Je veux débuter par féliciter les Alouettes, parce que croyez-le ou non, l’édition 2014 a réussi quelque chose qui n’avait jamais été fait dans la Ligue canadienne de football (LCF).

Jamais une équipe qui avait une fiche de six matchs en bas de la barre de ,500 est revenue au niveau de ,500 dans la même saison. C’est ce qu’ont fait les Alouettes avec la victoire contre Ottawa.

Ils ont débuté la saison avec une fiche de 1-7 avant de gagner sept de leurs huit derniers matchs. Ils ont donc une fiche de ,500.

C’est assez impressionnant comme statistique, surtout lorsque l’on pense au début de saison catastrophique de l’équipe. Il n’y avait absolument rien qui fonctionnait et ça semblait chaotique.

Il n’y avait pas de quart-arrière et on n’était pas certain du groupe d’entraîneurs. Donc, je trouve ça très impressionnant de la part des Alouettes.

Par contre, ce n’est pas dans la poche encore. Moi, la victoire contre Ottawa m’a un peu laissé sur mon appétit.

Je vais être un peu plus sévère et critique envers les Alouettes, mais ça m’en prend plus. Je ne pense pas seulement à battre Ottawa, je pense à long terme et à me rendre jusqu’au bout.

Je veux voir une équipe qui s’améliore. Présentement, je vois une équipe qui utilise beaucoup la même recette. Une attaque qui n’en fait pas trop, qui essaie de ne pas se tirer dans le pied, qui ne fait pas trop de gros jeux et qui ne marque pas énormément de points.

Les unités spéciales sont assez ordinaires. Elles font quelques gros jeux, mais aussi quelques mauvais jeux… Il y a aussi beaucoup d’indiscipline, mais heureusement, la défensive fait très bien.

Tout ça mis ensemble me laisse donc sur mon appétit dans le sens que ça va en prendre plus pour battre les gros clubs et se rendre jusqu’au bout.

Si je vous avais dit avant le dernier match contre Ottawa que les Alouettes allaient créer six revirements, réaliser quatre sacs du quart, bloquer un botté de dégagement, qu’Ottawa allait écoper de 14 pénalités pour 143 verges et que cet adversaire-là avait une fiche de 2-13, on aurait tous cru que les Alouettes allaient les lessiver. Pourtant, le match a fini 23-17 et c’est ça qui me chicote un peu.

Ce n’est pas supposé être si serré. On a laissé le Rouge et Noir s’accrocher et je le dis depuis le début de la saison que le Rouge et Noir c’est une formation qui se débat et qui n’abandonne jamais. C’est une bonne équipe qui a une mauvaise fiche.

Malgré l’acharnement d’Ottawa, lorsque tu créer six revirements, bloque un botté, effectue quatre sacs du quart, que l’adversaire est indiscipliné et qu’il donne du temps de jeu au jeune quart-arrière derrière Henry Burris pour l’évaluer, je m’attends à plus.

Comprenez-moi bien, je sais que les Alouettes ont gagné sept de leurs huit derniers matchs, mais encore là, est-ce que la manière dont ces victoires ont été acquises est suffisamment bonne pour atteindre l’objectif que l’organisation s’est fixé, soit remporter la Coupe Grey?

Ils doivent comprendre que les rencontres ne sont pas obligées d’être serrées. Lorsque l’adversaire te donne le match, enlève-lui tout espoir de revenir et prends-le.

C’est assez cliché, mais les Alouettes ne doivent pas jouer au niveau de leur adversaire. Je suis quand même très conscient que ce n’est pas facile de gagner un match de football. Je suis le premier à le dire, on n’a pas à s’excuser du fait de jouer contre un adversaire quelconque.

J’espère que les joueurs et les entraîneurs ne vont pas commencer à écouter le bruit aux alentours. Il faut que tu ignores tout ça et que tu demeures concentré. Il ne faut pas que tu commences à te dire que tu es bon.

C’est à ce moment-là que les entraîneurs doivent être encore plus sévères et faire encore plus attention aux détails.

Ce n’est pas le temps d’être comme ça quand tu en perds six d’affilée, parce que les gars sont tous démoralisés. C’est plutôt le temps de les encourager, mais quand les victoires arrivent, c’est le moment de redoubler d’effort et d’être encore plus critique.

Évidemment, tu dois le faire de façon constructive, mais le danger est toujours d’avoir de la difficulté à gérer le succès. Tu fais moins attention aux détails et là tu payes le prix dans les gros matchs.

Il y a quand même eu de bonnes choses contre Ottawa. J’ai adoré le ratio de 29 courses et 29 passes, on a utilisé neuf receveurs différents, on a récolté 113 verges de gain au sol, on a été victime d’un seul revirement et la défensive a encore une fois été incroyable.

Sur les unités spéciales, on a bloqué un botté, mais il y a deux petites tendances négatives qui sont ressorties.

Premièrement, il y a souvent une grosse erreur qui se produit sur les unités spéciales.

À Toronto, on s’est fait bloquer un botté et contre Ottawa on s’est fait passer un jeu truqué de 38 verges.

Deuxièmement, lors des deux dernières rencontres, les Alouettes ont été très indisciplinés. Contre Toronto, ils ont écopé de 18 pénalités pour 165 verges et 13 pénalités pour 110 verges face à Ottawa.

Autant de pénalités et des erreurs sur les unités spéciales dans des matchs cruciaux ça va finir par nous rattraper.  

Je ne veux pas manquer de respect envers Ottawa, mais tu peux survivre malgré ce genre d’erreur contre le Rouge et Noir. La réalité c’est que ce n’est pas encore une grande équipe. Ils ont une belle éthique de travail, mais ce n’est pas Calgary.

C’est donc une belle séquence et c’est un exploit incroyable que les Alouettes ont réalisé, mais je veux qu’ils gardent le regard sur l’objectif. Ce n’est pas dans la poche et il reste des choses à améliorer.

La dernière question que je me pose, c’est qu’est-ce qui arrive si la défensive connaît un mauvais match? Elle a le droit elle aussi d’avoir une mauvaise soirée. Est-ce que l’attaque et les unités spéciales jouent assez bien pour compenser et pour permettre aux Alouettes de gagner ce match-là?

On n’a pas vraiment la réponse présentement et c’est pour ça que je reviens toujours avec le fait qu’on a encore du travail à faire.