Je veux entamer mon traditionnel tour d’horizon de l’actualité football avec la victoire des Alouettes de Montréal par la marque de 37 à 16 contre les Argonauts de Toronto. Mon collègue Pierre Vercheval a bien décrit dans sa chronique l’importance de cette victoire pour les Alouettes et la satisfaction qui pouvait découler d’un tel gain.

 

J’ai presque envie de dire qu’il s’agit de l’une des victoires les plus satisfaisantes de l’équipe dans les 10 dernières années en raison de la domination du début à la fin et elle nous fait réaliser que cette équipe a trouvé son identité.

 

C’est d’ailleurs sur ce dernier point que je veux me pencher puisque l’identité des Alouettes se remarque des deux côtés, tant à l’attaque qu’en défense.

 

C’est réconfortant, car les Alouettes remportaient des matchs par le passé et étaient en mesure de signer d’importantes victoires, mais on sentait tout de même une certaine fragilité, comme si le positif pouvait basculer dans le négatif à tout moment.

 

Dorénavant, on sent que l’équipe repose sur une identité qui lui est propre et qu’elle peut imposer à son adversaire à chacun des matchs. C’est d’autant plus encourageant à cette période de l’année comme on réalise que leur style convient aux températures plus froides qui vont être ressenties dans les prochaines semaines sur le terrain.

 

Je parle ici d’une identité qui repose en attaque sur le jeu au sol. La domination des Alouettes à ce chapitre sur ses rivaux se traduit par une ligne à l’attaque agressive qui charge la ligne défensive adverse, et bien évidemment William Stanback qui punit ses opposants.

 

Il faut comprendre qu’au football canadien, les joueurs sont généralement plus petits que dans la NFL, car le terrain est si grand qu’on préfère miser sur la rapidité plutôt que la puissance. Les joueurs de ligne défensive et les secondeurs sont ainsi plus petits, mais devant un porteur de ballon avec le physique et les habiletés de Stanback, ils en paient le prix.

 

Le demi offensif des Alouettes est imposant même pour un joueur à sa position dans la NFL avec un 230-235 livres comme physique. Il martèle ainsi des secondeurs une vingtaine de fois durant un match et c’est évident que cette approche va finir par rapporter aux Alouettes. L’équipe n’abandonne pas le jeu au sol même s’il peut connaître des ennuis en début de rencontre, mais au final, ça rapporte.

 

Avec le jeu au sol comme arme principale, Matthew Shiltz devient le complément de cette attaque et c’est ainsi que ce devrait être chez les Alouettes. Lorsque Vernon Adams fils est en poste, peut-être que l’équipe veut reposer un peu plus sur ses habiletés et son bras, mais avec Shiltz, l’entraîneur l’utilise comme un complément au jeu au sol et c’est véritablement ainsi que ça devrait être pour Montréal.

 

Lorsque les unités défensives adverses s’ajustent en voulant freiner le jeu au sol, on a vu Shiltz réalisé de gros jeux avec ses receveurs comme lors du dernier match. C’est donc plaisant de voir cette dynamique en attaque qui repose sur le jeu au sol comme fer de lance.

 

En défense, l’identité s’est construite au fil de la saison avec une ligne défensive agressive qui met beaucoup de pression sur le quart-arrière avec différentes stratégies, dont des jeux en croisés.

 

Au cours des dernières semaines, certains joueurs se sont démarqués dans cette unité, dont David Ménard et Jamal Davis. Je trouve qu’ils ont changé le visage de ce front défensif et grâce à l’utilisation efficace de Chris Ackie pour se joindre à la pression, la défense peut déranger le quart adverse et le forcer à précipiter ses jeux. Les Alouettes sont ainsi devenus une équipe agressive des deux côtés du ballon et c’est encourageant à voir à l’approche du dernier droit de la saison.

 

Un peu de panique chez les Chiefs

 

Pendant que les Alouettes ont trouvé leur identité, c’est véritablement plus compliqué dans la NFL pour les Chiefs de Kansas City.

 

La panique semble gagner tranquillement cette équipe qui vient de subir une raclée au compte de 27 à 3 devant les Titans du Tennessee pour présenter un dossier négatif (3-4) dans une division très relevée. Il y a plusieurs éléments qui font défaut présentement chez les Chiefs et même si certains aspects peuvent être corrigés, je vois difficilement comment la barre pourra être redressée à temps afin de redevenir une équipe dominante comme par les années passées pour terminer la saison.

 

Évidemment, si on regarde en attaque, Patrick Mahomes est devenu une machine à revirements. Il compte à sa fiche deux ballons échappés perdus et neuf interceptions. Je pense que c’est un élément qui peut être corrigé comme en ce moment il essaie peut-être d’en faire un peu trop. Ça demeure inquiétant tout de même qu’il ait lancé une interception à chacun de ses matchs sauf le premier de la saison.

 

Autre point d’interrogation actuellement chez les Chiefs : la ligne à l’attaque. L’équipe avait beaucoup investi durant la saison-morte, mais après un bon début, on sent que ça s’effrite tranquillement. La pression se rend de plus en plus vers Mahomes ce qui n’aide vraiment pas le quart pour sa prise de décisions.

 

Les défenses adverses ont finalement trouvé semble-t-il une formule pour battre les Chiefs avec une pression à quatre joueurs, deux maraudeurs en couverture pour les zones profondes et les autres joueurs en couverture homme à homme, mais ceux-ci jouent en bas du tracé. Ce faisant, les receveurs des Chiefs sont pris dans un étau en quelque sorte entre le demi défensif qui couvre les zones courtes et les maraudeurs qui empêchent les jeux explosifs. C’est maintenant au coordonnateur offensif Eric Bieniemy de trouver une solution à ce casse-tête pour son attaque.

 

Je ne veux même pas trop m’attarder sur la défense des Chiefs qui, on le sait, est tout simplement horrible cette saison. Elle occupe le 32e rang de la ligue pour la moyenne de verges accordées par jeu offensif avec 6,57. Vous comprendrez que c’est vraiment mauvais et il faut apporter des correctifs de ce côté bien évidemment.

 

Les Bengals passent un message

 

Tout le contraire des Chiefs, on sent que les Bengals de Cincinnati ont trouvé leurs repères cette saison et ils montrent qu’ils sont à prendre au sérieux.

 

Avant leur plus récent match, j’y viendrai dans un instant, les Bengals présentaient un dossier de 4-2, mais avec des victoires contre les Vikings, les Steelers, les Jaguars et les Lions. Cincinnati n’avait donc pas encore un victoire « signature » si vous voulez à leur palmarès pour confirmer leur bon début de saison.

 

Les Bengals l’ont obtenu avec ce gain de 41 à 17 contre les Ravens et à Baltimore par la même occasion. Ils ont inscrit autant de points et amassé plus de 500 verges contre une unité défensive qui avait limité les Chargers de Los Angeles à six points et 208 verges nettes d’attaque.

 

La tertiaire des Ravens a été exposée avec la rapidité des Bengals, dont celle de Ja’Marr Chase qui demeure une menace constante même si les autres équipes commencent à lui donner plus d’attention. Joe Burrow a été protégé de manière efficace en ne subissant qu’un seul sac du quart et des joueurs qui ne produisaient pas auparavant s’illustrent comme ce fut le cas en fin de semaine pour C.J. Uzomah.

 

En fin de match, lorsque les Bengals avaient besoin d’écouler le temps, le jeu au sol a répondu présent grâce à une ligne à l’attaque dominante.

 

Du côté défensif, les Bengals ont limité les Ravens à seulement 17 points, et même si Lamar Jackson a récolté 88 verges au sol, on n’a pas senti qu’il avait un impact dans le match. Il a par ailleurs été victime de cinq sacs du quart dans la rencontre, du jamais vu pour lui, et la défense de Cincinnati a permis aux Ravens de convertir seulement une tentative sur quatre en quatrième essai. Chapeau au front défensif des Bengals qui joue vraiment bien avec notamment dans ses rangs Larry Ogunjobi et Sam Hubbard.

 

Tout comme les Alouettes, on sent que les Bengals ont su se trouver une identité qui leur permet maintenant d’être en tête de l’Association américaine.

 

Watson : de la poudre aux yeux

 

Je trouvais important aussi d’aborder le sujet de Deshaun Watson comme le quart fait beaucoup jaser dans la NFL à l’approche de la date limite des transactions qui est le 2 novembre prochain.

 

On sait qu’il dispose à son contrat d’une clause de non-échange, donc il a le dernier mot sur sa prochaine destination. On entendait depuis le début de la saison que les Dolphins de Miami seraient dans le portrait et dernièrement, on a vu les Panthers de la Caroline s’ajouter à la discussion.

 

À mon avis, je pense qu’il ne s’agit que de la poudre aux yeux et que ces rumeurs proviennent du clan de Watson, que ce soit son agent ou autre. Je ne crois pas qu’à ce stade-ci de la saison une équipe voudrait tenter sa chance avec ce quart-arrière. La stratégie du côté de Watson est sans doute de vouloir mettre de la pression afin qu’une transaction survienne, mais je n’y crois pas du tout.

 

Il y a actuellement 22 poursuites au civil contre Watson et sûrement qu’il va y en avoir au pénal contre lui. Il pourrait se retrouver en prison au terme de tout ça. Je vois mal une équipe prendre une chance sans connaître l’avenir du quart d’autant plus avec le prix élevé demandé dans son cas, soit tout près de trois choix de premières rondes.

 

C’est aussi une question pour l’image de l’organisation. J’aimerais dire qu’en 2021, un joueur qui est dans une telle situation ne pourrait pas se retrouver à mener une équipe de la NFL. Quel genre de message serait envoyé à la base de partisans de l’équipe si c’était le cas? Je trouve que c’est irresponsable si une équipe va chercher les services de Watson et c’est pourquoi je m’attends à ce qu’il demeure à Houston, même si lui souhaite quitter.

 

Un duel du jeudi soir attendu, mais…

 

Je veux conclure avec ce qui se présentait à l’horizon cette semaine avec un duel fort attendu jeudi soir entre les Cardinals de l’Arizona, invaincus en sept matchs, et les Packers de Green Bay avec une fiche de 6-1. Les deux équipes sont au sommet de la Nationale.

 

J’avais hâte de voir les forces en présence s’affronter sur le terrain avec évidemment l’attaque des Cards, mais aussi la défense contre l’attaque des Packers notamment, mais il est fort possible qu’Aaron Rodgers soit privé de son arme principale pour ce match : Davante Adams.

 

Ce dernier a obtenu un résultat positif à la COVID-19, mais en étant vacciné, il a besoin de fournir deux résultats négatifs avec un intervalle de 24 h avant le match. S’il n’avait pas été vacciné, il aurait dû se tenir loin du complexe de l’équipe durant au moins 10 jours. Ce n’est pas impossible qu’il soit présent pour la rencontre, mais si ce n’est pas le cas, c’est une lourde perte pour l’attaque des Packers.

 

Le duo Rodgers et Adams représente l’attaque de Green Bay. Il y a des duos dynamiques dans la NFL comme Burrow et Chase, Matthew Stafford avec Cooper Kupp, mais pour Green Bay, sans Adams, c’est un immense vide sur le plan offensif. Le receveur a obtenu 774 verges et trois touchés en 52 attrapés cette saison. Le plus près d’Adams chez les Packers au chapitre des réceptions, C’est le demi offensif Aaron Jones avec la moitié, soit 26 à son compteur. Le receveur le plus près d’Adams a 15 attrapés pour 184 verges. L’écart est tout simplement immense.

 

C’est donc dire que des 1710 verges lancées cette saison par Rodgers, 44 % d’entre elles reviennent à Adams. C’est donc lui qui réalise les gros jeux, qui peut faire avancer son équipe sur le terrain. Avec l’absence d’Adams prévue, les Cardinals sont devenus favoris de 3,5 à 6,5 pour gagner ce match.

 

On espère avoir droit à un excellent match, mais s’il devait s’absenter, c’est évident que la rencontre n’aura pas la même saveur.

 

Propos recueillis par Maxime Tousignant