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Avec la fin de la saison qui arrive, il y a évidemment la course aux éliminatoires qui retient l’attention, mais également celles pour les différents honneurs individuels à travers la NFL.

Je dois dire que cet exercice de remarquer un seul joueur ne me paraît jamais aisé, alors que je considère le football comme le sport d’équipe par excellence. Ce n’est pas pour rien que les joueurs honorés vont remercier leurs coéquipiers et entraîneurs dès le début de leur discours. Il est tout de même plaisant de se prêter à l’exercice et je me suis penché de manière plus approfondie sur l’un des honneurs les plus convoités et qui génère sa part de débat : le titre de joueur le plus utile à son équipe.

Même s’il est question d’un honneur individuel, j’ai toujours pensé qu’il devait refléter tout de même les succès de l’équipe. La fiche de la formation a tout de même une importance significative de mon côté lorsque vient le temps d’évaluer les éventuels candidats. Je m’expliquerais mal remettre le titre de « MVP » à un joueur qui évolue pour une équipe avec un dossier inférieur à ,500, car son travail doit avoir un impact à un certain point sur le nombre de victoires.

Les deux candidats que j’ai relevés qui se livrent la lutte à mon avis pour le titre cette année n’ont visiblement pas ce problème, alors qu’on retrouve d’un côté Patrick Mahomes des Chiefs de Kansas City (14-1) et de l’autre Aaron Rodgers des Packers de Green Bay (12-3).

Vous comprendrez que je ne peux simplement donner un avantage au quart des Chiefs en raison de cette fiche. Une analyse de premier niveau permet de comparer les deux quarts-arrière avec leurs statistiques de la saison.

Si on aborde le tout froidement, Rodgers a 353 passes complétées en 502 tentatives pour des gains de 4059 verges. Il en résulte une moyenne très appréciable de 8,1 verges par passe tentée, ce qui démontre qu’il ne se contente pas de passes courtes à son dépanneur. Il a enregistré un sommet de 44 passes de touché contre seulement cinq interceptions ce qui donne un ratio pratiquement de neuf contre un et c’est évidemment plus qu’excellent. Le quart de 37 ans a aussi obtenu 145 verges au sol et inscrit trois touchés en pareille circonstance.

Pour ce qui est de Mahomes, celui-ci a rejoint un coéquipier 390 fois en 588 occasions pour des gains aériens de 4740 verges. On peut entrevoir que le bras de Mahomes est davantage sollicité chez les Chiefs dans le plan de match offensif. Si vous faites aussi le calcul, vous remarquerez que les deux quarts ont la même moyenne de verges par passe soit 8,1. Le quart de 25 ans a un peu moins de passes de touché avec 38 contre six interceptions. Le quart a su utiliser ses jambes pour 308 verges au sol et deux majeurs.

C’est certain que le ratio de passes de touché/interceptions qui est une donnée importante pour les quarts donne un léger avantage au représentant des Packers, mais je me dis aussi que Mahomes a sûrement dû être un peu plus sous pression que son vis-à-vis alors qu’il a eu besoin de ses jambes pour gagner du terrain.

Avoir le portrait global

Alors qu’on arrive à la fin de la saison, nous avons tendance à nous rappeler un peu plus des prestations récentes des deux quarts et Rodgers a certainement frappé les esprits lors de ses dernières sorties. À ses cinq derniers matchs, il a lancé 15 passes de touché contre une interception et il a franchi lui-même la zone des buts pour six points par deux fois. Je note toutefois qu’il n’y avait que les Bears de Chicago dans cette séquence avec une unité défensive dans le top-10 de la NFL.

Pour sa part, Mahomes peut sembler avoir perdu du terrain, alors qu’il a obtenu 11 passes de touché et quatre interceptions pendant cette séquence qui l’a opposé toutefois à trois défenses du top-10. Il est vrai que Rodgers a été particulièrement convaincant, notamment contre les Titans du Tennessee, alors que Mahomes vient de connaître une performance plus tranquille devant les Falcons d’Atlanta, mais cinq matchs ne font pas une saison et je veux un échantillon plus complet pour baser ma décision.

J'ai voulu pousser mon analyse un peu plus loin afin d’avoir un portrait global de la situation. J’ai donc pris en compte le calendrier des deux équipes au cours de la saison, les défenses qu’ils ont affrontées et les acteurs de soutien à leur disposition pour gonfler leurs chiffres.

Je me lance donc avec le calendrier des adversaires pour les deux équipes. D’un côté, la fiche combinée des adversaires des Packers est de 95 victoires contre 129 revers et un match nul. Ils ont disputé cinq matchs contre des équipes qui avaient un dossier supérieur à ,500.

Chez les Chiefs, le calendrier est presque similaire, alors que leurs rivaux ont cumulé un dossier de 104 gains, et 121 revers. Tout comme Green Bay, ils ont fait face à cinq formations qui avaient une fiche positive. Vous comprendrez donc que j’ai poussé un peu plus loin ma recherche en me penchant sur les unités défensives adverses sur leur chemin.

J’ai voulu relever les matchs qui opposaient les deux quarts à des unités défensives dans le top-16 de la NFL pour les points alloués. Rodgers n’a été opposé qu’à quatre formations dans cette portion du classement, dont trois étaient dans le top-10, soit les Bears de Chicago, les Saints de La Nouvelle-Orléans et les Buccaneers de Tampa Bay. Les Packers ont signé deux gains et encaissé deux revers contre ces défenses du top-16.

Les Chiefs ont quant à eux été parfaits en six matchs contre des unités défensives qui répondent à ce critère. Du lot, Baltimore et Miami sont présents dans le top-5. Kansas City a donc su garder un avantage malgré le défi qui se présentait devant le quart. À la lumière de ces chiffres, je me dis que si j’ai besoin d’un bris d’égalité à la fin, je pourrai me rappeler des résultats de Mahomes contre des unités défensives de qualité.

Si je me penche maintenant sur les matchs avec des adversaires communs pour Kansas City et Green Bay, cinq équipes répondent à ce critère. Les Panthers, les Texans, les Buccaneers, les Falcons et les Saints ont tous croisé le chemin des Packers et des Chiefs une fois cette saison. Les deux formations ont connu du succès avec un seul revers pour les Packers dans cette séquence contre aucun pour les Chiefs. Si je ressors le travail des quarts pour ces rencontres, Rodgers a obtenu 1196 verges en 107 passes complétées sur 163. Il a amassé 12 passes de touché contre deux interceptions et ses moyennes s’élèvent à 7,3 verges par passe et à 239 verges par match pendant cette fenêtre de cinq confrontations.

Chez Mahomes, il a été encore une fois plus sollicité avec 141 passes complétées sur 217 passes tentées pour 1577 verges. Il a accumulé 15 passes de touché pour sa part contre une interception seulement. Sa moyenne est similaire à Rodgers pour les verges par passe, mais elle grimpe à 315 verges pour chacun de ces cinq matchs. Je dois vous avouer qu’après ces calculs, je m’attendais à avoir une idée plus claire pour mon choix du joueur le plus utile. Il est évident que chacun des quarts de manière isolée a connu de meilleures performances que son vis-à-vis, le match des Falcons peut venir en tête. À cet exercice, Rodgers s’est démarqué particulièrement lors de trois de ces cinq matchs, mais c’est encore très serré.

Des coéquipiers en renfort

J’ai donc poussé mon analyse encore plus loin avec les acteurs de soutien aux deux quarts au sein de leur équipe respective.

Si j’évalue sommairement les deux lignes à l’attaque, j’aurais envie de dire que celle des Packers est légèrement supérieure à celle des Chiefs. Encore une fois, c’est extrêmement serré, car on parle d’un sac du quart accordé aux 25 passes tentées, mais chez les Chiefs, c’est un sac du quart pour chacune des 26 passes, donc petit avantage. Toutefois, la ligne à l’attaque des Packers a dû se débrouiller malgré des blessures dernièrement, ce qui explique un total de huit sacs à ses quatre dernières sorties. Ils en ont d’ailleurs alloué cinq contre les Panthers plus tôt cette saison et quatre devant les Buccaneers. Ces deux matchs viennent assombrir le portrait global pour la formation du Wisconsin.

On sait que pour les Chiefs, Laurent Duvernay-Tardif a décidé de ne pas jouer cette saison, Mitchell Schwartz a manqué plusieurs matchs et le garde Kelechi Osemele est sur la liste des blessés. Lors des cinq derniers matchs, cette unité a concédé 10 sacs du quart et pour avoir visionné plusieurs matchs des Chiefs, j’ai plus souvent vu Mahomes sous pression que Rodgers. J’en reviens avec les verges au sol du quart des Chiefs qui doivent découler de sa réalité qu’il doit improviser par moments avec ses jambes.

Pour le reste de l’attaque, je me dois de donner avantage aux Packers avec une attaque au sol dans le top-10 de la NFL. On parle de 424 courses chez Green Bay contrairement à 386 pour Kansas City, donc on voit qu’il y a un peu plus d’équilibre pour Rodgers.

Pour le groupe de receveurs, je n’ai d’autres choix que de donner un avantage à Mahomes qui peut miser sur Travis Kelce et Tyreek Hill qui vient au septième rang pour les verges accumulées. Il est vrai que Davante Adams occupe le quatrième échelon à ce chapitre, mais après, il faut descendre au 63e rang pour voir un receveur des Packers avec Marquez Valdes-Scantling. On s’aperçoit encore plus pourquoi il y avait eu des points d’interrogation après la première ronde du repêchage, alors que Green Bay a préféré opter pour le quart Jordan Love au lieu d’un receveur. Il ne fait aucun doute que Rodgers parvient à en faire un peu plus avec moins de talent dans son groupe de receveurs.

Les défenses peuvent avoir une incidence aussi sur le rôle d’une attaque au sein d’une équipe, mais la différence n’est pas très grande entre celle des Packers et des Chiefs. Ces derniers concèdent 21,6 points par rencontre et 355 verges à l’adversaire contrairement à 23,5 points et 333 verges pour les Packers. Je donnerais un match nul ici.

Et le gagnant est...

Malgré toutes les statistiques que j’ai relevées, la décision n’est pas encore évidente. Je me suis donc posé la simple question suivante : si l’un des deux joueurs se blesse, quelle équipe serait davantage affectée? C’est une manière pour moi de donner tout son sens à l’expression « joueur le plus utile d’une équipe ».

À ce chapitre, je crois que sans Rodgers, les Packers éprouveraient bien plus de difficultés que les Chiefs. C’est évident que les Chiefs ne seraient pas aussi dominants sans Mahomes, mais il faut se souvenir qu’en 2019, ils ont été privés de leur quart vedette pour deux matchs. Matt Moore est venu en relève et il a su signer une victoire et il a encaissé un revers contre Rodgers et les Packers, mais par la marque de 31-24, donc l’équipe était dans le coup. Les Chiefs ont suffisamment de bons acteurs de soutien pour garder le cap si jamais Mahomes venait à tomber. Chez les Packers, Rodgers est demeuré en santé dans les dernières années, donc il est difficile d’avoir un échantillonnage justifiable.

À Kansas City, le quart réserviste est Chad Henne qui a tout de même de l’expérience derrière la cravate avec pas loin de 13 000 verges amassées dans sa carrière. Il a lancé 58 passes de touché, mais j’en conviens, contre 63 interceptions. On est loin d’avoir autant d’expérience à Green Bay avec Tim Boyle qui n’a disputé que 11 matchs et tenté quatre passes pour 15 verges.

Après avoir tenté de trouver un avantage avec les statistiques, je crois que ce dernier élément peut faire pencher la balance en faveur de Rodgers pour le titre de joueur le plus utile pour la saison 2020 dans la NFL.

Vous comprendrez que je n’aurais aucun ennui à apprendre que Mahomes hérite de cet honneur. J’aurais toutefois aimé, pour le spectacle, que la NFL attende et espère une confrontation entre les deux quarts au Super Bowl. Ça n’arrivera pas, mais ce serait une note finale spectaculaire à ce débat cette saison alors qu’on pourrait assister à une confrontation entre les deux quarts au Super Bowl.

En attendant le verdict de la NFL, je vous invite à me faire part de votre choix pour le titre de joueur le plus utile.

Propos recueillis par Maxime Tousignant