MONTRÉAL – De son propre aveu, Anthony Calvillo considère que sa carrière de joueur a emprunté un virage déterminant quand il a eu l’humilité d’accepter les conseils autour de lui. Après s'être heurté à un obstacle comme entraîneur, il a choisi la même approche et tout le mérite lui revient.

Vendredi, lorsque les entraîneurs des Alouettes de Montréal ont rencontré les médias, c’était justifié de s’arrêter quelques secondes pour se placer dans ses souliers pour comprendre le cheminement qu'il a eu à effectuer. On parle bien d’Anthony Calvillo, le quart-arrière le plus prolifique de l’histoire de la Ligue canadienne de football.

Rapidement propulsé dans le titre de coordonnateur offensif, AC n’a pas été en mesure de s’imposer comme il l’aurait souhaité aux commandes de l’attaque des Oiseaux. L’organisation montréalaise a réagi en écartant Jim Popp du portrait et en confiant les guides de l’équipe à Jacques Chapdelaine.

Par conséquent, Calvillo s’est retrouvé avec un rôle limité pour le dernier droit de la saison 2016 et il agira en tant qu’entraîneur des quarts en 2017. Quand on parle de dose d’humilité, en voici une belle définition.

L’ancien numéro 13 pourrait jouer le jeu et seulement répondre avec politesse aux questions des journalistes afin d’éviter les controverses. Mais Calvillo est trop transparent dans ses réponses, on peut sentir qu'il a véritablement choisi d’avaler cette pilule d’humilité pour le bien de son parcours d’entraîneur.

« C’est à propos d’être humble », a-t-il répondu, sans détour, quand l’auteur de ces lignes lui a demandé comment il acceptait cette fonction plus discrète.

« Même si j’avais joué pendant très longtemps, c’était tout un défi de faire le saut comme coordonnateur offensif. Il me manquait plusieurs choses dans mon arsenal comme les connaissances pour bien protéger, que peut-on faire pour modifier les protections, les petits détails pour raffiner la course et je me fiais beaucoup sur notre personnel d’entraîneurs pour ça », a décrit Calvillo qui s’adapte encore à la toute nouvelle structure de direction autour de lui.

Au fur et à mesure, AC a découvert l’ampleur du savoir de Chapdelaine et il a réalisé en collaborant avec lui qu’il ne visionnait pas assez de vidéos l’an dernier.

« Jacques a tellement d’informations en tête avec son expérience. J’accepte cette baisse dans l’organigramme parce que j’ai beaucoup de respect pour Jacques et cette organisation. Je suis ici pour apprendre le plus que je peux. Je pensais que j’étais prêt à faire ce saut l’an passé, mais en y repensant, c’était plus un gros défi que je pensais », a reconnu Calvillo qui s’attend à effectuer de grands pas dans les prochains mois.

À sa première expérience comme entraîneur-chef, Chapdelaine aurait pu éloigner Calvillo de son groupe d’entraîneurs s’il n’avait pas cru en ses capacités et ses attributs. Après tout, il veut mettre toutes les chances de son côté. Mais on sent que Chapdelaine respecte Calvillo et qu’il est prêt à lui transmettre tout ce qu’il pourra.

« J’apprécie beaucoup l’humilité et la confiance d’Anthony. Il n’a pas été placé dans une situation facile l’an passé pour un jeune coordonnateur. AC possède les capacités pour assumer ce rôle aujourd’hui, mais est-ce que l’environnement est propice pour le faire en confiance? Est-ce mieux de prendre un pas de recul comme il le fait actuellement pour en faire deux ou trois vers l’avant en courant? C’est ce qu’on va voir de lui éventuellement », a suggéré Chapdelaine.

L’entraîneur des Alouettes a été très honnête pour illustrer ce qu’il perçoit comme un contexte peu favorable pour que Calvillo puisse diriger l’attaque. Chapdelaine se connaît très bien et il sait qu’il aurait toujours été par-dessus l’épaule de son coordonnateur offensif pour lui dire comment faire les choses. Ainsi, il a préféré assumer la double fonction.

Un changement s'imposait pour la ligne offensive

À écouter Chapdelaine parler, on déduit qu’il n’a pas voulu démontrer la même fidélité envers Kris Sweet qui dirigeait la ligne offensive l’an passé. Non seulement cette unité a connu une saison à oublier, mais les deux hommes n’ont pas la même vision de leur travail.

L’écart philosophique était trop grand pour continuer l’association. Paul Charbonneau lui succède donc et il dirigera cette position pour la première fois dans la LCF (NDLR : il était entraîneur adjoint de la ligne offensive à Winnipeg en 2014 et 2015). Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne risque pas d’entendre sans cesse gueuler Charbonneau après ses protégés comme Sweet aimait le faire.

« Tout le monde est différent, je suis plus du type jovial. Je veux que les gars s’amusent. La raison pour laquelle je suis entraîneur, c’est parce que j’adore le football. J’aime m’amuser et je veux que les gars aient l’impression de revivre le football comme quand ils étaient des enfants. Quand ce n’est pas plaisant, tu as tendance à vouloir quitter le travail au plus vite. On veut que les gars soient pleinement investis dans la cause, ça prend ça pour se rendre loin », a exposé Charbonneau qui accepte les entrevues contrairement à Sweet.

Paul Charbonneau et Billy ParkerÀ moins d’avoir un œil d’expert, les partisans – et les journalistes – ne remarqueront pas d’énormes changements tactiques et techniques. C’est normal puisque les différences se mesurent en pouces et en détail pour le travail des joueurs de ligne offensive.

À vrai dire, les modifications les plus importantes surviendront dans le personnel à la disposition de Charbonneau alors que Jeff Perrett (bloqueur à droite) a été libéré et Jacob Ruby risque d’être remplacé comme bloqueur à gauche. Kristian Matte, Luc Brodeur-Jourdain, Philip Blake et Philippe Gagnon devraient se partager les trois positions du cœur de la ligne offensive.

« Comme assistant, tu ne peux pas te soucier de ça. Je dois seulement me concentrer sur les joueurs qui seront présents au camp d’entraînement. Quand tu penses que tu auras certains joueurs avec toi, ils finissent par partir pour une décision financière ou un autre motif.

« Je sais seulement que je vais avoir cinq gros gars qui vont jouer pour moi », a répondu, en souriant, Charbonneau qui se débrouille encore assez bien en français.  

En prenant la responsabilité de la ligne offensive, Charbonneau a cédé l’unité des porteurs de ballon à André Bolduc. Chapdelaine a été élogieux envers le Québécois.

« Il comprend notre attaque peut-être mieux que n’importe qui présentement sur notre staff. Oui, il aura le défi d’apprendre certaines choses, mais il est capable de le faire et il va en manger. Il va bien communiquer avec les joueurs et il va bien comprendre comment on veut jouer avec les hommes de Paul », a exposé Chapdelaine qui possède un plan bien défini.