PARIS - Le Tour de France se compare à une bonne bouillabaisse, un plat méditerranéen traditionnel de fruits de mer. Enlevez un ingrédient et le goût n'est plus pareil.

Le Tour, dont le départ sera donné samedi, réunit tous les ingrédients nécessaires:

- Une première semaine stressante sur des routes difficiles.

- De très hautes montagnes à franchir.

- Une avant-dernière étape grandiose avec la célèbre montée aux 21 lacets de la station de ski de l'Alpe d'Huez.

- Quatre véritables prétendants, un sommet depuis des années, tous au meilleur de leur forme.

Voilà la recette pour cette grande fête du cyclisme d'une durée de trois semaines.

« De la façon dont le Tour est structuré cette année, ça va vraiment être une bataille épique entre les grands rivaux, a déclaré Chris Froome, champion en 2013. Probablement la plus grande bataille que nous avons vue depuis des années au Tour de France. Ça promet vraiment d'être palpitant. »

La lutte entre Froome, le champion en titre Vincenzo Nibali, le double vainqueur Alberto Contador et le champion du Tour d'Italie en 2014 Nairo Quintana promet de retenir l'attention dès la première étape, un contre-la-montre individuel de 14 km dans la ville néerlandaise d'Utrecht, le seul contre-la-montre individuel de la classique.

Après cet exercice de vitesse, le peloton empruntera les routes de la Belgique et les champs de bataille de la Première guerre mondiale avant de rejoindre la Bretagne, où l'on est fou de cyclisme.

La deuxième moitié de la course offrira trois jours de labeur dans les Pyrénées et quatre dans les Alpes, avec son point culminant à l'Alpe d'Huez, avant le tour d'honneur menant au sprint final sur les Champs Elysées.

Les organisateurs ont considérablement réduit la distance des contre-la-montre pour s'assurer que le Tour reste indécis jusqu'à la scène finale avec la redoutable ascension de la station de ski.

Il y a au programme un court contre-la-montre par équipes en Bretagne vers la fin du premier bloc de la course, une séquence de neuf jours parsemée de pièges.

Pendant ce temps, Nibali et compagnie aborderont les pavés du nord de la France, veillant à ne pas être piégés par les bordures sur ces routes exposées aux vents latéraux de la côte. Puis ils négocieront deux courtes mais difficiles ascensions: Le Mur de Huy, l'habituelle arrivée de la Flèche Wallonne, et la côte de Mur-de-Bretagne, que l'on surnomme l'Alpe d'Huez de Bretagne.

« Cette première semaine va vraiment être cruciale, ces neuf premiers jours jusqu'à ce que nous arrivions effectivement dans les montagnes à la 10e étape, a déclaré Froome. Pour moi, c'est presque comme si chacune de ces neuf étapes est une classique en elle-même. »

Le leader de l'équipe Sky a de bonnes raisons d'être inquiet de ces possibles premiers écueils. En tant que champion en titre l'an dernier, il a été contraint à l'abandon pendant la cinquième étape à la suite de deux chutes.

« Il y a beaucoup moins de pression sur mes épaules. Je suis beaucoup plus détendu en n'étant pas le champion en titre", a poursuivi Froome, qui a remporté le Critérium du Dauphiné, la traditionnelle course qui sert de répétition générale au Tour.»

« Personnellement, les choses se présentent bien. Je me sens bien et toute l'équipe est en pleine effervescence après la victoire au Dauphiné. Le moral de tout le monde est en hausse. »

Mais ses principaux rivaux sont également en grande forme, même si certaines interrogations demeurent dans le cas de Quintana.

Compte tenu du parcours très vallonné _ sept étapes de montagnes dont cinq arrivées au sommet _ le petit grimpeur est perçu comme une menace dans la seconde moitié du Tour dans les Alpes et les Pyrénées. Mais il s'est limité à quatre jours de course ces deux derniers mois, préférant s'imposer un gros volume d'entraînement chez lui en Colombie.

Quintana, qui s'est illustré au Tour en 2013 en terminant deuxième derrière Frome, a expliqué que se préparer à la maison constituait sa meilleure option.

Astana ayant conservé sa licence WorldTour en dépit des multiples infractions de dopage au sein de la formation kazakhe, Nibali _ un gagnant des trois Grands Tours _ sera sans aucun doute épaulé par la meilleure équipe sur le terrain dans sa tentative de défendre son titre. Comme en 2014, l'Italien a été discret, se ménageant pour le Tour.

Contador, lui, a opté pour une approche complètement différente dans le but de devenir le premier coureur depuis le défunt Marco Pantani en 1998 à réussir le doublé Giro-Tour. Après avoir pris le temps de récupérer à la suite de son succès en Italie, et de passer des journées d'entraînement en altitude, le leader de l'équipe Tinkoff-Saxo a récemment remporté la Route du Sud, où il a battu Quintana.

Dans l'attente désespérée de son premier vainqueur en 30 ans, le pays hôte sera derrière Thibault Pinot et Romain Bardet, qui espèrent suivre les traces du quintuple vainqueur du Tour Bernard Hinault, le dernier Français à triompher.

Il n'y a rien de mal à ajouter des ingrédients à cette recette déjà prometteuse.