MONTRÉAL – Le véritable début de l’ère Mike Sherman s’est déroulé, dimanche, au Stade olympique, alors que les Alouettes de Montréal ont entamé le camp d’entraînement 2018 qui vise à relancer l’organisation après trois saisons difficiles.

La dernière, 2017, a été particulièrement désastreuse avec une fiche de 3-15. Voilà pourquoi le mandat qui repose sur les épaules de Sherman, de ses adjoints et du directeur général Kavis Reed est colossal.

 

D’ailleurs, même plusieurs fervents partisans  - croisés aux abords du terrain extérieur qui sera utilisé par les Alouettes - ont émis des réserves quant aux chances de leurs préférés de sortir la tête de l’eau dès cette année.

 

En effet, pour la première fois depuis 1996, le camp d’entraînement se tient à Montréal et les mordus des Alouettes ont pu observer l’ampleur des changements opérés durant la saison morte. Voici un tour d’horizon des sujets les plus importants pour ce Jour I de l’ère Sherman.

 

Freeman n’a pas très bien paru

 

Malgré les bons coups réalisés – particulièrement en défense – les Alouettes naviguent encore dans l’incertitude à la position de quart-arrière. Matthew Shiltz, Josh Freeman et Drew Willy doivent lutter pour ce poste névralgique.

 

Réglons tout de suite une chose puisque le sujet en intrigue plusieurs. Non, Freeman n’a pas connu une grande journée. Après une prestation peu convaincante au camp printanier en Floride, Freeman a raté de nombreuses passes et sa mécanique ne semblait pas bien réglée, lui qui n’a pas vu assez d’action dans les dernières années.

 

« Je pense que ça s’est bien passé dans l’ensemble. Il y a beaucoup de nouvelles choses à assimiler et on a eu le temps de travailler sur plusieurs éléments. C’était bien de pouvoir obtenir des répétitions », a déclaré Freeman pour décrire son rendement.

 

Pense-t-il qu’il aura besoin de plusieurs jours pour revenir au sommet de son potentiel?

 

« Je n’en suis pas certain, c’est vraiment une approche d’un jour à la fois. On va retourner regarder les vidéos et je vais me concentrer sur les choses que je n’ai pas bien faites. Je veux aussi grandir sur ce qui a été plus réussi », a répondu Freeman.

 

L’athlète de 30 ans admet qu’il devra rattraper Shiltz et Willy.

 

« Il y a deux gars qui étaient là  l’an dernier donc ils ont un peu plus d’expérience et peut-être qu’ils sont situés devant moi pour l’instant. Mais c’était la première journée et les entraîneurs ont dit que tout le monde aurait sa chance d’accomplir des jeux. On ne sait pas ce qui peut arriver », a ajouté Freeman qui veut devenir plus à l’aise avec la cadence et les mouvements des joueurs.

 

Matthew ShiltzÀ Shiltz de gagner la lutte

 

Le camp d’entraînement n’est vieux que d’une journée, mais Shiltz possède une longueur d’avance. Certes, son bagage est minime dans la LCF (participation à quatre matchs), mais les Alouettes doivent finir par trouver une stabilité à cette position.

 

Meneur positif et humble, Shiltz préfère ne pas se dire qu’il est identifié comme le quart numéro un pour l’instant. 

 

« Je ne pense pas de cette manière, mais tu veux te comporter, en tant que compétiteur, comme le candidat qui pourrait être le partant. À la fin, les dirigeants vont prendre leur décision. J’aime la compétition et elle est agréable. Tout le monde est capable d’accomplir le boulot dans ce groupe », a exposé celui qui a ajouté 10 à 12 livres nécessaires sur sa charpente.

 

Willy croit en ses chances

 

Même si on ne parle pas souvent de lui, Willy considère qu’il détient les outils pour obtenir le ballon pour le premier match de la saison, le 16 juin, à Vancouver, contre les Lions.

 

« Oui, je crois que c’est le cas. Cette décision ne repose pas entre mes mains, mais avec mes habiletés et ma confiance, je crois que je pourrais être le candidat recherché », a avancé Willy.

 

Le quart-arrière de 31 ans ne se place donc pas tout de suite dans le rôle que l’état-major a pu envisager pour lui.

 

« J’aborde vraiment le camp comme une compétition pour le poste de partant. Je ne pense pas à l’idée d’être le mentor pour l’instant. Matthew est probablement mon meilleur ami dans l’équipe, on parle toujours de football ou de la vie en général. Je vais l’aider, mais aussi me démener sur le terrain », a répondu Willy.

 

Libérer Olafioye, une décision réfléchie selon Reed

 

En plus du doute au poste de quart, les Alouettes ont lancé un débat intrigant au poste de bloqueur en libérant le réputé Jovan Olafioye. Bien sûr, les Oiseaux ont acquis de nombreux joueurs dans les derniers mois et le salaire d’Olafioye pesait lourd sur la masse salariale surtout qu’il a été blessé trop souvent en 2017.

Cependant, la formation des Alouettes n’affiche pas une immense profondeur à la position de bloqueur. L’enjeu n’inquiète pas le directeur général.

 

« On n’aurait pas pris cette décision sans délibérer sur le sujet. Jovan a joué sept matchs pour nous la saison dernière, je crois que beaucoup de gens se laissent influencer par le nom du joueur. On est à l’aise avec cette décision », a noté Reed.

 

C’est donc un garde, Philip Blake, qui a amorcé le camp d’entraînement au poste de bloqueur à droite avec Xavier Fulton à l’autre extrémité.

 

« On a obtenu Ryan Bomben (des Tiger-Cats) et on se retrouve avec la possibilité d’employer quatre Canadiens sur la ligne offensive et plusieurs Américains vont rivaliser pour une position. On veut procéder à quelques changements et on va voir si ça peut se concrétiser cette semaine », a expliqué Reed.

 

Un entraîneur organisé et conséquent

 

Il faudra patienter pour voir les résultats sur le terrain avec Sherman aux commandes des Alouettes, mais le nouveau shérif en ville n’a pas perdu de temps pour dicter le rythme à l’entraînement.

 

« J’ai vu qu’on avait un entraîneur pour lequel ses idées principales sont très importantes. Il est d’une droiture. Ce qu’il dit, c’est ce qui va arriver. Il y a aussi beaucoup de répétitions et c’est très bon, on a une équipe qui s’est rajeunie. C’est bien pour les jeunes d’avoir un maximum de répétitions. Ce sont des opportunités qui disparaissent une fois que la saison est entamée. Je n’ai pas vu énormément de perte de temps, je trouve ça très bien », a décrit Luc Brodeur-Jourdain.

 

« J’ai adoré ça, l’énergie qu’on a cette année, c’est quelque chose de spécial. Ça fait longtemps qu’on n’a pas vu une énergie comme ça. On n’a pas juste changé du côté marketing, il y a un air différent dans le vestiaire, on est confiants, on est sérieux, on veut gagner. La culture change dans l’équipe, on a hâte de le démontrer à nos partisans », a proposé Kristian Matte.

 

Mais comme l’a précisé Sherman, ça revient avant tout aux joueurs de briller sur le terrain.  

 

« Notre équipe sera aussi bonne que les joueurs décideront. On m’a choisi comme le meneur, mais ils ont beaucoup de responsabilités sur leurs épaules pour accomplir leur part de l’équation. Ils l’ont fait dans cette première journée, je suis fier d’eux », a évoqué Sherman qui est revenu sur le premier message de groupe lancé à sa troupe, samedi soir.

 

« Tout était spécial, la première journée est toujours spéciale. Les gars ont les yeux grands ouverts, ils prennent des notes. On a traversé les valeurs importantes à nos yeux, ce que ça prend pour être une équipe championne, comment bâtir dans ce sens et le processus à développer pour que ça se produise », a conclu Sherman.

En terminant, indiquons que les Alouettes ont placé les noms de Nicolas Boulay (genou) et Philippe Gagnon (genou) sur la liste des blessés pour six matchs. De plus, Étienne Moisan, repêché en sixième ronde par Montréal, n’a pas foulé le terrain pour des raisons médicales.