Passer au contenu principal

RÉSULTATS

La santé des joueurs passe après la victoire et l'argent

Tua Tagovailoa Tua Tagovailoa - Getty
Publié
Mise à jour

Encore une fois, le dernier week-end de football nous a prouvé que la santé des joueurs demeure une préoccupation plutôt théorique que pratique pour les équipes de la NFL. Deux exemples m'amènent à conclure cette triste réalité. La gestion des quarts Tua Tagovailoa et Justin Herbert.

 

Voici les faits en cause, d'abord, pour Tua.  À la fin du deuxième quart, le joueur des Dolphins est poussé par Matt Milano des Bills, il tombe au sol et le derrière de sa tête frappe violemment le sol. En se levant, il titube et il est clairement ébranlé par le coup. Un signe clair associé aux commotions. Tua quitte pour le vestiaire pour subir une évaluation plus approfondie. On nous dit qu'il a passé le protocole des commotions et qu'il va bien. On pousse même l'audace jusqu'à blâmer une blessure au dos pour sa perte d'équilibre! On nous prend souvent pour des imbéciles. Tagovailoa revient dans le match et heureusement, n'est pas victime de coups supplémentaires. Ma prétention est qu'il n'aurait jamais dû revenir dans le match, c'était dangereux, point final.

 

Soyons clairs. Je ne suis pas médecin et encore moins celui des Dolphins. Je ne peux pas poser un diagnostic à la place de l'équipe médicale sur place. Mais, il est irréfutable que Tua a subi un coup à la tête et qu'il a perdu l'équilibre. N'importe qui dans l'organisation qui se soucierait réellement de sa santé et qui agirait en « bon père de famille » n'aurait pas laissé le joueur revenir au jeu. La science en matière de commotion cérébrale est limpide : des symptômes de commotion peuvent apparaitre plus tardivement qu'au moment de l'impact et des minutes qui suivent. Cette science est bien connue par la NFL, ses équipes et ses médecins. Il est très possible que Tua ait repris ses esprits pendant quelques minutes pour répondre aux questions et aux différents tests rapides dans le vestiaire. Mais, cela ne veut pas dire que c'était sécuritaire de le renvoyer dans la mêlée.

 

Si une victime potentielle démontre un signe évident de commotion, il devrait se reposer. Si le protocole permet à un joueur de retourner après ce qu'on a tous vu sur le terrain, c'est peut-être le protocole qu'il faut remettre en question. Malheureusement, on le sait, c'est la victoire et l'argent qui mènent toutes les décisions au sein de ces ligues professionnelles. Le protocole n'est qu'un irritant pour ces équipes qui les mettent en place pour se donner bonne conscience et taire les critiques.

 

Justin HerbertDans le cas de Justin Herbert, les faits sont un peu différents. Herbert a subi des fractures au cartilage des côtes lors de la deuxième semaine d'activités. Il n'était pas certain de jouer le match du week-end contre les Jaguars de Jacksonville. Il a fait preuve de courage et d'engagement en acceptant de se faire injecter un antidouleur afin de pouvoir disputer le match. C'est une décision que plusieurs athlètes professionnels prennent chaque semaine. Je l'ai moi-même fait à plusieurs reprises. Je n'ai aucun problème avec cette décision. Le problème survient quand, au quatrième quart, avec le match hors de portée, Herbert était toujours sur le terrain. Pourquoi, avec 28 points de retard et moins de cinq minutes à faire, on expose encore son joueur vedette à se faire frapper davantage quand il n'est clairement pas confortable depuis le début du match? J'aimerais qu'on offre une bonne raison de l'exposer de la sorte. J'en conviens, en raison de la nature de sa blessure, il devra tolérer la douleur pendant encore plusieurs semaines. Mais pourquoi ne pas essayer de le protéger un peu? C'est irresponsable, point final.

 

Je l'ai dit et le redirai à tous ceux qui ont besoin de l'entendre : on a besoin de protéger les joueurs d'eux-mêmes. Toute leur carrière, dès l'enfance, on pousse les jeunes athlètes à surmonter les blessures, jouer malgré la douleur, on instaure en eux la persévérance et la résilience. Ce sont de belles qualités. Mais, ça vient avec l'effet de pousser les athlètes à ne jamais se retirer eux-mêmes d'un match ou d'une pratique. Voilà pourquoi c'est aux responsables de l'organisation de s'occuper des joueurs. Tristement, encore et toujours, la santé des joueurs est secondaire aux victoires et aux revenus potentiels qui y sont associés.