RDS2 et RDS Direct présenteront le duel entre les Titans et les Packers dimanche soir dès 20 h.

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L'avant-match

Nous en sommes maintenant à le semaine no 16 dans la NFL, ce qui signifie que plusieurs équipes disputeront des matchs d'une grande importance pour le portrait éliminatoire.

Un de ceux qui éveille de le plus ma curiosité est celui de dimanche soir opposant les Titans du Tennessee aux Packers de Green Bay. Chez les Titans, on est dans une lutte à finir avec les Colts d'Indianapolis pour le sommet du classement de la division Sud de l'AFC, tandis que les Packers cherchent à mettre la main sur la première position dans la NFC, ce qui lui permettrait de bénéficier d'une semaine de congé et de l'avantage du terrain jusqu'au Super Bowl.

On s'entend qu'avec cette saison 2020 particulière, il n'y a pas d'avantage très marqué à jouer à domicile, devant des stades très peu occupés ou même dans plusieurs cas, pas occupés du tout. Les quarts-arrières peuvent continuer de mener leur attaque avec une cadence sensiblement identique à ce qu'ils feraient dans leur propre stade. Il faut reconnaître cependant que lorsqu'on parle du Lambeau Field au mois de janvier, l'avantage ne se limite pas à la présence d'une foule hyper bruyante. C'est aussi un ensemble de conditions météorologiques avec lesquelles il n'est pas toujours évident de négocier.

Disons qu'on est loin des exigences d'un stade fermé comme celui des Saints de La Nouvelle-Orléans par exemple, pour utiliser celui d'une autre puissance de l'association Nationale. Bref, les Packers forment peut-être la seule équipe cette année dont l'avantage du terrain est non négligeable.

Du côté des Titans, je suis persuadé qu'on aborde cet affrontement avec une mentalité similaire à celle d'un match éliminatoire. L'intensité devrait certainement être au rendez-vous.

Et lorsqu'on parle de match aux allures de duel éliminatoire, il est difficile de ne pas revenir à celui que les Packers ont disputé face aux 49ers de San Francisco en janvier 2020. On se souviendra que face à une équipe qui s'appuie énormément sur la course - comme c'est le cas pour les Titans - ça avait été un cauchemar pour les Packers. Ils s'étaient fait passer sur le corps; 42 courses pour 285 verges (6,8 verges par course en moyenne) et quatre touchés au sol. J'ai hâte de voir comment cette unité défensive arrivera à composer devant un défi qui ressemble beaucoup à celui que représentaient les Niners.

Depuis la dégelée contre San Francisco l'année dernière, qu'est-ce qu'on a changé du côté de Green Bay? Pas grand-chose, quand on s'y attarde. C'est le même coordonnateur défensif (Mike Pettine) et l'effectif en place n'a presque pas changé, à quelques exceptions près. Je serai curieux de voir si avec les mêmes ingrédients, on arrivera à figurer comment stopper une attaque bâtie pour la course. Il n'y a pas à dire, c'est une occasion pour les Packers de rassurer leurs partisans à ce point de vue.

Une défense bâtie pour enrayer le jeu aérien

Ce n'est un secret pour personne : la défense de Green Bay, de la façon dont elle est constituée, s'est donné pour mandat principal de freiner l'attaque aérienne de ses rivaux. Son alignement défensif se base mise régulièrement sur cinq demis défensifs, et parfois même six. Le fait de miser sur des joueurs rapides et athlétiques dont l'arme principale est d'enrayer le jeu aérien fait en sorte, forcément, que le jeu physique et la robustesse sont quelque peu laissés de côté.

Les Packers ont tellement confiance en leur attaque pour marquer des points à profusion qu'on a construit la défense en fonction d'avoir à protéger des avances, ce qui est souvent le cas d'ailleurs. Ce n'est pas sans rappeler la façon de faire des Colts d'Indianapolis avec Peyton Manning dans la 2e moitié des années 2000. La défense d'Indy était faite sur mesure pour déranger les quarts après que Manning et son arsenal offensif ait fait des flèmmeches en première demie. En forçant l'adversaire à devenir unidimensionnel, les Colts arrivaient à déployer sans crainte leur duo redoutable de chasseurs de quarts, Dwight Freeney et Robert Mathis.

Si ta défense de base est de te servir fréquemment de six demis défensifs, il se peut que tu n'aies pas tant de facilité à arrêter le porteur de ballon le plus terrorisant de la NFL, Derrick Henry. Je veux juste rappeler aux demis défensifs des Packers (en fait, je suis convaincu qu'ils le savent déjà) que ça ne s'était pas très bien terminé pour Josh Norman des Bills de Buffalo et Alexander Myres des Lions de Detroit. Avec sa fameuse technique du raffut (stiff arm) empruntée au rugby, Henry arrive à tenir à bout de bras les plus petits adversaires qui osent tenter de l'embêter ou de la plaquer.

Une autre raison pour laquelle c'est un test intéressant pour les Packers est que si on fouille pour comprendre ce qui a mené à leurs trois défaites en 14 matchs jusqu'ici, on s'aperçoit qu'à chaque fois, le jeu au sol adverse a connu une bonne journée.

Les Buccaneers de Tampa Bay ont effectué 35 courses pour 158 verges (plus de 100 pour Ronald Jones) et deux touchés dans la première défaite de Green Bay. Les Vikings du Minnesota se sont appuyés sur Dalvin Cook (34 courses, 173 verges et trois touchés), tandis que face aux Colts, 37 courses avait été appelées pour 140 verges, dont 90 pour la recrue Jonathan Taylor.

Ça peut être trompeur de jeter un oeil aux statistiques sans aller gratter plus loin. Dans le cas des Packers, on serait porté à dire qu'ils se débrouillent plutôt bien contre la course, s'approchant du top-10 dans la ligue à 110 verges en moyenne par match. Sauf qu'ils sont 21es pour le nombre de verges par course (4,5 verges) et 29es pour le nombre de total de portées tentées par leurs adversaires (339). Ce qu'on comprend, c'est que les Packers ne sont pas si efficaces contre la course; c'est surtout qu'ils n'ont pas été mis à l'épreuve souvent, de la façon dont se déroulaient leurs matchs. Si la défense de Matt LaFleur doit encore se défendre contre la menace du jeu sol aux troisième et quatrième quarts, ce n'est clairement pas à son avantage.

La recette des Titans, rien de bien sorcier

Ce n'est vraiment pas compliqué, ce que les Titans cherchent à faire offensivement lorsqu'on le résume à sa plus simple expression. Souvent, ils amènent deux ou trois ailiers rapprochés sur la ligne. Si la défense adverse ignore ce fait et choisit de garder plusieurs demis défensifs sur le terrain, les Titans se feront plaisir d'appeler course après course avec le no 22. Et si la défense réagit en se grossissant de manière à se donner plus de chances de dominer la ligne d'engagement, ça devient le festival du play action avec Ryan Tannehill. On prendra le pari chez les Titans que leurs ailiers rapprochés sont plus athlétiques que les secondeurs rivaux, ou qu'AJ Brown pourra profiter de l'espace libéré en milieu de terrain pour courir des tracés avec plus de facilité. Les zones intermédiaires deviennent disponibles, et on a vu match après match Brown et Corey Davis se gâter lorsque c'est le cas.

La meilleure façon d'éviter de subir le jeu au sol de son adversaire, c'est évidemment de se donner une bonne avance, forçant l'autre équipe à jouer du football de rattrapage. Sauf que les Titans nous l'ont prouvé à maintes reprises : ils sont prêts à faire preuve de patience, même s'ils tirent de l'arrière par 10 ou 14 points au score. Ils sont capables de créer des jeux explosifs avec leur attaque terrestre; des courses de 40, 50 verges et même plus de la part de Henry. Puisqu'ils croient en cette recette, ils ne délaissent pas facilement leur identité.

On surveillera aussi comme c'est souvent le cas la bataille des revirements. Le ratio des Packers pour l'ensemble de la saison est de +5, soit +10 dans leurs 11 victoires et -5 dans leurs trois revers. Ce n'est pas quelque chose d'unique à Green Bay (de manière générale, quand on se tire dans le pied, on augmente nos chances de perdre le match). Mais quand même, il reste bon de souligner que sept des neuf revirements commis par la bande d'Aaron Rodgers en 2020 sont survenus lors des trois défaites.

Ça sera un aspect important car les Titans, eux, figurent à +12 pour l'ensemble de leurs 14 matchs. Ils protègent bien le ballon à l'attaque, et même si défensivement, on est généreux en verges et en touchés alloués, ça demeure une unité extrêmement opportuniste.

Henry et le plateau des 2000 verges

En terminant, au-delà de la confrontation proprement dite, il y a lieu de se demander si Derrick Henry n'a pas une motivation supplémentaire, sachant que le plateau des 2000 verges au sol lui est accessible s'il connaît d'excellentes sorties lors des 16e et 17e semaines. Il affiche 1679 verges au compteur jusqu'à présent, ce qui donne une moyenne de 120 verges par match. Il a besoin de 321 verges pour compléter le tour de force. C'est au-delà de sa moyenne, mais ce c'est vraiment pas impossible, sachant qu'une performance de 200 verges est à sa portée dans une rencontre donnée.

Dans le dernier match de la saison, comme par hasard, Henry se mesurera aux Texans de Houston, qui sont avant-derniers pour stopper la course dans la NFL, avec une moyenne de verges allouées par course de 5,0 et une moyenne par match de 151 verges. Un de ces fameux matchs de 200 verges de Henry était justement survenu contre ces mêmes Texans, à la mi-octobre. Seuls sept porteurs de ballon ont réussi l'exploit des 2000 verges en une saison dans l'histoire la NFL : O.J. Simpson (1973), Eric Dickerson (1984), Barry Sanders (1997), Terrell Davis (1998), Jamal Lewis (2003), Chris Johnson (2009) et Adrian Peterson (2012).

Il serait encore plus épatant que Henry accomplisse ça dans une NFL où le jeu aérien est plus que jamais mis en évidence. Dans une ligue où de nombreux jeux de course traditionnels sont remplacés par de petites passes comme les balayages rapides du quart-arrière par exemple. Il y a de plus en plus de concepts de passes qui sont en réalité des courses déguisées... Si « King Henry » nous sort un lapin de son chapeau avec une récolte supérieure à 321 verges pour terminer son année, il y aura de quoi célébrer cette saison exceptionnelle!

* propos recueillis par Maxime Desroches