C’est tout un tour de force que nous a présenté Jimmie Johnson dimanche dernier au volant de sa Chevrolet no 48, lors de l’épreuve de la Coupe Sprint disputée sur le circuit Atlanta Motor Speedway. Sa victoire acquise lors du QuikTrip Folds of Honor 500 sert en quelque sorte d'avertissement à tous les pilotes concurrents : « J’ai bien l’intention de faire oublier la déception connue l’an passé en Chase, et ça commence dès maintenant. »

L’équipe Hendrick n’est pas étrangère à ce type de remontées dans le tableau malgré une position défavorable sur la grille de départ. Johnson faisait partie d’un groupe de pilotes ayant connu des ennuis lors de l’inspection technique, ce qui l’a relégué à une position peu enviable pour entamer la course. Sauf qu’il ne faisait aucun doute que sa voiture était parmi les plus rapides tout au long de la fin de semaine.

Nombreux étaient les observateurs qui prédisaient que les changements de règlements mis en place pour la saison 2015 allaient convenir parfaitement au vétéran pilote. On en a eu une belle démonstration dès la deuxième épreuve du calendrier! Johnson nous apprenait en entrevue d’après-course que lors de la dernière relance, il a emprunté les virages 3 et 4 sans lever le pied. C’est hallucinant, compte tenu de la configuration de la piste et du fait qu’il ne roulait pas sur des pneus neufs, loin de là, à ce stade de la course. C’est une preuve indéniable du grand talent que possède ce vétéran chevronné.

S’il est vrai les modifications apportées en termes d’aérodynamisme et de puissance du moteur risquent de créer une dynamique nouvelle en Sprint, ce n’est pas à Atlanta qu’on peut constater de manière tangible les différences. C’est un circuit hyper différent de la norme et ce n’est pas nécessairement un reflet de ce qu’on voit habituellement en termes de comportement des voitures. À mon sens, ce circuit ne donne pas les courses les plus excitantes, donc je réserve mon jugement pour d’autres épreuves, comme Las Vegas ce dimanche par exemple. Je crois qu’on verra les bolides se suivre de beaucoup plus près.

Il reste cependant qu’on a vu plusieurs dépassements la fin de semaine dernière, chose qu’on ne voit pas ordinairement à Atlanta. De quoi nous mettre en appétit et nous donner espoir pour la suite du calendrier.

Pendant ce temps, un autre pilote expérimenté, le champion défendant Kevin Harvick, a obtenu la deuxième position, sa deuxième consécutive après celle décrochée au Daytona 500. La régularité de son pilotage est carrément fascinante à observer, et je ne suis pas le seul à penser ainsi. En effet, son coéquipier de Stewart-Haas Racing, le jeune Chase Elliott, y est allé d’une affirmation empreinte d’humilité après la conclusion de l’épreuve de dimanche, mentionnant que Harvick en avait fait considérablement plus que lui avec la même voiture. « Nos autos sont préparées à la même place… Kevin savait simplement mieux comment la conduire », a-t-il confié sans ambages. J’ai trouvé rafraîchissante cette citation de l’athlète de 19 ans, teintée d’une grande honnêteté.

Ce n’est pas le simple fruit du hasard de voir deux pilotes âgés de 39 ans se retrouver en si bonne posture en ce début d’année. J’ai pour mon dire que le bagage d’expérience vaut son pesant d’or en NASCAR. Il est vrai que les jeunes pilotes ont la confiance en leurs moyens et les capacités requises pour en mettre plein la vue, mais des gars comme Johnson, Harvick, et Jeff Gordon avec ses 43 années bien sonnées, utilisent à bon escient les précieuses connaissances acquises au fil des ans. Contrairement à la Formule 1 ou au Championnat IndyCar, la variable informatique n’entre pas en jeu durant les courses. C’est réellement l’expérience du pilote qui joue un rôle déterminant quand il s’agit d’envoyer le chef d’équipe dans la bonne direction.

Pour Gordon, les choses ont pris un tournant qu’il aurait souhaité éviter en ce début d’année, sa dernière avant l’heure de la retraite. Deux incidents ont bousillé ses courses à Daytona et à Atlanta. Je suis persuadé que pour l’instant, constatant les résultats actuels, il se félicite d’avoir annoncé son départ prochain du NASCAR. Il demeure néanmoins que la malchance s’est acharnée sur lui jusqu’à présent, et que lorsqu’il savourera de nouveau la victoire – je suis confiant que cela va se produire –  il regrettera son choix!

Prochaine étape : le Kobalt 400 disputé à Las Vegas ce dimanche. Nous aurons alors la chance d’évaluer avec un plus grand degré de certitude l’ampleur des changements apportés aux règlements.

* Propos recueillis par Maxime Desroches