MONTRÉAL – Une semaine après la NFL, ce sera au tour de la Ligue canadienne de football de tenir son repêchage de manière virtuelle, jeudi soir, et le directeur général des Alouettes, Danny Maciocia, doit composer avec une « équipe » réduite pour orchestrer le tout. 

En arrivant aux commandes du département football en janvier, Maciocia avait émis le souhait d’ajouter des dépisteurs pour mieux repérer le talent. Son désir a toutefois été reporté à plus tard avec la pandémie qui secoue la planète. 

Par conséquent, le DG doit se débrouiller avec un organigramme peu garni pour renflouer la banque d’espoirs des Oiseaux.   

« On n’a pas la quantité, mais la qualité au lieu. On est cinq avec Byron (Archambault), Éric (Deslauriers), Tom (Gamble), Brendan (Taman) et moi. À quatre, ils font le travail de huit avec les heures qu’ils investissent. On profite aussi des contacts de Brendan et Tom aux États-Unis notamment dans la NCAA pour en savoir plus sur certains joueurs. Ce sont des informations très utiles. On n’est pas beaucoup, mais on trouve le moyen d’accomplir le travail pour se retrouver dans une bonne position », a résumé Maciocia. 

Avant tout, le dirigeant doit surmonter l’enjeu de ne pas s’exprimer en première ronde (conséquence de la transaction de Johnny Manziel si vous aviez oublié). 

« Ça fait partie de notre réalité, je le savais. C’est pour ça qu’on s’est attaqués au dossier du bassin de joueurs canadiens pendant la période des joueurs autonomes. On a remplacé le tout de cette façon. On a effectué des changements pour s’attaquer à nos besoins pendant la saison morte. C’est surtout le cas en défense, je suis particulièrement content de la ligne défensive et des ajouts sur les unités spéciales », a maintenu Maciocia dans le cadre d’une vidéoconférence avec des journalistes. 

« Maintenant, on veut assurer la profondeur sur la ligne offensive », a ajouté Maciocia en parlant du repêchage de cette semaine. 

Selon ses dires, ça tombe bien puisque la cuvée 2020 affiche une profondeur intéressante particulièrement sur la ligne à l’attaque. Ensuite, les meilleurs éléments s’observeraient du côté des receveurs et de la ligne défensive. 

Là où ça peut se corser, c’est de parvenir à effectuer les bons choix sans pouvoir rencontrer les espoirs en personne pour des entrevues en profondeur. La technologie a donc été sollicitée ardemment avec 53 entrevues via Zoom ainsi qu’environ 25 appels téléphoniques. Plusieurs entraîneurs, médecins et préparateurs physiques ont également été consultés pour se forger une idée plus solide. 

« C’était une réalité étrangère à moi comme aux autres. […] C’est certain que ça représente un défi, mais c’était aussi amusant et ça m’a permis de mieux connaître mon équipe de recrutement. On a été en mesure de s’organiser pour que ce soit productif », a déclaré Maciocia. 

À défaut de miser sur un choix de première ronde, les Alouettes s’expriment cinq fois entre le 14e rang et le 33e rang (2 choix de 2e ronde, 2 choix de 3e ronde et 1 choix de 4e ronde). Les munitions existent donc pour grimper afin de s’assurer des services d’un espoir convoité. 

« On est toujours ouverts à des propositions et à différents scénarios pour améliorer notre organisation. Si ça se dessine, c’est sûr que je vais faire des téléphones. Mais, avec les choix dont on dispose, on est bien placés, on n’est pas obligés de bouger sauf si une autre équipe est prête à danser avec nous comme on dit », a-t-il évalué. 

Danny MaciociaConcrètement, il sera installé dans son sous-sol qui est décoré plus sobrement que la maison des parents de Joe Burrow. 

« Je suivrai le tout avec un projecteur et je serai en appel conférence avec mes collègues. Bien sûr, je serai disponible pour répondre si d’autres directeurs généraux veulent nous proposer des choses. Mes enfants seront probablement en arrière-plan à l’occasion et ils pourront aller me chercher un café quand ce sera nécessaire », a-t-il raconté avec un sourire. 

Un risque intéressant avec DeQuoy ? 

Personne n’est mieux placé pour évaluer le talent de Marc-Antoine DeQuoy qui a signé un contrat en tant que joueur autonome avec les Packers de Green Bay. L’ancien protégé de Maciocia avec les Carabins était classé au neuvième rang par le bureau de recrutement de la LCF avant cette nouvelle. Il n’est pas impossible qu’il intéresse encore les Alouettes dans une perspective à moyen ou long terme. Maciocia possède-t-il assez de choix pour le sélectionner ? 

« Je dirais que oui. On parvient tous à recueillir des informations privilégiées. On pense que ce sera très important d’obtenir ces informations avant de trancher. C’est toujours un risque, un pari, mais si le joueur finit par arriver avec ton équipe d’ici deux ans, ça peut devenir un risque bien calculé », a réagi Maciocia alors que les Alouettes ont des contacts auprès des Packers. 

Puisqu’il est rapide, très athlétique et talentueux pour s’attaquer au ballon, DeQuoy constitue un athlète très attayant. De plus, il détient des qualités pouvant lui permettre de jouer à plusieurs positions comme demi de coin, demi défensif et maraudeur. 

« Peu importe où il jouera, je suis convaincu qu’il aura une très bonne carrière », a assuré Maciocia qui a également vanté Adam Auclair. 

DeQuoy n’est pas le seul à faire réfléchir les équipes de la LCF. Six joueurs ont attiré l’attention de la NFL et personne ne peut prédire l’impact sur leur rang de sélection au Canada. 

« C’est la question d’un million de dollars. Ça dépend qui doit trancher. Parfois, ils chutent, mais le contraire se produit. Tout varie selon les besoins du club à cette position, une équipe peut accepter de le repêcher et de l’attendre. Voilà ce qui rend les choses intéressantes. Mais c’est certain que ça affecte nos prévisions pour le repêchage », a admis Maciocia. 

Pas un retour à n’importe quel prix 

Quant au retour à l’action, c’est encore plus difficile de prédire les développements. Tout comme l’entraîneur Khari Jones, Maciocia demeure optimiste, mais il a ajouté un bémol. 

« On trouve ça tous difficile. La réalité, c’est que je m’attendais à aller au camp des recrues et au camp régulier dans quelques semaines. C’est clair qu’on a tous hâte d’embarquer sur le terrain, mais pas à n’importe quelle condition. On doit écouter les experts qui nous dirigent et le faire de la bonne manière. J’y crois encore et j’y crois fortement. Sinon, on va tous trouver ça très long », a-t-il convenu sans dévoiler le scénario qui lui semble le plus réaliste. 

En attendant, il demeure en contact étroit avec le président Mario Cecchini alors que les nouveaux propriétaires le laissent vaquer à ses tâches du côté football.   

« Pour Mario, on peut se parler jusqu’à deux ou trois fois par jour. C’est très important de conserver ce lien. On est transparents, on s’échange des informations sur les prochaines étapes et c’est toujours utile de parler avec une personne que tu respectes beaucoup. Tu peux obtenir son avis sur certaines idées », a précisé Maciocia. 

Terminons avec deux dossiers distincts. Maciocia souhaite que l’équipe organise, au moment opportun, une cérémonie pour honorer la carrière de S.J. Green avec les Alouettes. Par rapport au receveur Quan Bray, il relancera son avocat après le repêchage alors qu’il n’a rien de nouveau à partager sur le sujet présentement.