MONTRÉAL – Difficile de ne pas voir Darian Durant comme le sauveur. Parmi tous les quarts-arrière qui se sont cassé le nez en essayant de succéder à Anthony Calvillo, le vétéran de 11 saisons présente les meilleures probabilités de réussite.

« Les attentes sont élevées, c'est toujours le cas »

Évidemment, les Alouettes ont dû payer le gros prix – tout est relatif – pour s’approprier les services de l’athlète de 34 ans pour les trois prochaines saisons. Cependant, la venue d’un athlète peut inverser la courbe négative suivie par l’organisation.

Vendredi matin, Durant s’est immiscé dans son nouvel univers pour la première fois en rencontrant la presse dans le vestiaire des Oiseaux. À voir l’attrait provoqué par cette convocation, il est impossible de diminuer les attentes à son égard. Ça tombe bien puisque Durant se sent à l’aise dans ce contexte.

« Je vis bien avec ça. J’arrive d’un endroit où les attentes étaient toujours élevées donc ce n’est rien de nouveau. En même temps, je ne suis qu’une pièce du casse-tête. Je vais faire mon travail de mon mieux et tout le monde doit contribuer pour que ça fonctionne », a confié Durant, qui était vêtu aux couleurs des Alouettes pour la première fois.

« J’ai hâte de commencer à travailler avec mes coéquipiers puisque la chimie doit se créer pour gagner », a-t-il ajouté.

Kavis Reed a donc posé son premier geste d’importance en investissant autant pour relancer l’attaque montréalaise. Ce vieux routier de la Ligue canadienne de football sait bien que son placement sera scruté à la loupe.

« C’est bien que les attentes soient au rendez-vous et de sentir un attrait. Darian l’a dit, il n’est qu’une partie de l’équation. Il faut maintenant être vigilant pour ajouter les bonnes personnes dans le vestiaire pour nous ramener vers le championnat », a lancé Reed comme message aux partisans qui en avaient soupé des Troy Smith, Tanner Marsh, Jonathan Crompton et compagnie.

« On a acquis un gentleman avec du caractère qui est prêt à s’investir dans la communauté. C’est un meneur impeccable et son parcours parle de lui-même. On se connaît depuis longtemps donc je connais l’homme, son cœur et sa passion », a relevé Reed sur son homme de confiance qui a mené les Roughriders à la coupe Grey en 2013.

Le problème récurrent de la formation montréalaise s’avère la faible production offensive. Par contre, le noyau du groupe est déjà composé de plusieurs vétérans de premier plan et l’ajout d’un quart-arrière efficace pourrait solutionner les ennuis.

« Je peux seulement m’assurer d’être le meneur que j’ai toujours été. Quand tu considères la présence des autres vétérans comme S.J. Green, Nik Lewis et spécialement ceux en défense, je ne viendrai que m’ajouter à eux. Si on retient les joueurs clés, je ne vois aucune raison de ne pas pouvoir atteindre le sommet de l’Est », a prédit Durant, qui dégage du charisme et de l’assurance.
 

« Mon unique objectif est la Coupe Grey »

À propos de Green et Lewis, ces deux athlètes devraient représenter des ingrédients essentiels de la brigade des receveurs qui plaît à Durant.

« Je pense que c’est un bon groupe. Bien sûr, la perte de S.J. tôt dans la saison a fait mal. S’il peut rester en santé, on pourra miser sur lui, Nik, (B.J.) Cunningham, (Tiquan) Underwood, (Samuel) Giguère évidemment et un bon porteur de ballon (Tyrell Sutton) dont j’adore le jeu. On a le potentiel d’être une attaque imposante », a décrit le numéro 4 qui a déjà bavardé avec Nik, S.J., Chip Cox, Kyries Hebert et John Bowman.

La saison ne commence qu’en juin, mais Durant s’imagine déjà en confiance dans le décor enchanteur du Stade Percival-Molson.

« Ce stade a toujours été difficile pour les visiteurs. Mon plan est de donner des raisons de célébrer aux partisans. Je veux produire des points et aider la défense de cette manière, c’est ce qui mène à des victoires », a avancé celui qui assure qu’il sera accessible pour les partisans.
 

« Une grosse étape vient d'être franchie »

En y repensant, c’est tout de même étrange de constater que Durant quitte les Riders après une association de onze saisons pour se joindre aux Alouettes, l’équipe contre laquelle il a perdu deux fois le match de la coupe Grey en 2009 et 2010. Comme le dit l’expression anglophone : If you can’t beat them, join them.

« Comme on sait tous, ces deux défaites ont été dévastatrices. Ils avaient une bonne équipe à cette époque avec un quart-arrière de grande stature en Anthony, alors que ma carrière était jeune. Je suis content de me retrouver de l’autre côté et d’apprendre d’un homme comme AC et de Coach Chapdelaine », a exprimé Durant.

Étant donné que la pêche pour attirer un quart-arrière de premier plan a été si laborieuse, les partisans des Alouettes espèrent sans doute que Durant deviendra le prochain Henry Burris, qui continue à briller dans la quarantaine.

« Je vais aborder les choses une année à la fois. Bien sûr, je regarde ce que Henry a été en mesure d’accomplir. Je le respecte énormément et il est devenu un bon ami au fil des ans. De le voir jouer à un aussi haut niveau en fin de carrière, c’est définitivement inspirant pour moi. Tant que je vais prendre soin de mon corps, je ne vois aucune raison de ne pas pouvoir jouer pendant longtemps », a répondu Durant à ce sujet.

D’ailleurs, Burris a pris le temps de féliciter son copain pour sa prochaine aventure.

Originaire de la Caroline du Sud, Durant s’est établi au nord de la frontière au point de vouloir devenir citoyen canadien. Par un drôle de hasard, il a été présenté comme nouveau membre des Alouettes la même journée que Donald Trump a accédé la Maison-Blanche. Il pourra se souvenir de cette coïncidence longtemps.

« Mon but est de vivre au Canada et je n’aurai pas besoin de me soucier de ce qui se passe là-bas », a réagi Durant, dont la femme est Canadienne.

Puisqu’il s’intéresse à son pays d’adoption, Durant connaît la réalité linguistique du Québec.

« Je connais quelques mots de base comme ‘Bonjour’ et on m’en a enseigné quelques autres également. Je suis bien conscient la barrière de la langue et je vais faire de mon mieux pour comprendre les partisans », a précisé le sympathique produit de l’Université North Carolina.