La véritable saison de curling s'amorce en fin de semaine en provenance de St. Catherines en Ontario. En effet, les 10 représentantes des provinces canadiennes, en plus des trois représentantes des territoires canadiens se disputeront non seulement le titre canadien de curling féminin et le droit de représenter le pays au prochain Championnat du monde qui aura lieu à Beijing en Chine, mais aussi un laissez-passer pour les prochains essais olympiques qui eux auront lieu à Ottawa en décembre prochain.

Les amateurs de curling qui ont suivi du coin de l'oeil les différents titres provinciaux aux cours des dernières semaines savent qu'il y a eu énormément de surprises et cela dans plusieurs provinces canadiennes. Plusieurs favorites ont chuté avant le fil d'arrivée. Si on jette un regard du côté des meilleures boursières en 2016-2017, on peut se rendre compte que cinq des six meilleures équipes canadiennes n'ont pas réussi à mériter les grands honneurs dans leurs provinces respectives. Les plus grosses surprises sont venues du Manitoba, où la quintuple championne canadienne et médaillée d'or aux Jeux de Sochi, Jennifer Jones, n'a pas réussi à grimper sur la plus haute marche du podium. On pourrait également ajouter le nom de Kerri Einarson, championne manitobaine en 2016 et sixième présentement au classement des boursières au Canada, qui se joindra à Jennifer Jones à titre de spectatrices à compter de samedi prochain.

Pour ce qui est des autres absences d'importance, notons en Alberta les noms de Casey Scheidegger et de Val Sweeting (finaliste au Tournoi des coeurs à Montréal en 2014 et en 2015 a Moose Jaw) qui elles sont classées respectivement quatrième et cinquième au Canada. Si on ajoute à cette liste le nom d'Alison Flaxey en Ontario, on se retrouve avec cinq des six meilleurs équipes féminines absentes à St. Catherines à compter du 18 février prochain. Quand même étonnant comme situation si on prend en considération que depuis quelques années, l'écart entre l'élite du curling Canadien et les aspirants semble vouloir se creuser d'année en année et qu'il devient extrêmement ardu pour les jeunes formations de s'imposer.

Comment expliquer une telle situation? C'est fort simple, ce ne sont pas des jeunes qui ont joué les troubles fêtes, mais les équipes d'expérience! Concentrons-nous simplement sur les différentes capitaines en présence et leurs titres provinciaux chez les dames.

Rapidement, nous arrivons à un total de 58 participations au Tournoi des coeurs, sans compter l'édition 2017. Nous aurons une tonne d'expérience. Par contre, seulement trois de ces 58 participations se sont soldées par des médailles d'or. Deux titres du côté de l'Ontarienne Rachel Homan et un du côté de l'Albertaine Chelsea Carey.

Histoire de s'amuser un peu avec les statistiques, si on soustrait les noms de Homan et de Carey de cette longue liste, dans les 52 autres participations à ce Championnat nous ne retrouvons aucun titre national et une fiche globale de 246 victoires et 281 défaites, soit 34 matchs sous la barre de ,500.

Poussons encore un peu plus loin. Depuis le début des années 2000, seulement trois des équipes en présence à St. Catherines ont déjà participé à la ronde des médailles. On doit en effet ajouter le nom de Krista Mccarville, du Nord de l'Ontario, à ceux de Homan et Carey. McCarville s'est inclinée en grande finale en 2016 en plus d'une médaille de bronze en 2010.

Nonobstant ces trois formations, une seule des capitaines en présence a réussi à maintenir une fiche supérieure a ,500 depuis le début des années 2000 au Tournoi des coeursé Il s'agit de Shannon Kleibrink en 2011 avec une fiche de six victoires et cinq défaites.

Que peut-on conclure de cette brève analyse? Tout d'abord qu'à moins d'une très grande surprise, la lutte devrait se faire à trois équipes. Homan, la grande favorite, Carey, la championne canadienne en titre, et McCarville, finaliste en 2016.

Mais dans la formule utilisée au Championnat canadien, une quatrième équipe participera à la ronde des médailles!

C'est à ce niveau qu'on retrouvera beaucoup d'action et d'intérêt dans le tournoi à la ronde précédant la ronde finale. Laquelle des formations en présence réussira à s'imposer? Quelle capitaine saura uiliser sa large expérience à bon escient et accomplir ce qu'elle n'aura jamais réussi à faire au cours des 16 dernières années?

La Québécoise Ève Bélisle saura-t-elle utiliser sa propre expérience et se distinguer face aux autres capitaines dont les feuilles de route au fil des ans démontrent qu'elles ont connu de la difficulté à bien performer en compétition nationale? Mis à part les trois formations mentionnées précédemment, je crois sincèrement que le Québec aura autant de chance que les autres provinces de se faufuler dans le quatuor final. Bélisle et sa troupe ont connu en janvier dernier un parcours parfait au Championnat provincial et ont remporté le titre face à la favorite québécoise Marie-France Larouche. Elles avaient également vaincu la formation de Larouche dans le dernier match du tournoi à la ronde. C'est de très bon augure pour nos Québécoises et je crois sincèrement en leurs chances de participer à la ronde finale.

Une fois dans la ronde des médailles tout est possible. Et qui sait, lorsque l'on regarde le nombre de surprises qu'il y a eu chez les dames dans les différents Championnats provinciaux cette année, peut-être que la tendance se maintiendra et que nous assisterons à d'autres surprises à compter de samedi.