Le demi de sûreté des Saints de La Nouvelle-Orléans Malcolm Jenkins croit que la NFL fait fausse route tant qu'elle n'abordera pas directement leur traitement réservé à Colin Kaepernick. Pendant ce temps, le Révérend Al Sharpton réclame plus que des excuses à l'endroit de l'ancien quart.

Jenkins estime que les efforts du commissaire Roger Goodell et de la ligue pour supporter les joueurs qui manifestent pour la justice sociale tombent à plat puisqu'ils n'ont toujours pas abordé correctement la question.

« Tant qu'ils n'auront pas présenté d'excuses à Colin Kaepernick de façon spécifique, ou qu'ils ne l'auront pas assigné à une équipe, je ne crois pas que la NFL se retrouvera du bon côté de l'histoire », a critiqué Jenkins mardi matin lors d'une présence à l'émission CBS This Morning.

Jenkins est cofondateur d'une coalition de joueurs de la NFL luttant contre les injustices sociales et les inégalités basées sur la race.

« Au final, ils ont écouté les joueurs, donné de l'argent, créé la plate-forme Inspire Change; ils ont tenté d'agir jusqu'ici, a-t-il reconnu. Mais il y a un joueur en particulier qu'ils continuent d'ignorer, et c'est Colin Kaepernick. »

Le Révérand Sharpton veut plus que des excuses

Dans un long discours senti livré lors des funérailles de George Floyd, le Révérend Sharpton, figure importante de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, est allé plus loin en abordant la situation de Kaepernick.

Selon le Révérend Sharpton, certaines grandes sociétés se disent sensibles au problème de racisme systémique, mais tardent à prendre des actions concrètes. Il cite la NFL et sa gestion de la situation de Kaepernick en exemple, réclamant bien plus que des excuses.

« C'est bien beau de voir des gens changer d'idée et se dire qu'ils avaient peut-être tort et que les joueurs de football avaient le droit de protester dans la paix. Ne vous excusez pas, redonnez à Colin Kaepernick son emploi! », a-t-il martelé, provoquant les applaudissements de la foule rassemblée dans l'église Fountain of Praise à Houston.

« Laissez tomber les excuses vides, a ajouté le révérend. Priver un homme de son gagne-pain et quatre ans plus tard, alors que le monde entier regarde, publier une vidéo FaceTime y mentionnant que vous êtes désolé? [...] Nous ne demandons pas d'excuses, nous exigeons qu'on le dédommage. »

Goodell a dit dans une vidéo publiée vendredi dernier que la NFL « condamne le racisme et l'oppression systémique des Noirs » et que la ligue « avait eu tort de ne pas avoir écoutée les joueurs de la NFL plus tôt en les encourageant à prendre la parole et à manifester pacifiquement. Nous, la Ligue nationale de football, croyons que la vie des Noirs compte ».

Cette sortie était en réaction à une vidéo mettant en vedette une douzaine de joueurs, incluant les quarts-arrière étoiles Patrick Mahomes et Deshaun Watson, demandant que la NFL manifeste son support. Le nom de Kaepernick n'a pas été mentionné directement, mais les joueurs demandaient à la ligue d'« admettre ses torts lorsqu'elle a empêché ses joueurs de manifester pacifiquement ».

« C'est la seule chose que les gens veulent entendre », a ajouté Jenkins mardi.

Les excuses de la NFL sont-elles sincères?

Notre collègue Didier Orméjuste doute de la bonne foi du commissaire Goodell.

« C'est en réaction à cette vidéo-là que Roger Goodell a finalement reconnu que la NFL avait eu tort il y a quatre ans. Mais dans tout ça, il n'a jamais mentionné le nom de Colin Kaepernick. Il y a encore beaucoup de chemin à faire de la part du commissaire », s'est désolé notre collègue.

TMZ rapportait lundi que le quart de 32 ans demeure prêt à retourner dans la NFL en s'entraînant en gymnase et sur le terrain sur une base quotidienne. Son nom n'a pas figuré sur une formation de la NFL depuis 2016, saison au cours de laquelle il est devenu l'instigateur d'un mouvement de protestation pacifique contre les inégalités en posant un genou au sol lors de l'hymne national.

Jenkins a fait la manchette la semaine dernière lorsqu'il a critiqué avec émotion son coéquipier Drew Brees pour avoir réitéré que déposer un genou au sol durant l'hymne national représentait un manque de respect.