Même si Jamel Richardson est un joueur d’exception, un receveur avec un potentiel énorme, il faut se rappeler qu’il n’a pas connu une grande saison l’an dernier. C’était un peu la même chose cette année, mais en bout de ligne, les Alouettes sont très chanceux de compter autant de receveurs de qualité dans leur formation. C’est vrai qu’ils perdent un gros morceau, mais avec S.J. Green, Brandon London, Arland Bruce III, Éric Deslauriers – pour ne nommer que ceux-là – l’attaque montréalaise n’est pas si mal en point. Elle peut s’en remettre.

Richardson, c’est un joueur qui peut réussir les gros jeux, même s’il ne jouait pas vraiment à la hauteur de son talent (et de sa saison 2011). Je crois sincèrement qu’à long terme, cette blessure peut devenir quelque chose de positif pour Richardson. Parfois, lorsque tu es toujours sous les feux de la rampe, tu t’imposes beaucoup de pression. Tes coéquipiers ont beaucoup d’attentes envers toi. Dans le cas de Richardson, ce n’est pas au niveau des qualités athlétiques qu’on se posait parfois des questions, mais plutôt au niveau de sa tête, de sa préparation psychologique. Le fait de s’éloigner lui fera peut-être du bien pour l’avenir.

Les yeux tournés vers Green 

S.J. Green sera à surveiller. Pour moi, le receveur no 1 des Alouettes est bel et bien Green et non Richardson. C’est un joueur qui a connu une progression superbe depuis son arrivée. Son apport à l’équipe est indéniable. Quand viendront les moments importants, c’est vers Green que Calvillo se tournera. Il ne faut pas oublier Arland Bruce III. J’ai vraiment l’impression que c’est sur ces 2 joueurs que devra reposer le type d’attaque que les Alouettes voudront mener. Ce sont des receveurs qui pourront recevoir une dizaine de ballons par match et qui peuvent effectuer tous les types de tracés. Ils sont capables « d’étirer le terrain », de gagner des verges après les réceptions. Ce sont aussi des gars d’expérience et ils ont gagné des championnats.

Il faudra être patient

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Malgré le départ de Dan Hawkins, le retour de Jim Popp sur les lignes de côté et la volonté de revenir au système de Marc Trestman, je ne crois pas que l’on verra de grands changements à l’attaque dès le match de jeudi face aux Argonauts. Les Alouettes n’ont eu qu’une semaine pour commencer à implanter leur « nouveau » système. À la barre des Alouettes, Trestman parlait toujours d’un processus et c’est exactement dans quoi l’équipe s’embarque. Rien ne se fait du jour au lendemain. Ça prend du temps et de l’attention aux détails. 

Il ne faut pas non plus s’attendre à voir 100 % de ce que faisait Marc Trestman. On ne demandera pas à Doug Berry d’enseigner le cahier de jeux de Trestman. On voudra certainement s’en inspirer, mais les entraîneurs doivent aussi choisir ce avec quoi ils sont confortables. Je crois qu’on voudra utiliser les forces des joueurs, particulièrement celles d’Anthony Calvillo. Le numéro 13 doit être à l’avant-scène. Si Calvillo est heureux, c’est bon pour toute l’équipe. 

Chose certaine, même si on ne revoit pas l’attaque de Trestman tout de suite, on va voir une unité plus structurée en situations précises, notamment en deuxième essai et court. On verra aussi probablement plus de mouvement et de motions de la part des receveurs. Le jeu au sol allait bien alors les modifications iront surtout à l’attaque aérienne. Espérons que les Alouettes n’auront pas peur de courir avec le ballon. Mais ça prendra quelques semaines avant de voir un changement notable.

Le système joue beaucoup pour Calvillo

Anthony Calvillo présente des statistiques plutôt inhabituelles dans son cas et je crois qu’en grande partie, c’est le système qui n’était pas adapté à lui. Je crois que comme la plupart des joueurs, Calvillo n’était pas à 100 % dans le système de Dan Hawkins. Quand un joueur n’est pas heureux, ses performances en sont affectées. On a senti un Calvillo irrité et frustré par moments. On l’a vu précipiter certains jeux. On voyait qu’il n’était pas satisfait et qu’il faisait ou ne faisait pas des choses auxquelles il était habitué.

Limiter les Argonauts en premier essai

Les Argonauts de Toronto ont inscrit 35 et 38 points à leurs 2 derniers matchs et si les Alouettes veulent les arrêter, ils devront limiter leurs gains en premier essai. Toronto amasse plus de 7 verges en moyenne en premier essai et ce sera la clef du match de jeudi. En plaçant les Argonauts en situation de deuxième essai et long, les Alouettes pourront limiter leur cahier de jeux. Au contraire, si Toronto se retrouve avec des deuxièmes essais et 5 verges ou moins à faire, ils seront confortables car ils peuvent autant courir qu’utiliser l’attaque aérienne. Ricky Ray a complété 95 % de ses passes dans un match dernièrement. C’est un gars très méthodique et il est très efficace dans le système de Scott Milanovich. Ce sera difficile.

Propos recueillis par Samuel Thibault