Celui dont je vous parle aujourd’hui est une véritable star dans son domaine. Inscrivez son nom dans un outil de recherche et vous retrouverez des articles du Devoir ou du Journal de Montréal dans lesquels il est cité à titre de référence. La télévision s’intéresse également à lui lorsque vient le temps d’aborder sa spécialité : les tomates!

François Martel est surnommé « Monsieur Tomates »! Et ce n’est pas un hasard. Si vous passez par le kiosque qu’il tient avec sa conjointe, Johanne, au Marché des jardiniers à La Prairie, vous ne pouvez pas manquer cet homme de soixante ans débordant d’énergie qui offre plus de 250 variétés différentes de plants de tomates. Selon le réputé horticulteur Albert Mondor, c’est un record au Québec.

François MartelLorsqu’il parle des tomates, ses paroles sont comme phrases d’évangile pour les jardiniers en herbe qui souhaitent faire pousser ces beaux légumes.

C’est en discutant avec lui lors d’achat de plants il y a quelques années que j’ai découvert sa seconde passion : la course à pied! Une passion qui lui permet de faire des rencontres, aider les enfants autistes et, surtout, voyager. Il a, entre autres, participé au demi-marathon de Cancún et aux marathons de Séville et de Paris.

Une histoire d’amour

Rien ne le prédestinait à œuvrer ainsi dans le domaine de l’agriculture puisqu’il travaillait dans le secteur de la lunetterie où il dirigeait plus de 200 employés. Mais tout a changé grâce à l’amour, il y a 11 ans, lorsqu’il a rencontré Johanne, celle qui allait devenir son épouse. Il s’étonnait de voir le grand nombre de montures disponibles sur le marché, alors que Johanne n’offrait qu’une dizaine de variétés de tomates à son kiosque. Après avoir fait quelques recherches, il découvrit qu’il en existait pourtant des milliers.

«Johanne m’a alors lancé le défi de m’en occuper si cela m’intéressait! Eh bien, j’ai tout lâché et j’ai commencé à travailler avec elle au Marché des jardiniers. Me voici maintenant avec plus de 250 variétés différentes. Et attention, ce ne sont pas des semences, mais bien des plants », explique-t-il fièrement!

Le rythme de travail est effréné et les congés extrêmement rares pendant la belle saison. Du 1er mai au 1er novembre, « Monsieur Tomates » est présent au marché. Cela lui laisse peu de temps pour courir. Mais il ne s’en formalise pas trop.

François Martel« J’ai le physique d’un coureur (5 pieds et 5 pouces pour 120 livres) et j’ai beaucoup d’endurance. Pas le choix, je suis ici de 7h à 19h! Je suis toujours debout et je me déplace constamment pour servir les clients. Je parviens tout de même à courir en retournant chez moi le soir, un parcours de huit kilomètres, ou en me joignant au Club CCC de Boucherville le dimanche matin au Quartier DIX30, à Brossard. »

Un premier marathon

Même s’il court depuis longtemps, François Martel a participé à son premier marathon il y a très peu de temps, celui de Séville, en Espagne, le 25 février dernier. Et il s’en souviendra longtemps puisque tout ne s’est pas déroulé comme prévu.

Il s’est dirigé en retard au départ puisqu’il avait eu du mal à bien comprendre les informations uniquement en espagnol sur le site Internet. Des policiers, croyant l’aider, l’avaient orienté vers le départ, mais il s’agissait en fait de l’arrivée. Lorsqu’il a réalisé l’erreur, le résident de Candiac avait déjà marché sept kilomètres. Il a donc dû rebrousser chemin et courir vers le départ en cherchant des raccourcis. Il s’est présenté sur une place quasi déserte.

« Des responsables s’affairaient à faire le ménage et à retirer les clôtures. Je me suis dit que j’étais venu à Séville pour courir mon premier marathon et que j’allais le faire quand même. J’ai réussi à marcher sur le tapis officiel du chronométreur pour enregistrer ma puce électronique et je suis parti complètement seul avec mon beau chandail aux couleurs du Canada. Je souriais aux gens qui m’encourageaient et me faisaient signe de continuer. »

François MartelLorsqu’il s’est pointé au premier point de ravitaillement, François a dû fouiller dans des boîtes au bord de la route pour trouver une bouteille d’eau. Après un certain temps, il a réussi à rejoindre les véhicules accompagnateurs et les coureurs de queue. Finalement, à l’arrivée, sa montre GPS indiquait qu’il avait parcouru 52 kilomètres! Son chrono officiel sur le parcours de 42,2 kilomètres fut de 4 h 15. Pas trop mal pour un gars qui allait avoir 60 ans quelques jours plus tard!

Moins de deux mois plus tard, le 8 avril, il prenait le départ du célèbre marathon de Paris avec 55 000 autres coureurs. Même s’il s’est arrêté à quelques reprises pour prendre des photos, il est parvenu à améliorer de trois minutes son temps enregistré à Séville. Rien ne l’aurait empêché de se faire photographier devant la tour Eiffel.

De belles rencontres

L’entregent naturel de « Monsieur Tomates » lui permet de faire de belles rencontres. Comme celle avec l’humoriste Maxim Martin lors du demi-Marathon de Cancún, le 9 décembre 2017.

François Martel et Maxim Martin«J’étais à Playa Del Carmen dans le but de finaliser mon entraînement pour cette course. J’ai aperçu un individu qui courait devant moi et qui me rappelait vaguement quelqu’un. Sans trop y penser, je l’ai interpellé. J’ai alors vu Maxim Martin se diriger vers moi pour m’apprendre qu’il était en vacances. Lorsque je lui ai dit que j’allais bientôt participer au demi-marathon de Cancún il m’a immédiatement répondu qu’il voulait le faire lui aussi. Nous avons finalement participé à cette belle course ensemble. C’est ce que j’aime de la course à pied; les rencontres que cela me permet de faire. Max et moi avons gardé contact depuis », raconte-t-il fièrement.

Si ces rencontres liées à la coursée à pied sont importantes, c’est surtout lorsqu’il parle des jeunes autistes que les yeux de François s’illuminent. Au cours dernières années, c’est plus de 50 000 dollars qu’il a remis à l’Association québécoise pour l’autisme grâce à différentes collectes de fonds comme, par exemple, des spectacles qu’il organise au Marché des jardiniers cet été et où 700 personnes se sont déplacées dans un petit bistro en plein air près de son kiosque pour assister à des spectacles d’artistes qu’il est parvenu à convaincre du bien-fondé de sa démarche.

Des enfants qui reçoivent des chaussures« Avec une partie de l’argent récolté cet été, je souhaiterais amener à Paris une famille ayant des enfants autistes lors de la semaine du marathon. Si la famille est le moindrement athlétique, elle participerait à la Course du petit déjeuner (5 km) la veille du départ.  »

François est également parvenu à convaincre l’équipementier sportif Saucony d’offrir des chaussures de course à de jeunes autistes. En collaboration avec la Commission scolaire des Grandes Seigneuries, 28 enfants avaient reçu leurs chaussures lors d’une soirée organisée à la Boutique Courir de Longueuil l’an dernier. Cette année, l’objectif de François est d’en offrir une cinquantaine de paires. « Je sais que ça fonctionne. J’ai croisé certains de ces jeunes lors de courses organisées. Ils me remerciaient encore. Mon rêve, c’est qu’un jour je puisse voir un d’entre eux participer à des Jeux paralympiques », conclut-il sagement.

Si vous croisez François Martel a son kiosque du Marché des jardiniers, à La Prairie, prenez le temps de vous arrêter pour discuter avec lui. Son énergie est contagieuse et son dévouement sincère. Il saura à la fois vous convaincre de faire pousser de belles tomates et de courir pour vous mettre en forme. Simplement pour le plaisir de goûter à la vie.