MONTRÉAL – Pour la première fois depuis 1972, les Alouettes disposent du premier choix en vue du repêchage de la LCF qui aura lieu jeudi soir. Les dirigeants du club montréalais n’ont écarté aucun scénario avec cet atout, mais c’est encore le sujet du quart-arrière numéro un qui retient l’attention à l’approche du camp d’entraînement.

 

C’était au tour de Mike Sherman, le nouvel entraîneur des Oiseaux, et le directeur général Kavis Reed de procéder à la traditionnelle conférence téléphonique auquelle se prêtent les formations de la LCF à tour de rôle.

 

Reed et sa nouvelle garde rapprochée ont procédé à plusieurs changements en vue de relancer l’organisation qui en arrache depuis trois ans. Cela dit, l’incertitude persiste à la position névralgique de quart-arrière. Pas moins de sept quarts ont tenté de se détacher du lot lors du camp printanier qui s’est déroulé en Floride.

 

Nul doute, Josh Freeman attire les regards en vertu de son passé dans la NFL, mais Matthew Shiltz pourrait l’empêcher de s’établir comme le partant. Rien n’est joué, mais Sherman a tout de même admis que l’expérience n’est pas essentielle. Matthew Shiltz

 

« Je ne pense pas que la profondeur et l’expérience soient des critères aussi importants que le talent. Le talent demeure la chose la plus importante, ils vont gagner en expérience pendant la période de préparation. Est-ce qu’on aurait souhaité miser sur un partant établi qui revient et qu’on prévoit utiliser pour tous les matchs ? Absolument », a évoqué Sherman.

 

Voilà donc pourquoi Sherman n’entend pas tarder à choisir son homme de confiance selon les résultats dans un camp d’entraînement compétitif.

 

« On devra prendre une décision assez rapidement pour identifier un partant pour que celui-ci obtienne les répétitions nécessaires. Durant la première semaine ou après dix jours, je vais devoir prendre une décision. On ne va pas reculer ensuite tant qu’on verra comment il se débrouille dans les matchs. Pour le moment, je ne pourrais pas dire que l’un est en avance sur les autres », a statué l’entraîneur.

 

Sherman a d’ailleurs fait allusion à son passage comme coordonnateur offensif avec les Dolphins de Miami. Malgré la présence de deux vétérans, les Dolphins avaient repêché Ryan Tannehill en 2012 et ils l’ont préparé pour lui confier le poste de partant.

 

Sherman s’est également empressé de préciser que la pression ne repose pas uniquement sur les épaules du quart-arrière partant. Selon ses dires, les entraîneurs doivent parvenir à bien développer les joueurs et il a rappelé qu’il était prêt à modifier le système offensif élaboré – en particulier par le coordonnateur offensif Khari Jones – pour le mouler aux forces de l’élu.

 

À ce sujet, Sherman doit encore se familiariser avec les particularités du football canadien. Cependant, il a démontré une grande confiance envers le travail qui a été abattu par lui et ses adjoints depuis quelques semaines.

 

« La meilleure façon de se préparer, c’est d’en regarder et d’en étudier. Je l’ai fait et je vais continuer de le faire. Je suis très confiant qu’on est là où on voulait être en ce qui concerne les entraîneurs. Notre cahier de jeux est bâti, le calendrier des entraînements également, on a fait notre évaluation du repêchage et de notre équipe.

 

« J’ai parlé aux entraîneurs des attentes que j’ai envers eux. J’écris deux à trois lettres par semaine aux joueurs sur notre philosophie, ce qu’on veut accomplir, nos valeurs les plus importantes et comment on va s’entraîner. On a aussi travaillé sur nos plans de match. Ce fut une période passablement occupée pour les entraîneurs avec des réunions en ligne avec les joueurs. Je crois qu’on est là où on voulait être. J’ai plus souvent la mentalité de croire qu’on doit en faire encore plus, mais si on continue d’avancer comme ça, on sera en bonne posture », a maintenu Sherman.

 

L’entraîneur d’expérience ne veut toutefois pas transposer cette confiance en une prédiction.

 

« Si j’étais bon là-dedans, je travaillerais probablement dans cette industrie dans le coin de Las Vegas. Mais je peux prédire qu’on va progresser tous les jours. On va bien diriger ces joueurs, au mieux de nos capacités. Est-ce qu’on va gagner un championnat ou y aspirer, ça reste à voir. Mais on va y aller une étape à la fois en espérant que les gens se reconnaissent dans cette équipe et je vais bien me sentir quand ce sera le cas », a réagi Sherman qui a hâte d’être entouré de ses protégés au quotidien.

 

« C’est plutôt étrange de ne pas être davantage avec eux parce que tout le monde est dispersé, mais je ne peux plus attendre aux premières réunions et au premier entraînement pour mieux connaître ces individus », a précisé l’ancien pilote des Packers de Green Bay.

 

Aucun scénario écarté pour le 1er choix au repêchage

 

Dans la situation actuelle des Alouettes, l’idée de céder le premier choix à une autre organisation ne doit pas être écartée. Ce scénario permettrait d’ajouter du renfort soit en faisant l’acquisition d’un choix supplémentaire ou d’un joueur qui a déjà entamé sa carrière professionnelle.

 

Reed le sait bien et il n’a pas fermé la porte à une transaction.

 

« On a procédé à une réunion (lundi) et on n’écarte aucune avenue permettant d’améliorer notre formation. Si on reçoit une offre qui pourrait nous aider à court terme et à long terme, on va l’étudier », a-t-il admis.

 

Le DG des Oiseaux a sondé les différents entraîneurs pour connaître leur opinion sur cette possibilité.

 

« On ne va pas transiger seulement pour faire une transaction. On veut s’assurer que cette personne (le 1er joueur que Montréal repêchera) pourra contribuer à un certain point cette saison », a indiqué Reed qui a convenu que les besoins pour la relève se retrouvaient particulièrement sur la ligne offensive, chez les receveurs, les secondeurs et sur les unités spéciales.

 

Quant à la richesse de la cuvée 2018, elle se situerait surtout du côté de la ligne offensive, des secondeurs et des demis défensifs. Mais la tendance des joueurs canadiens qui séduisent la NFL se poursuit. Il y a notamment plusieurs joueurs de ligne offensive qui pourront exposer leur arsenal dans les prochaines semaines et les Alouettes ne veulent surtout « gaspiller » le premier choix sur un joueur qui s’installera au sud de la frontière pendant quelques années ou durant toute sa carrière.

 

En ce qui concerne le portrait actuel, considérant leur fiche de 3-15 en 2017, ce serait inutile de tenter de vous convaincre que les Alouettes doivent combler certaines lacunes.

 

« Les entraîneurs ont bien identifié les endroits où notre équipe avait des carences. Quand on s’est regroupés en Floride, on a regardé ceci attentivement. D’abord, on a besoin de plus profondeur pour tenir le coup après des blessures. On croyait aussi que ça nous prenait du renfort du côté des demis défensifs. On concédait trop de longues poussées et de gros jeux », a noté Reed qui a ajouté Tommie Campbell, Joe Burnett et Mitchell White pour cette raison.

 

Lors de la dernière question du point de presse téléphonique, Reed a assumé le blâme dans le dossier de Justin Zimmer qui a été libéré pour tenter sa chance avec les Falcons d’Atlanta. Les Alouettes doivent composer colmater une brèche au poste de plaqueur défensif.

 

« On va annoncer une signature assez prochainement. On a aussi confiance en (Woody) Baron de Virginia Tech. Il a appartenu aux Cowboys de Dallas et il a démontré des atouts qui se transposent bien ici. On pense qu’il peut remplir ce rôle. Mais ce n’est jamais juste à propos du partant, ça prend de la profondeur donc on va ajouter un autre joueur », a commenté Reed.