La joie l'emporte sur la déception pour Matte qui devient un Lion

MONTRÉAL – Le pincement au cœur ressenti par Kristian Matte, quand la porte s'est refermée chez les Alouettes, a rapidement été dissipé par la joie d'entamer sa carrière d'entraîneur avec les Lions de la Colombie-Britannique.

« C'est sûr qu'après 14 saisons avec les Alouettes, j'ai ressenti une grande déception. Je n'ai jamais caché que j'ai les Alouettes tatoués sur le cœur. Ce dénouement a fait mal un peu, mais c'était une occasion d'entamer un nouveau défi », a expliqué Matte, lundi, au RDS.ca.

Retournons au début décembre alors que Matte a clos son impressionnant parcours de joueur. Dans la LCF, il a eu le privilège de porter un seul uniforme. Certes, il a dû composer avec une longue période creuse au niveau collectif, mais il a pu quitter dans la réussite.

« J'ai dit aux Alouettes que je voulais rester à la maison comme entraîneur, que j'y tenais. Mais j'ai vu assez vite que cette porte s'est refermée et que ce ne serait pas possible », a décrit Matte sans dénoncer le tout.

Car, bien au contraire, Matte est fort excité au bout du fil. Il s'excuse même de parler autant puisque sa joie et sa passion l'animent.

Si tous les postes étaient comblés dans le personnel de Jason Maas à Montréal, Matte a pu se trouver de nouvelles couleurs à représenter. Grâce à sa connexion avec Paul Charbonneau, qui a été entraîneur des porteurs de ballon et de ligne offensive avec les Alouettes, Matte a obtenu le rôle d'entraîneur des demis offensifs des Lions.  

« C'était très naturel quand j'ai pu parler à l'entraîneur-chef, Buck Pierce, et son entourage. Ce n'est pas souvent qu'on se fait accorder une chance tout de suite après la retraite donc je suis très reconnaissant », a noté Matte.

Durant l'annonce émotive de sa retraite, le directeur général des Alouettes, Danny Maciocia, avait suggéré aux dirigeants d'un programme universitaire de se tourner vers lui. Matte est parvenu à sauter cette étape et c'était son souhait.

Ce nouveau mandat s'accompagne, évidemment, d'un déménagement à l'autre bout du pays. Pour la première année, c'est déjà décidé qu'il partira seul alors que sa femme, sa fille et son garçon vont demeurer au Québec pendant la saison de football.

« Ce n'est pas l'idéal d'être loin et ce sera difficile pour la vie familiale, mais j'ai discuté avec plusieurs entraîneurs et, même quand tu fais ce métier de la maison, ce n'est pas facile. Peut-être que c'est une bonne chose finalement pour que je puisse bien me concentrer surtout que ce sera une année d'apprentissage », a relativisé le gentilhomme.

Matte se réjouit déjà que le calendrier lui permette de revenir à Montréal durant les semaines de répit cette saison.

« Comme ma femme me disait, c'est ma première année, je vais m'ancrer les pieds dans ce milieu. Je me vois faire ça longtemps et elle aussi », a ajouté celui qui aura 40 ans en septembre.

Il déduit que son âge et son bagage de joueur, qui n'est pas démodé, l'aideront à se faire comprendre par les demis offensifs des Lions.

« Je suis un jeune entraîneur et je travaillais étroitement avec les porteurs de ballon en tant que joueur de ligne offensive. J'ai toujours eu de bonnes relations avec des gars comme (William) Stanback, (Walter) Fletcher ou Tyrell Sutton », a commenté l'ancien numéro 51.

Durant les dernières semaines, Matte a plongé la tête dans le cahier de jeux des Lions pour y apprendre leur jungle offensive. Ironiquement, en ratant une grande partie de la saison 2024 puisqu'il était blessé, Matte a favorisé sa transition.

Oui, il a mieux compris le procédé pour bâtir des jeux et des plans de match. Mais il a surtout assimilé l'horaire plus exigeant des entraîneurs.

« J'ai pu voir à quoi ressemblait la vie d'un coach. Comme joueur, on parlait plus tôt. Je regardais la façon de faire de tous les entraîneurs. J'étais dans la même pièce que Luc (Brodeur-Jourdain), j'ai beaucoup appris de lui et André (Bolduc) auparavant », a exposé Matte.

L'humilité a toujours suivi le Québécois et ça ne changera pas en devenant entraîneur. Matte se réjouit que les entraîneurs des Lions soient « très réceptifs » à son point de vue, mais il sait qu'il raffinera ses connaissances tout au long de la prochaine saison.

Et il y a une autre raison pour laquelle Matte se sent déjà très à l'aise avec les Lions.

« Mon fils a toujours eu les Lions comme deuxième équipe préférée. Parce que ce sont des Lions et car il aime la couleur orange. Ça ne l'a pas trop tracassé que je change d'organisation », a conclu Matte avec le cœur léger.