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RDS et RDS Direct vous présentent le duel Buccaneers-Chiefs à 16 h, dimanche après-midi.

Les Buccaneers de Tampa Bay continuent de faire passer leurs partisans par toute la gamme des émotions avec leur saison 2020 ponctuée de hauts et de bas. Chaque fois qu'on croit cette équipe partie sur une lancée, elle trébuche à nouveau.

Si vous avez lu ma chronique de la semaine dernière, vous comprendrez que c'est comme un retour à la case départ pour les Bucs après la défaite subie à domicile contre les Rams de Los Angeles lundi.

On sait que jusqu'à présent cette année, Tampa a toujours rebondi après avoir encaissé un échec. C'est un classique pour Tom Brady de revenir en force. Mais je vous ferai simplement remarquer que cette fois, ce sera particulièrement difficile d'éviter un deuxième revers de suite puisqu'on affronte les champions en titre, les Chiefs de Kansas City.

Historiquement, il y a eu de très bonnes confrontations entre Brady et Patrick Mahomes. Les deux quarts-arrières ont croisé le fer à trois reprises, et le vétéran l'a emporté deux fois. Chacun des trois duels s'est terminé avec une marge inférieure à sept points. À moins d'une éventuelle rencontre au Super Bowl, plusieurs observateurs se demandent si ce ne serait pas la dernière fois que ces deux-là se mesurent l'un à l'autre, étant donné le fait qu'ils évoluent dans la Nationale et l'Américaine, et que les deux clubs ne se voient qu'aux quatre ans dans le calendrier régulier. Une raison de plus pour savourer le match de dimanche!

La semaine dernière, les amateurs de football se sont exclamés « Wow! » en voyant Mahomes et Brady à l'oeuvre... mais certainement pas pour les mêmes raisons. Dans le cas du no 15 des Chiefs, on était fasciné de le voir orchestrer la séquence victorieuse des siens en traversant le terrain sur 75 verges, avec comme touche finale sa passe vers un Travis Kelce laissé fin seul dans la zone des buts. De l'autre côté du spectre, le « wow » qu'on a échappé en voyant Brady jouer en était un d'incompréhension. Sa performance était déjà plutôt pénible à voir avant la dernière possession offensive des Bucs, sur laquelle il a complété deux passes en quatre pour 19 verges, en étant victime de l'interception (sa deuxième de la soirée) qui mettait fin au match.

Ce n'était pourtant pas une formation bien complexe que lui présentait la défense des Rams. Une rotation des maraudeurs; Brady a vu des milliers de fois durant sa carrière de 20 saisons. C'était réellement une mauvaise décision de sa part... On aurait dit une erreur de recrue au pire moment possible.

On n'a pas vu les Chiefs sur les ondes de RDS aussi souvent que l'année dernière, alors c'est intéressant de les retrouver. Lorsqu'on s'arrête pour y penser, il y a lieu de se demander si un champion du Super Bowl est déjà passé autant sous le radar malgré une fiche de 9-1 après dix matchs l'année suivante? C'est comme si on les prenait pour acquis!

J'aimerais simplement faire remarquer que comparativement à l'an dernier, Kansas City inscrit plus de points au tableau (32 contre 28), obtient plus de verges offensives (414 contre 379) et réussit plus de jeux explosifs (en moyenne 7,5 contre 5,8). Mahomes est en feu depuis trois matchs, avec une moyenne de 377 verges aériennes, 11 passes de touché et une seule interception. Pas de doute, c'est un défi colossal pour la défense des Bucs. 

Quand Goff a des airs de Peyton...

Rappelons-nous qu'au mois de septembre, l'unité défensive tenait le fort pour Tampa, tandis que l'attaque cherchait ses repères et son synchronisme. C'est elle qui semblait donner au groupe son identité. Dans deux de ses trois dernières sorties toutefois, ça n'a pas été gracieux du tout. Elle avait concédé 420 verges aux Saints de La Nouvelle-Orléans lors de la semaine no 9. En 36 passes tentées par les Saints, un seul sac du quart avait été réalisé. Contre les Rams, c'est une récolte de 413 verges qui a été permise à l'attaque de Jared Goff, qui a lui-même totalisé 376 verges en décochant pas moins de 51 passes. Goff n'a pas été victime du moindre sac lundi, en plus d'être frappé seulement trois fois, en dépit du fait que Los Angeles était privé de son garde à gauche partant Andrew Whitworth, une pièce importante de sa ligne offensive. 

Malgré ça, les Bucs se sont montrés incapables d'appliquer de la pression, et c'est toujours inquiétant lorsque tu t'apprêtes à défier Patrick Mahomes. Personnellement, je m'étais dit que si les Bucs enlevaient la menace du jeu au sol (chose qu'ils ont faite; 37 verges en 20 courses) et forçaient Goff à lancer abondamment, ils allaient avoir l'ascendant. Mais force est d'admettre que le quart des Rams m'a remis ça en plein dans les dents! Goff a réussi tout ça en restant souvent dans la pochette, au lieu de se déplacer comme il le fait régulièrement pour connaître du succès. Bref, il avait des allures de Peyton Manning tellement il n'était pas dérangé.

J'ai de la difficulté à croire qu'avec deux de ses trois plus récentes prestations, la défense des Bucs peut se pointer au Arrowhead Stadium en confiance pour affronter une attaque dévastatrice. L'affaire avec Mahomes et les Chiefs, c'est que si tu prends la chance de jouer de la couverture de zone contre lui, tu te doutes bien qu'Andy Reid trouvera des façons créatives de déjouer cette stratégie. Si tu décides plutôt de blitzer agressivement, cramponne-toi bien, parce que tu dois vivre avec le risque que le groupe de receveurs hyper rapide des Chiefs te fasse mal paraître, d'autant plus que Mahomes a un bras canon et de la mobilité à revendre. Des ingrédients mortels si le blitz ne s'avère pas efficace.

Les statistiques de Mahomes contre le blitz peuvent décourager un club adverse d'opter pour cette tactique, puisqu'il affiche un ratio de 12 passes de touché contre aucune interception en pareilles circonstances cette année. Il n'a été victime que de 12 sacs du quart en 2020, et ses deux seules interceptions ont été lancées face à la même équipe, les Raiders de Las Vegas. C'est à tes risques et périls!

Les chiffres globaux des Bucs ne sont pas mauvais en termes de pression accentuée et d'interceptions (14), mais c'est surtout en début de calendrier qu'ils ont été cumulés.

L'entourage de Brady a aussi ses torts

Des éléments évidents ressortent des défaites des Bucs contre les Saints et les Rams. L'incapacité de faire fonctionner le jeu au sol vient en premier; cinq courses pour huit verges dans le premier duel, et 18 courses pour 42 verges dans le second. Face aux Saints, Brady a été victime de trois interceptions et complété seulement 57 % de ses passes. Deux semaines plus tard, c'était 54 % de passes complétées et deux interceptions. Il y a un lien direct ici, car l'inefficacité du jeu au sol signifie que tu deviens unidimensionnel. À 43 ans, Tom Brady a trop besoin que son entourage soit solide et qu'il le soutienne bien pour s'épanouir et performer. Il a besoin d'un système dans lequel il peut lancer le ballon rapidement, et quand l'attaque des Bucs devient prévisible, il n'en bénéficie pas.

Lundi, Brady n'a pas complété la moindre passe de 20 verges face aux Rams. Sa plus longue passe ayant trouvé preneur a été de 18 verges, en direction de Mike Evans. C'est d'ailleurs ce qui ressort le plus de ses chiffres : au cours des quatre derniers matchs, lorsque le no 12 tente des passes qui voyagent 20 verges ou plus dans les airs, il est complètement déboussolé, à 0 en 19. Ça peut être attribuable à une mauvaise passe autant qu'à un receveur qui ne se démarque pas, mais toujours est-il que Bruce Arians doit s'ajuster à cette réalité, même si fondamentalement, il a une préférence marquée pour le jeu vertical.

Elle est révolue, l'époque où on voyait Brady collectionner les jeux aériens de 50 ou 60 verges, comme c'était le cas lors de la fameuse saison 2007 avec Randy Moss. Il existe quelques exceptions à son C.V., mais de manière générale, il a toujours eu plus de succès avec les Patriots lorsqu'on lui permettait de compléter de petites passes. Est-ce que Arians et Byron Leftwich encadrent bien Brady et lui permettent de tirer profit de ses forces? L'échantillon est assez grand pour qu'on puisse commencer à en parler...

Sachant que la relation entre l'entraîneur-chef et le quart-arrière est la plus importante dans le football, cette question doit être prise au sérieux. Chaque club a ses propres réalités, mais entendons-nous que lorsqu'on voit Reid et Mahomes communiquer, on voit bien que c'est l'harmonie, qu'il y a du plaisir, que chacun a un respect infini pour l'autre. Ça déborde d'amour et d'admiration. Entre Arians et Brady, ça n'a pas encore l'air de connecter à 100 %. 

Au-delà du fait qu'il a l'air d'un bon vivant, Arians a toujours été du genre à être « brutalement » honnête durant ses sorties médiatiques. C'est peut-être un défaut en ce qui a trait à travailler avec Brady. Autant Bill Belichick a l'air grincheux et qu'il est un instructeur exigeant, je ne me rappelle pas de l'avoir vu lyncher un joueur sur la place publique. En privé, il s'en donnait à coeur-joie, et il y a des histoires racontant que Belichick ne se gênait pas pour ramasser Brady durant les rencontres d'équipe. Mais voilà, c'était fait derrière les portes closes.

J'écoutais Arians parler après le duel face aux Rams, et il insistait pour dire que les receveurs étaient démarqués et qu'il n'y a rien qui cloche avec le système offensif en place. Que Brady semblait confus. Autant de mots pour dire qu'il met une énorme partie du blâme sur les épaules de son quart. Et sachant à quel point Brady est un athlète fier, je serais porté à croire qu'il n'est pas enchanté par la grande franchise de son coach devant les micros. Je ne suis pas sûr que ça puisse vraiment servir la cause des Bucs.

Où est le James White des Bucs?

Un aspect que je n'ai pas encore mentionné, et qui pourrait aider à expliquer les récents déboires de Brady, c'est le manque de production de son champ-arrière en ce qui a trait au jeu de passes. Contre les Rams, on a visé Ronald Jones et Leonard Fournette cinq fois; ils n'ont capté qu'un ballon pour un total de neuf verges. Par le passé, en Nouvelle-Angleterre, combien de fois Brady s'est-il servi de son porteur de ballon pour exploiter des confrontations avantageuses? James White jouait ce rôle à merveille. Rex Burkhead pouvait très bien en faire autant. Si on retourne plus loin à l'arrière, Danny Woodhead et Kevin Faulk étaient des éléments-clés dans les succès de Brady.

Le fait de pouvoir compter sur un dépanneur fiable, capable de gagner cinq à six verges sur premier ou deuxième essai enlève une pression énorme sur un quart. Brady risque de paniquer beaucoup moins sur un troisième essai et trois verges à franchir, que huit verges à franchir. Les conséquences sont non négligeables : ça garde des séquences en vie et ça permet à une attaque de se donner du rythme. 

Avec leurs pourcentages d'attrapés de 68 % et 73 %, Jones et Fournette n'aident pas suffisamment Brady dans cette facette du jeu. Ça peut sembler être des chiffres très corrects, mais sachant que souvent ce sont de courts tracés près de la ligne de mêlée (passes pièges, passes dans le flanc, petits crochets au milieu du terrain...), c'est plutôt ordinaire. En début d'année, on croyait que LeSean McCoy allait peut-être remplir ce mandat, mais pour une raison ou une autre, on l'a graduellement retiré de l'équation de semaine en semaine.

Si les Bucs cherchent à s'accrocher à des éléments porteurs d'espoir, il y a le fait que la défense des Chiefs n'a pas réussi de sac du quart aux dépens de Derek Carr la semaine dernière. Pour l'ensemble de la saison, ce n'est que 19 sacs au total, ce qui est nettement insuffisant pour une équipe qui travaille constamment avec l'avance en deuxième demie. Ça en prend plus de Frank Clark et Chris Jones.

On parlait de l'importance pour les Bucs d'avoir un jeu au sol plus soutenu. Eh bien à ce chapitre, les Chiefs sont 26es dans la NFL, allouant 124 verges par match et 4,6 verges par course. Par contre, ils ont été bons à ce chapitre face aux Raiders lors de la semaine no 11.

En dépit de ces faiblesses dans le jeu défensif des Chiefs, il n'en demeure pas moins qu'à sept reprises sur dix matchs, ils ont alloué 20 points ou moins à leurs adversaires. Au final, c'est la statistique qui a le plus de poids. 

À deux occasions, ils ont concédé 30 points ou plus, et c'était contre les Raiders à chaque fois. Chez les Bucs, il faudra clairement étudier attentivement ce que Vegas a pu accomplir cette saison contre ses rivaux de division pour passer si près de gagner les deux duels.

Pour Tampa, ce ne serait pas nécessairement la catastrophe de subir une autre défaite, mais il y aurait assurément un sentiment d'inconfort qui s'installerait si on devait se retrouver avec une fiche de 7-5 après 12 matchs.

* propos recueillis par Maxime Desroches