ANS (AFP) - Trois victoires en huit jours ont propulsé au paradis des classiques cyclistes l'Italien Davide Rebellin, vainqueur dimanche de la "Doyenne" Liège-Bastogne-Liège.

Rebellin, qui fut jadis tenté d'entrer dans les ordres, a connu la félicité au bout d'une course (258 km) très longue à se dessiner, jusqu'à la côte de Saint-Nicolas placée à 5 kilomètres de l'arrivée.

Sur cette pente raide de 1100 mètres qui traverse le faubourg italien de Liège, le Véronais a maîtrisé l'attaque du Néerlandais Michael Boogerd, déjà son plus rude adversaire le dimanche précédent dans l'Amstel Gold Race.

Au sommet, Boogerd et Rebellin ont basculé en compagnie du Kazakh Alexandre Vinokourov avec une avance suffisante sur le peloton qui s'était présenté encore fort d'une soixantaine d'unités au pied de cette dixième et dernière côte répertoriée.

Le trio, pris en point de mire par trois autres contre-attaquants (Basso, Leukemans, Sanchez), a collaboré jusqu'à la montée par paliers vers Ans, sur les hauteurs de Liège. Rebellin, tout à fait maître de ses nerfs, a manoeuvré à la perfection quand Vinokourov a tenté sa chance à deux reprises, à chaque fois pris en chasse par Boogerd.

Sous la flamme rouge, le coureur kazakh a été repris par ses deux compagnons. La dernière tentative de Boogerd a fait long feu et Rebellin a viré aux 250 mètres dans le sillage de son rival, dès lors résigné à la deuxième place dans le sprint, comme à l'Amstel Gold Race.

Grâce à Boogerd

"Je connais bien Boogerd maintenant et je savais qu'il n'allait pas renoncer, qu'il ne pouvait pas prendre le risque de perdre sur l'attaque de Vinokourov", a déclaré par la suite le malin Rebellin avant de convenir: "S'il ne l'avait pas fait, c'est moi qui serais allé chercher 'Vino'."

Ce final haletant a sauvé la 90e édition d'une course d'attente malgré la longue échappée de cinq coureurs (Tankink, Isasi, Lefèvre, Strauss, Van de Walle) prolongée ensuite par deux coéquipiers de l'Italien Ivan Basso (Jaksche, Arvesen) et le petit grimpeur russe Alexandre Botcharov.

La côte de la Redoute, où les Italiens Paolo Bettini et Stefano Garzelli ont voulu montrer prématurément leur force, a seulement étiré le peloton qui s'est reformé ensuite malgré diverses tentatives (Botcharov encore, Kaschechkin, Landaluze) pour aborder le secteur-clé de Saint-Nicolas. Tout s'est alors joué en quelques hectomètres pour le malheur du Belge Peter Van Petegem qui pouvait encore croire en ses chances jusqu'à mi-pente et à l'attaque de Boogerd.

"Si j'ai gagné, c'est aussi grâce à Boogerd, c'est lui qui a fait la sélection. J'ai basé ma course sur lui", a d'ailleurs reconnu Rebellin, tout heureux d'un triplé ("Gold Race", Flèche Wallonne, "Liège") qu'il a qualifié d'"incroyable". Pareille performance, enlever trois classiques dans la même semaine, n'a jamais été accomplie dans le cyclisme contemporain bien que les différences de calendrier rendent toute comparaison aléatoire.

A 32 ans, le Véronais connaît une superbe embellie dans sa carrière. Au point que le nouveau leader de la Coupe du monde, passé pro en 1992, se voit un bel avenir: "J'espère encore continuer longtemps."