En tant qu’ancien joueur de la Ligue canadienne de football, je peux vous dire ce que cette période-ci de l’année où il commence à faire froid, où il n’y a plus de feuilles dans les arbres et où il y a possibilité de neige est le plus excitant de l’année.

Cela signifie que les matchs importants commencent et que ce ne sont pas toutes les équipes qui ont la chance de les disputer. C’est important de vivre le moment présent et donner le maximum, car tous les joueurs souhaitent que ça se poursuive.

Les Alouettes et les Lions de la Colombie-Britannique donneront le coup d’envoi aux éliminatoires de la LCF dimanche au Stade Percival-Molson et il sera intéressant de voir si les Montréalais retrouveront la recette que leur a permis de connaître du succès cette saison.

Je sais pertinemment que ça remonte à loin - Troy Smith était encore le quart-arrière partant de l’équipe à ce moment-là! -, mais les Alouettes avaient battu les Lions 24-9 pendant la deuxième semaine d’activités en connaissant un bon début de match, en remportant les batailles des revirements et des sacs du quart, et surtout, en utilisant le jeu au sol à profusion. C’est encore d’actualité, parce que c’est ce qui a fait défaut aux Alouettes la semaine dernière à Hamilton.

Lors de cette première rencontre entre les Alouettes et les Lions cette saison, rappelez-vous que les hommes de l’entraîneur-chef Tom Higgins menaient 20-0 à la demie. Le plaqueur défensif Scott Paxton avait connu un match incroyable en réussissant une interception avant de remettre le ballon à Chip Cox pour le touché, forcé un échappé de Stefan Logan et permis à son équipe d’arrêter les Lions sur un troisième essai avec encore une courte distance à franchir. À lui seul, Paxton avait réussi trois des quatre revirements des Alouettes cette journée-là.

Son coéquipier John Bowman avait réalisé quatre des cinq sacs du quart des Alouettes, tandis que l’attaque avait récolté des gains de 208 verges au sol contre seulement 81 pour les Lions. Quand je regarde cette façon de faire, je me dis que c’est exactement ça qu’il faut répéter. Et que faisaient les Alouettes pendant leur série de six victoires qui s’est terminée la semaine dernière à Hamilton? Des revirements, des sacs du quart et du jeu au sol. J’espère que le groupe d’entraîneurs des Alouettes a eu le temps de réaliser au cours des derniers jours.

Contre les Tiger-Cats, ç’a été tout le contraire. La bataille des revirements a été perdue et les Alouettes n’ont gagné que 17 verges au sol, dont uniquement 5 par un porteur de ballon. En regardant plus attentivement ce qui s’est produit à Hamilton, il faut que l’unité offensive parvienne à protéger le ballon. La passe manquée de Jonathan Crompton à Chris Rainey qui a mené à un touché des Tiger-Cats en est l’exemple parfait. Tu ne peux pas de tirer dans le pied de cette façon. Ça va aussi prendre du jeu au sol et de la production sur les premiers essais.

L’attaque devra appuyer la défense

Tout le monde le dit : plus une équipe produit en premiers essais, plus elle convertit facilement les deuxièmes. En menant ma petite enquête, j’ai noté que les Alouettes ont été 25 fois en situation de premier essai avec 10 à franchir contre les Tiger-Cats. Ainsi, 3 fois les Alouettes ont perdu du terrain et 11 autres fois ils n’ont obtenu aucun gain. Bref, en 11 jeux positifs, l’équipe a cumulé des gains de 123 verges, une moyenne de 4,9 verges par premier essai. Cependant, en retranchant 2 gros gains de 53 et 25 verges, la moyenne tombe à 1,95 verge par premier essai.

Quand un club se retrouve en situation de deuxième essai et long, l’adversaire sait exactement ce qui s’en vient - une passe - et peut évidemment s’ajuster en conséquence. Les chances de réussite fondent invariablement comme neige au soleil. La mission des Alouettes ce dimanche sera de produire en situation de premier essai. Sinon, ils n’ont aucune chance de succès.

L’attaque des Alouettes devra également trouver le moyen de finir ses séquences à l’attaque. Lorsque le botteur Sean Whyte réussit des placements de 23 et 12 verges, ça veut dire que ses coéquipiers ont été précédemment arrêtés à la ligne de 16 et de 5 verges. Étant donné que nous assisterons vraisemblablement à une bataille de défenses en demi-finale de l’Est, l’équipe qui sera capable de convertir ses séries aura un avantage marqué.

Un départ canon est par ailleurs souhaitable afin d’augmenter le niveau de confiance de toute l’équipe. Les Alouettes l’avaient fait contre les Lions pendant la deuxième semaine d’activités et ce sera d’autant plus important dimanche, parce que les Lions ont perdu leurs quatre derniers matchs à Montréal ainsi que leurs deux dernières rencontres cette saison. Il ne faut en aucun cas donner la chance aux Lions de s’imaginer qu’ils ont l’occasion de l’emporter et que cette fois sera différente des autres. À la blague, je dirais que les Alouettes ne sont pas obligés de remporter leurs matchs de façon serrée. Ils peuvent servir une correction de temps en temps!

Quant aux unités spéciales, leurs déboires ont été largement documentés. C’est donc le temps d’arrêter de cafouiller. Ça fait quatre matchs d’affilée que des erreurs majeures sont commises. Les Alouettes ne forment pas une assez bonne équipe, une équipe assez complète pour se permettre de jouer avec le feu comme ça. Rappelez-vous que Whyte avait réussi trois de ses cinq tentatives de placements pendant la première rencontre face aux Lions et avait même vu un de ses bottés de dégagement être bloqué lors de la deuxième à Vancouver.

L’adage dit que les défenses gagnent les championnats et les Alouettes auront l’occasion de le prouver si le club se rend jusqu’au bout. De toutes les équipes qui participent aux éliminatoires, les Alouettes sont ceux qui ont inscrit le moins de points (360). C’est donc la preuve que tout repose sur les épaules des hommes de coordonnateur défensif Noel Thorpe.

Chose certaine, la défense des Alouettes a trouvé sa vitesse de croisière au cours des dernières semaines. Cette unité défensive force l’adversaire à être patient en n’allouant pas de longs jeux et oblige ses rivaux à effectuer plusieurs jeux consécutifs avant de profiter de la première erreur venue. La meilleure façon d’illustrer cet exemple est arrivé la semaine dernière à Hamilton quand Dominique Ellis a réussi une interception après une série de 13 jeux des Tiger-Cats. Le message aux Lions est clair : protégez le ballon, car vous allez voir que ça va cogner fort!

En Kevin Glenn, les Alouettes retrouveront un petit quart qui n’est pas des plus mobiles. Les joueurs des Alouettes voudront mettre de la pression au centre pour obstruer la vue de Glenn et bloquer les corridors de passes pour empêcher Glenn de voir le déploiement défensif. C’est une mission de tous les instants contre un quart de la trempe de Glenn.

Aux partisans de faire la différence

La beauté du football, c’est que le sort des équipes se décide l’instant d’un match. C’est plaisant, c’est intense et c’est le meilleur club pendant trois heures cette journée qui va se sauver avec la victoire. Et le plus merveilleux dans tout ça, c’est que les Alouettes et les Lions ont terminé la saison avec le même dossier (9-9) et que la victoire pourra aller d’un côté comme de l’autre.

Évidemment, il y a des impondérables et les Lions devront faire avec le long voyagement et le décalage horaire. Ces derniers ne fouleront également pas le terrain du Stade Percival-Molson avec la plus grande des confiances en raison de leur fin de saison en dents de scie. Par contre, une foule de petits détails peuvent les aider à continuer d’y croire.

Les Alouettes n’ont pas gagné une rencontre éliminatoire depuis leur conquête de la coupe Grey en 2010 et feront confiance à une recrue au poste de quart. Même s’il doit affronter la défense des Alouettes, Glenn possède beaucoup plus d’expérience et n’avait pas mal fait quand les Tiget-Cats ont battu les Alouettes 52-44 en demi-finale de l’Est au Stade olympique en 2011.

Le football est un sport de stratégies où la préparation du groupe d’entraîneurs a une incidence sur le résultat du match. À quelques exceptions près, celui des Lions est sensiblement le même que celui qui a remporté la coupe Grey en 2011. Encore là, avantage Lions sur les Alouettes.

Encore à la blague, je dirais les Lions sont dus, étant donné que ça fait trois années de suite que l’équipe qui accueille le match de la coupe Grey sur son terrain est sacrée championne à la fin de la saison. Après ces mêmes Lions en 2011, les Argonauts de Toronto en 2012 et les Roughriders de la Saskatchewan en 2013, est-ce encore le tour des Lions en 2014?

Je ne sais évidemment pas quel sera le message de l’entraîneur-chef des Lions Mike Benevides à ses joueurs avant le début de la rencontre, mais il peut toujours leur rappeler qu’ils ont n’ont connu que deux mauvais quarts sur un total de huit contre les Alouettes cette saison.

Après avoir perdu 20-0 la première demie du premier match à Montréal, ils ont ensuite dominé  50-9 lors des six derniers quarts contre les Alouettes. À ce moment-ci de l’année, tout le monde s’appuie sur les éléments positifs. Reste que c’est la ligne à l’attaque des Lions qui déterminera si nous aurons droit à un vrai match ou pas. Si la ligne est capable de contenir le front défensif des Alouettes, ça risque de donner pas mal de piquant.

Ultimement, les Alouettes ont tellement travaillé fort pour revenir dans le classement et obtenir la présentation d’une rencontre éliminatoire à domicile que c’est le temps pour les partisans de se présenter et de faire une différence.

*Propos recueillis par RDS.ca