Dès cinq heures du matin, ils ont commencé à se rassembler sur la place principale de Zipaquira. Entre fierté, émotion et impatience, les habitants de la ville où a grandi Egan Bernal attendaient le retour mercredi de leur héros, premier Colombien à remporter le Tour de France.

«Je crois que je vais pleurer de joie quand je vais voir Egan, je vais le remercier». Vêtue de la tenue typique des paysans colombiens, longs cheveux noirs, Rosadelia Pachón, 60 ans, s'est levée aux aurores pour réserver sa place au premier rang devant la scène qui doit accueillir la nouvelle pépite du cyclisme.

Le coureur de 22 ans est arrivé lundi en Colombie. De Bogota, il a rejoint son fief, situé à 46 kilomètres de la capitale, à bord d'un hélicoptère de la police. A une parade ostentatoire dans les rues de la commune de 126.000 habitants, le vainqueur de la Grande Boucle a préféré une simple estrade sur la Plaza de los Comuneros, où il est attendu vers 15h00 GMT.

Au programme: remerciements aux supporters, échanges avec les médias et remise d'une réplique de son maillot jaune à la Fédération colombienne de cyclisme et de l'original de son maillot blanc de meilleur jeune à son premier entraîneur, l'ancien coureur Fabio Rodríguez.

Né à Bogota dans une famille modeste, d'un père vigile et d'une mère ouvrière dans une plantation de fleurs, Bernal a grandi à Zipaquira. En dépit de ses engagements à l'étranger, il reste très attaché à sa terre. Il habite près de chez ses parents, prépare ses courses dans les montagnes voisines et roule avec son petit frère.

Les anciennes gloires présentes

Si à Zipaquirá beaucoup prétendent être des parents proches ou éloignés du cycliste ou disent l'avoir vu s'entraîner, un seul peut se targuer d'avoir assisté à son ascension vers les sommets du cyclisme mondial: son grand-père paternel.

Crâne chauve et peau ridée par le soleil et les années à cultiver le maïs, Álvaro Julio Bernal, 75 ans, déambule en costume vers la zone réservée aux invités, où l'on croise les anciennes gloires du cyclisme colombien, Lucho Herrera, Patrocinio Jiménez et Mauricio Soler.

«C'est une très belle histoire pour la Colombie et pour tout le pays», confie Alvaro, en se mordant les lèvres pour contenir son émotion.

Rosadelia Pachón peine aussi à dissimuler sa joie. «On doit remercier Dieu en particulier. C'est lui qui lui a donné ces capacités, ce talent. Nous sommes très heureux et on espère qu'il continuera à porter encore plus haut les couleurs de la Colombie».

L'histoire d'Egan Bernal est en marche et se confond déjà avec la grande histoire. Le pays fête ce mercredi son champion et...les 200 ans de son indépendance.