Par Jean-Philippe Ravenelle - Un peu plus d’un an après sa sortie pour PC et Mac, ce jeu du développeur russe Morteshka est maintenant accessible sur PS4, Xbox One et Nintendo Switch. Inspiré du style animal permien et des légendes finno-ougriennes, The Mooseman est un jeu d’aventure 2D et de puzzles, avec éléments de plateformes, à l’atmosphère mystique nous plongeant dans l’univers de mythes anciens.

Incarnant un Mooseman ou « Homme-élan », un des sept fils du dieu Yen, qui est à l’origine de la création du monde, nous devons parcourir les trois couches de l’univers mythique du jeu afin d’accomplir une importante mission : ramener la lumière de Shondi dans le monde supérieur. Divisée en plusieurs niveaux, notre quête qui nous fait traverser, avec l’éclat de Shondi, le monde inférieur (celui des morts), le monde du milieu (créé pour les humains) ainsi que le monde supérieur (où résident les anciens dieux) n’est pas sans rappeler le lever et le coucher du soleil. Personnellement, je trouve passionnant et très original qu’un jeu soit développé autour d’un mythe expliquant le cycle du jour et de la nuit.

Pour mener à bien notre quête, nous disposons de certains pouvoirs mystiques. Un de ceux-ci est à débloquer au cours de notre voyage et nous permet d’être protégé d’un toucher ennemi. Il s’agit du feu de Shondi qui doit être réactivé chaque fois qu’un ennemi entre en contact avec l’Homme-élan. Afin de mieux éviter les divers esprits qui tentent de nous nuire, nous possédons une habileté des plus précieuses : le pouvoir de la connaissance de ce qui est invisible à l’œil des mortels. Aussi simple que rapide à activer et à désactiver, c’est le talent qui sera le plus utile, et même indispensable, tout au long de l’aventure. Il permet, en effet, de révéler ce qui est caché, nous débarrassant d’obstacles sur notre passage ou faisant apparaître une passerelle au-dessus d’une rivière. Très utile pour passer inaperçu aux yeux de certains ennemis, il sert également dans la résolution de puzzles. Ces derniers, sans être difficiles, demeurent intéressants et toujours en lien avec l’histoire qui nous est contée.

De nombreux artefacts sont à collectionner à travers notre périple, chacun représentant des créatures mythologiques de toutes sortes relevant de l’iconographie du style animal permien (des objets décorés de motifs animaliers) des tribus finno-ougriennes. Parce qu’ils ne sautent pas toujours aux yeux, il est probable qu’il vous faudra rejouer quelques niveaux plusieurs fois pour vous assurer de les avoir tous trouvés. Ça confère au jeu une rejouabilité intéressante, mais je vous suggère tout de même de bien explorer chaque recoin. Pour ce qui est des idoles, à certaines étapes du voyage, on passe devant des totems qui nous permettent de déchiffrer des extraits de mythes dans le but d’en apprendre plus sur les merveilleuses légendes entourant la quête du Mooseman. Pour tout amateur de mythologie, c’est un aspect du jeu franchement captivant.

 

L’aspect graphique est central dans ce jeu, car si le style est minimaliste, les paysages sont magnifiques. Parfois très sombres, surtout lorsqu’on se balade en forêt ou que l’on visite le monde des morts, et d’autres fois à couper le souffle, je pense ici au soleil qui émerge lentement de derrière les montagnes, au loin, quand on s’approche de plus en plus du monde supérieur. En activant la vision spirituelle, certains éléments du décor ainsi que les esprits deviennent d’une blancheur spectrale tout à fait saisissante. Pour accompagner notre aventure, une bande sonore inspirée de la musique traditionnelle Komi, les Komis étant un peuple finno-ougrien, donne au jeu une aura mystique qui nous laisse avec l’impression de poursuivre une quête initiatique aux côtés de l’Homme-élan. Selon moi, nous plonger de telle sorte dans l’atmosphère mythique du jeu enrichit grandement ce dernier.

Pour certains, toutefois, l’aventure sera de trop courte durée, quelques heures suffisant à compléter tous les niveaux. De mon côté, ça ne m’a aucunement dérangé puisque je n’ai pas eu le sentiment d’être resté sur ma faim tellement j’ai trouvé le titre de Morteshka fascinant. Comme j’ai déjà mentionné, les puzzles sont aussi simples que les mécaniques du jeu, mais encore là je pense que la vraie force de celui-ci demeure dans la narration et la beauté des paysages et de la bande sonore. Un bémol, toutefois, que j’ai trouvé plutôt agaçant, est le fait qu’il est possible d’activer ou désactiver la vision spirituelle même en naviguant dans les menus de notre collection d’artefacts ou de mythes déchiffrés. Comme le même bouton, sur la manette, est employé pour utiliser le pouvoir et aussi sélectionner les entrées de ces menus, il m’est arrivé de me retrouver dans de beaux draps, par exemple en voulant consulter mes artefacts sur un pont qui n’existe que sur le plan spirituel. Conséquence : une chute vers la mort! Heureusement que les temps de chargement sont assez courts et ne brisent donc pas le rythme de notre progression. Riche en contenu mythologique, The Mooseman est une réelle odyssée mystique qui nous fait revivre des légendes incroyables.

VERDICT

Très bon

 

Points positifs :

+ Riche en contenu mythologique

+ Artefacts à collectionner, encourageant à rejouer les différents niveaux

+ Beauté des paysages minimalistes et atmosphère envoutante créée par la musique traditionnelle Komi

+ Temps de chargement assez courts qui n’interfèrent pas avec le rythme du jeu

 

Points négatifs :

- Courte durée du jeu : quelques heures suffisent pour le terminer

- Activation et désactivation de la vision spirituelle de façon involontaire dans les menus

- La simplicité des puzzles peut agacer certains joueurs

 

Fiche technique :

- Titre du jeu : The Mooseman

- Date de sortie : 17 février 2017 (PC, Mac, Steam), avril 2018 (iOS, Android) et 18 juillet 2018 (PS4, Xbox One, Nintendo Switch)

- Éditeur : Sometimes You

- Développeur : Morteshka

- Cote ESRB : E 10+ pour enfants et adultes de 10 ans et plus

- Plateformes : PC, Mac, Steam, iOS, Android, PS4, Xbox One, Nintendo Switch

- Joué sur : Nintendo Switch