Je vous propose comme chaque semaine mon tour d'horizon de cinq sujets de la NFL et de la LCF ayant retenu mon attention au cours de la dernière semaine.
 

Un point tournant pour les Alouettes
 

Les Alouettes connaissent une saison où ils produisent en attaque et où ils ont eu des moments de brio en défense sans toutefois parvenir traduire le tout en victoires. On assiste à des fins de matchs difficiles alors que l'équipe n'arrive pas à concrétiser des séquences importantes. On a aussi vu des revirements contre l'attaque à de mauvais moments.
 

Dans le dernier match, on a vu les mêmes éléments qui ont bien fonctionné sans être parfaits en termes de plan de match ou de lectures de jeu, mais où le résultat final a été en faveur des Alouettes. Cette nuance est importante à mes yeux. Les passes de Vernon Adams à Eugene Lewis en fin de partie étaient audacieuses et à la limite risquées.  Mais les choses ont fonctionné et ce qui compte au football, c'est le résultat.  On a cru revoir des images de 2019 alors qu’on lance le ballon dans des couvertures serrées en espérant que les meilleurs joueurs concrétisent les jeux. C'est exactement ce qui s'est produit en fin de semaine et pour que ça fonctionne, vous devez jouer avec un haut niveau de confiance, qui vient avec les victoires.
 

Au final, je pense que cette victoire peut donner la confiance aux joueurs, particulièrement à ceux en attaque, qu'ils sont encore en mesure de réussir les gros jeux explosifs en fin de match. Souhaitons que ce soit le tournant de cette saison.
 

Quand deux maîtres se rencontrent
 

Quand je pense au retour de Tom Brady à Foxboro pour le match contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, j'essaie simplement de m'imaginer ce qu'il a pu vivre comme émotions pendant la semaine. Nous sommes tous sans doute très loin de comprendre ce qu'il a pu vivre ou ressentir.
 

Il est le plus grand quart de tous les temps et est vénéré partout. Chacun de ses gestes est scruté à la loupe et on essaie de savoir ce qui se passe dans son esprit. Ça doit être vraiment particulier de vivre la vie de Tom Brady comme grande célébrité de la NFL. Cette attention a été quintuplée lors de la plus récente semaine de préparation. On a tenté à tous les jours de lui soutirer la déclaration qui allait mettre le feu aux poudres ou faire jaser avant la partie. Mais lui et Bill Belichick ont flairé le piège et ils ont été bons durant toute la semaine pour ne pas tomber dans le panneau. Brady a révélé après la partie que la rencontre avait été très émotive et qu'il avait eu du mal à gérer la semaine. Il savait que ce serait gros pour lui. C'est pour cette raison qu'il ne voulait pas de célébrations pendant le match en ne cherchant pas à rendre l'événement plus gros qu'il l'était déjà.

 

J'ai beaucoup aimé ce que nous avons entendu en aval du match. C'est-à-dire que Brady et Belichick se sont rencontrés seul à seul pendant vingt minutes.  Ça me démontre un côté humain, qui fait du bien parce que ce sont deux hommes que l'on considère comme des robots depuis deux décennies.  Même si en public Belichick ne le démontre pas, j'ai du mal à m'imaginer que derrière des portes closes, il n'a pas d'émotions. J'espère que les deux hommes ont profité de l'occasion pour partager, s'expliquer sur certaines choses et admettre certains torts tout en faisant preuve d'un peu d'humanisme.
 

Il est intéressant de noter que c'est Belichick qui a organisé cette rencontre. Il a demandé aux Buccaneers de trouver un endroit pour qu'il puisse discuter en privé avec son ancien protégé.  Belichick n'est pas le gars le plus sympathique avec les médias particulièrement, mais je suis heureux de voir qu'il peut avoir une relation personnelle avec son joueur et non seulement, une relation professionnelle.
 

J'ai l'impression que ce match a bouclé la boucle pour les deux hommes. Ils peuvent maintenant poursuivre et terminer leur carrière respective avant d'être célébrés pendant des années par la suite sans que la friction qui a pu régner ne devienne constamment une distraction.
 

Une stratégie controversée
 

Au-delà du retour de Brady, il y a aussi eu une partie qui s'est soldée par une victoire de Tampa Bay.
 

Je dois dire que je n'ai pas aimé la stratégie de Belichick en quatrième et trois en fin de match de tenter un placement de 56 verges. J'ai consulté mes confrères à l'émission Blitz et mes trois collègues étaient d'accord avec la stratégie de l'entraîneur des Patriots. Alors, j’imagine que ma position n’est pas la plus populaire mais je maintiens que c’était la mauvaise. Je vous explique pourquoi.
 

Il existait trois scénarios possibles. Le premier est celui qui s’est produit, que Folk rate son placement. Match terminé.
 

Les conditions météorologiques n'étaient pas favorables parce qu'il pleuvait et Folk n'est pas reconnu comme un botteur de longue distance et on ne lui a pas demandé souvent de s'essayer d'aussi loin. Au cours des trois dernières saisons avec les Pats, c'était seulement la cinquième fois qu'on le lui demandait d'essayer un botté supérieur à 50 verges. Ce n'est pas dans la philosophie des Pats de tenter de tels placements.
 

Le deuxième scénario, que Folk réussisse son placement. Ok, on prend l’avance d’un point mais on aurait redonné le ballon à Brady avec encore 54 secondes à jouer et deux temps d'arrêt. Brady, rappelons-le, n'aurait eu besoin que d'un placement pour gagner. Je n'aimais pas les chances des Pats. 
 

Le troisième scénario, le meilleur à mon avis, celui de tenter de convertir le quatrième essai en premier jeu. Le jeu au sol était déficient, mais le quart Mac Jones complétait beaucoup de passes dans les zones courtes. Jones a même connu une séquence de 19 passes de suite réussies. En plus, Tampa Bay était privé de ses trois meilleurs demis de coin et les Pats avaient l'attaque pour obtenir le premier jeu. Si on réussissait, on aurait pu épuiser les dernières secondes du match et essayer un placement plus court sur le dernier jeu de la rencontre.
 

Belichick a flanché et je pense que ç’a été une mauvaise décision. 
 

Le déclin de Big Ben
 

Les Steelers de Pittsburgh ont baissé pavillon devant les Packers de Green Bay. Une troisième défaite consécutive et un troisième match de suite où les Steelers marquent 17 points ou moins.
 

C'est évident plus que jamais que le quart Ben Roethlisberger a pris un coup de vieux. Ses passes sont imprécises et en retard. Il joue derrière une ligne offensive qui a du mal à le protéger, lui qui est devenu un quart moins que mobile et qui n'est pas en mesure de se défaire de la pression. Il est donc frappé avec régularité. Il n'arrive que trop rarement à attaquer les zones profondes et quand on n'y arrive pas en 2021, c'est le signe que ça va vraiment mal.
 

L'an dernier, on avait vu que Roethlisberger, 39 ans, régressait en fin de saison. Durant la saison morte, il a adopté un nouveau régime de vie qui lui a fait perdre beaucoup de poids. On pensait qu'il connaîtrait un bon début de saison, mais ce n'est pas le cas et je ne vois pas comment il va s'améliorer. Le problème chez les Steelers est qu'il n'y a pas de relève.
 

Mason Rudolph n'est pas la solution à mon avis et il écoule la dernière année de son contrat. Quant à Dwayne Haskins, il est un rejet de Washington qui n'a pas prouvé grand-chose.
 

Les Steelers n'ont pas préparé la suite et comme dit le dicton au football, « le  pire moment pour te trouver un quart, c'est quand tu en as besoin d'un. » Il faut que l'avenir se prépare et non pas chercher à l'improviser.  Pittsburgh avait le meilleur exemple devant lui en fin de semaine avec les Packers, qui ont été critiqués pour avoir repêché Jordan Love. Le jour où Aaron Rodgers va quitter, on va tous comprendre la présence précieuse de Love. Ce n'est pas la première fois que les Packers agissent de la sorte. On n'a qu'à se souvenir de l'arrivée de Rodgers après le départ de Brett Favre. 
 

La saison s'annonce difficile à Pittsburgh et si on ne trouve pas une solution rapidement, ça pourrait se traduire par plusieurs saisons difficiles.
 

Une surprise venue de Dallas
 

Les Cowboys représentent une surprise pour moi dans la NFL. On savait que l'attaque produirait, mais la surprise vient de la défense qui s'est illustrée contre de bonnes équipes.  Dans cette unité, il y a un joueur qui connait une saison exceptionnelle et c'est le demi de coin Trevon Diggs qui a été repêché en 2020.
 

Il a connu une bonne première saison, mais il est en train de s'établir comme l'un des meilleurs demis de coin de la NFL. Dans le football de 2021, un club se doit de miser au moins sur un demi de coin de premier plan, un « shutdown corner, » un joueur capable de neutraliser le meilleur receveur adverse.  Diggs est en train de devenir ce type de joueur. Il a d'ailleurs réussi une interceptions dans chacune des quatre rencontres de son club cette saison et même deux contre la Caroline ce week-end. 
 

Il s'est illustré contre de bonnes attaques aériennes dont celles des Buccaneers et des Chargers. Pour exceller à cette position dans la NFL, il faut bien sûr avoir une bonne technique, être bon en couverture de zone et être bon en couverture homme à homme, mais il faut surtout jouer avec un niveau de confiance élevé pour être en mesure de croire sur chaque jeu que tu es meilleur que le gars devant toi. À cette position, il faut que le niveau de confiance soit très élevé, car si tu te fais battre, tu dois arriver à mettre tout ça derrière toi rapidement.
 

C'est difficile à expliquer, mais son langage non verbal démontre un joueur calme qui n'est pas nerveux. Il joue avec swag comme diraient certains jeunes.  Je pense que l'on va parler de lui encore longtemps et il pourrait permettre aux Cowboys d'aller loin en éliminatoires.

*propos recueillis par Robert Latendresse