MONTRÉAL - Les Québécois Justin Senior et Antony Auclair ont retenu l’attention en étant respectivement repêché par les Seahawks de Seattle et embauché par les Buccaneers de Tampa Bay sauf qu’il ne faudrait pas oublier l’histoire de leur compatriote Christophe Mulumba-Tshimanga.

En effet, autre preuve de la progression du football québécois, ce ne sont pas un, ni deux, ou trois, mais bien quatre joueurs d’ici qui ont convaincu les équipes de la NFL de miser sur eux dans le cadre des démarches entourant le repêchage du circuit américain. Le quatrième étant Félix Ménard-Brière qui ira exposer son talent devant les membres des Giants de New York. (NDLR : Le chiffre est maintenant de 5 depuis l'annonce de Junior Luke qui participera au même camp que Ménard-Brière).

Tout comme Auclair, Mulumba - qui n’a aucun lien de parenté avec Andy Mulumba et Tshimanga Biakabutuka - a séduit les Buccaneers qui l’ont invité à leur mini-camp des recrues qui se déroulera du 5 au 7 mai.

« J’étais vraiment soulagé parce que c’était le but d’avoir un pied dans la porte, d’avoir une chance d’aller à un tel camp et de prouver que je peux jouer dans cette ligue », a-t-il commenté au RDS.ca.

Malgré son potentiel, le secondeur de 24 ans n’est pas très connu du partisan moyen au Québec. Tout comme Senior (Mississippi State), ça s’explique par le fait qu’il a joué son football universitaire en sol américain au sein du programme tissé serré des Black Bears de l’Université du Maine.

Ceci dit, l’athlète de six pieds un pouce et 245 livres s’était déjà bâti une réputation enviable au sud de la frontière. Ainsi, les Bucs l’ont contacté moins d’une heure après la conclusion du repêchage, une attention qui l’a flatté.

« Oui, c’était vraiment plaisant », a admis celui qui est né en République démocratique du Congo avant de déménager en Belgique pour ensuite arriver à Montréal à l’âge de 5 ans avec ses parents.

L’étudiant en psychologie n’a pas été surpris d’aboutir avec la formation du quart-arrière Jameis Winston qui a raté les éliminatoires de peu avec un dossier de 9-7 en 2016.

Christophe Mulumba-Tshimanga« J’ai communiqué avec eux assez souvent durant la saison et, à la fin, ils ont été assez intéressés pour m’inviter à leur camp. Je présume que j’avais fait une bonne impression et qu’ils aiment mon potentiel et mes habiletés », a expliqué l’homme qui a multiplié les plaqués dans l’uniforme bleu et blanc.

Pour expliquer cet attrait envers Mulumba-Tshimanga, il faut probablement se tourner vers la philosophie des dirigeants dans laquelle il cadre. L’entraîneur-chef, Dirk Koetter, choisit le terme badass (dur à cuire) pour décrire l’identité recherchée pour sa troupe. De son côté, le directeur général, Jason Licht, envisage un club concentré sur sa mission.

« Je trouve que je suis un joueur vraiment old school en tant que secondeur. Je suis vraiment agressif et physique. Je pense que c’est plus rare qu’auparavant dans la NFL, ça se joue plus sur la finesse donc mon style est un peu différent », a indiqué le joueur qui a participé à 95 plaqués en 2014.

« Je crois que je suis un plaqueur assez sûr et je suis aussi capable de lire les offensives assez rapidement également », a-t-il décrit en ajoutant qu’il veut peaufiner ses couvertures de passes et son conditionnement physique.

Ce résumé explique aisément pourquoi Luke Kuechly, le secondeur étoile des Panthers de la Caroline, se situe parmi ses inspirations. Cependant, cette époque est révolue comme il le dit si bien.

« C’est un secondeur que tout le monde aime regarder. Mais là, je suis rendu à un niveau auquel tu ne peux plus avoir des idoles. C’est fini les idoles, je dois penser à moi », a évoqué l’athlète qui est représenté par Sasha Ghavami, l’agent de Laurent Duvernay-Tardif.

Le parcours fascinant de LDT ne peut que produire des effets positifs.

« Ça me fait croire que c’est possible et que c’est atteignable. Souvent, on pense que c’est hors de portée, mais ce n’est pas aussi loin qu’on peut le penser. »

Il se sentira encore plus à sa place en voyant qu’Auclair sera parmi les prétendants à un poste avec l’équipe régulière.

« Je suis vraiment content, j’ai une bonne connexion avec lui. On a joué ensemble avec Équipe Québec quand on était plus jeunes. En février et mars, on s’est entraînés ensemble au Tennessee, ça me fera du bien qu’il soit avec moi. »

Le reste lui appartiendra surtout que la NFL n’est pas reconnue pour faciliter la vie aux prétendants.

« Je sais qu’ils ont embauché quatre autres secondeurs en plus d’en repêcher un (Kendell Beckwith en 3e ronde). Je me dis que je dois essayer d’être meilleur qu’eux. Je ne suis pas inquiet, c’est une ligue professionnelle sérieuse, je dois faire de mon mieux et tenter de les battre »

« Le but, c’est vraiment d’impressionner pour qu’ils me gardent, je veux montrer que je fais partie de cette ligue », a confié le sympathique joueur décrit comme un espoir intrigant par le Tampa Bay Times.

D’abord attiré par le hockey et la LCF

Attiré vers le sport, Mulumba-Tshimanga s’est rapidement tourné vers le hockey quand il est arrivé au Québec. Ce sont finalement des amis qui l’ont incité à essayer le football à 16 ans, une découverte impossible à regretter, avec les Loups de l’école secondaire Curé-Antoine-Labelle.

Considérant qu’il a goûté à ce sport sur le tard, il reconnaît que son cheminement rapide a surpassé ses attentes.

« Oui, même si j’espérais être le meilleur que je pouvais. C’est comme ça dans n’importe quel sport que tu fais », a répondu qui a fréquenté l’école Kent, au Connecticut, avant de faire le saut au niveau universitaire.

Encore un grand partisan du Canadien, il a suivi de près les belles années des Alouettes et il conserve d’excellents souvenirs de Ben Cahoon, Jeremaine Copeland et Anthony Calvillo même si celui-ci « l’énervait parfois ».

Parlant de la LCF, Mulumba-Tshimanga est loin de fermer la porte à cette option. Son nom apparaît au sixième rang du dernier classement en vue du repêchage qui se tiendra, dimanche, le 7 mai,

« Ça m’intéresse encore vraiment beaucoup, c’est une belle option qui serait ouverte pour moi. Si ça ne marche pas avec les Bucs ou ailleurs dans la NFL, je serais fier de jouer dans la LCF », a-t-il précisé.

Cette fierté, elle habite déjà ses parents qui ont quitté vers la Belgique pour l’aspect sécuritaire et vers le Canada pour ses meilleures opportunités professionnelles.

« Ils ne parlent pas beaucoup, mais je peux remarquer qu’ils sont très fiers, ça se voit dans leurs yeux », a conclu Mulumba-Tshimanga qui a deux frères plus vieux et une sœur plus jeune qui ont tous connu du succès sur la scène sportive.