BORDEAUX (AFP) - L'interpellation et la garde à vue de Laurent Biondi, directeur sportif adjoint de l'équipe professionnelle cycliste française AG2R, relancent l'affaire du "pot belge", un vaste trafic de produits dopants entre la Belgique et la France.

L'ancien coureur, qui s'est rendu à une convocation des enquêteurs, a été placé en garde à vue mercredi dans les locaux de la gendarmerie de Grenoble, a-t-on appris vendredi auprès du parquet de Bordeaux. Il a ensuite été placé en détention préventive dans l'attente de son transfèrement à Bordeaux (sud-ouest).

Les gendarmes en charge de l'enquête, qui travaillent dans le cadre d'une instruction centralisée à Bordeaux pour le volet français de l'affaire, ont perquisitionné son bureau, au siège d'AG2R à Chambery (Alpes françaises).

Aujourd'hui âgé de 44 ans, Laurent Biondi a couru dix ans (1983-1993) chez les professionnels et a notamment remporté un titre de champion du monde de la course aux points (piste) en 1990.

Sous mandat d'amener, Laurent Biondi doit être entendu lundi à Bordeaux par les juges d'instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS), selon le parquet de Bordeaux.

Une deuxième personne qui serait proche du milieu cycliste sans toutefois être un professionnel, a aussi été interpellée et devrait être prochainement présentée aux magistrats instructeurs, a ajouté la même source. Son identité n'a pas été révélée.

Vincent Lavenu, directeur sportif de l'équipe cycliste AG2R, s'est déclaré vendredi "stupéfait" de la garde à vue de son adjoint Laurent Biondi.

"C'est fou !, a déclaré à l'AFP Vincent Lavenu. (..) Laurent est mon plus proche collaborateur et je le connais depuis vingt ans. Quand on parle du règlement intérieur dans notre équipe, il est le plus rigoureux. Tout ceux qui le connaissent sont stupéfaits de ce qui apparaît dans la presse".

"S'il est mis en examen, il sera écarté du groupe comme le prévoit la charte éthique que nous avons signée", a encore dit le directeur sportif d'AG2R.

Laurent Biondi, qui devait épauler Vincent Lavenu sur Paris-Nice (6 au 13 mars), sera remplacé par le Lituanien Arturas Kasputis.

Crever l'abcès

Quatre nouvelles mises en examen de personnes liées au milieu du cyclisme, ont été prononcées depuis le vaste coup de filet mené en janvier par la police belge et française, a par ailleurs indiqué le parquet de Bordeaux.

Au total, dix-huit personnes ont été mises en examen dans le volet français de cette affaire de produits dopants. Huit ont été placées en détention provisoire.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le trafic porte sur plus de 3.000 doses de "pot belge" - un cocktail d'héroïne, d'amphétamines, de cocaïne et de produits antalgiques - revendues dans le sud de la France à des coureurs de tous niveaux, professionnels ou amateurs.

Parmi la vingtaine de personnes arrêtées les 18 et 19 janvier dans le sud de la France figurent le Belge Freddy Sergeant, ancien soigneur de l'équipe belge ADR à la fin des années 80, et son épouse Monique, tous deux soupçonnés d'avoir importé de Belgique les produits dopants.

Le couple a été écroué, de même que l'ancien coureur professionnel Laurent Roux et son frère Fabien, ou encore l'ancien champion du monde de VTT, Christophe Dupouey.

L'avocat de la Fédération française de cyclisme, Paul Mauriac, s'est dit satisfait vendredi du rapide avancement de l'enquête, estimant, dans un entretien téléphonique avec l'AFP, qu'il était nécessaire de "crever l'abcès".

Me Mauriac a précisé que la FFC n'engagerait de sanctions qu'en cas d'aveux ou condamnation judiciaire.