bon résultat sur l’un de ses circuits de prédilection, il y a certainement une part de déception à en retirer, puisqu’il a été à l'avant du peloton pendant près de 300 tours. C’est la première fois que je vois Johnson aux commandes aussi longtemps et se faire soutirer la première place. La donne a changé pour le vétéran pilote ; ce sera une lutte de tous les instants pour remporter des courses.

Désormais, s’il y a une relance en fin de course et qu’il est meneur, les autres pilotes iront mettront la pédale au plancher pour le devancer. Je ne suis toutefois pas inquiet pour lui.

Dale Earnhardt fils est un autre vétéran qui démontre une belle constance depuis le début du calendrier, lui qui vient de reprendre les commandes du championnat avec une satisfaisante troisième place. Il impressionne souvent par de solides débuts de saison. Le nouveau système a fait en sorte qu’après sa victoire lors de la première course, Earnhardt a pu courir avec une énorme pression en moins.

Serré plus que jamais

Le triomphe de Kurt Busch à Martinsville signifiait que six pilotes différents ont enlevé les honneurs des six premières épreuves. Compte tenu de la nouvelle réglementation et du portrait qui se dessine, une victoire pourrait pratiquement assurer aux pilotes une place en Chase. Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire de la Coupe Sprint que plus de 16 athlètes différents remportent les 26 épreuves.

Ça se poursuit ce week-end avec l’épreuve disputée au Texas Motor Speedway, un circuit rapide d’une distance d’un mille et demi, que je considère une course « typique » du NASCAR. La triste réalité est que les pneumatiques et les ajustements apportés par les différentes équipes joueront pour beaucoup dans le déroulement de cette épreuve. L’adhérence à la piste a posé bon nombre de maux de tête depuis le début du calendrier, entre autres à Fontana il y a deux semaines.

Il sera aussi intéressant de surveiller les agissements de Keselowski à Fort Worth. N’oublions pas que l’an dernier, l’équipe Penske s’était fait prendre à tricher, et que cela avait complètement bousillé leur saison. Parions que malgré toutes ses belles paroles et menaces, Keselowski se tiendra néanmoins tranquille au Texas.

*Propos recueillis par Maxime Desroches