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La confrontation entre la ligne à l’attaque des Patriots de la Nouvelle-Angleterre et la ligne défensive des Rams de Los Angeles risque de dicter l’allure du match du Super Bowl et le résultat.

Depuis le début des éliminatoires, ce sont probablement deux des unités qui performent au plus haut niveau pour leur équipe respective. J’ai d’ailleurs toujours eu un petit penchant pour la guerre des tranchées.

Dans l’histoire des Patriots au Super Bowl, quand on gagne, c’est parce que la ligne à l’attaque fait le boulot, et quand on perd, de façon générale, c’est parce que Tom Brady se fait brasser, frapper et déranger. C’est une confrontation qui va être vraiment le fun à regarder.

Ce qui est quand même intéressant d’entrée de jeu, c’est que quand tu regardes la ligne à l’attaque des Patriots, c’est vraiment l’exemple d’un groupe uni et d’un groupe au sein duquel la communication est excellente tout comme la cohésion, donc l’exécution est au rendez-vous. Il n’y a pourtant pas de choix de première ronde là-dedans. Il y a des choix de 3e, 4e, 5e, et 7e rondes. Il y a même un gars qui est un joueur autonome non repêché en David Andrews, le centre. C’est tout à l’honneur des joueurs et de l’entraîneur de la ligne à l’attaque Dante Scarnecchia, qui fait un travail incroyable. Les Pats n’ont pas utilisé de hauts choix au repêchage pour former ce groupe et malgré tout ça, on s’aperçoit que c’est un groupe homogène et uni qui travaille bien ensemble et qui performe de façon magistrale depuis la fin de la saison régulière et depuis le début des éliminatoires. Le talent ne fait pas foi de tout, c’est comment tu fonctionnes ensemble qui est important.

ContentId(3.1306494):Super Bowl LIII : les Rams doivent établir le jeu au sol (NFL)
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De l’autre côté, c’est tout le contraire dans la composition de la ligne défensive des Rams : Aaron Donald, Ndamukong Suh, Dante Fowler et Michael Brockers sont tous des choix de première ronde. La ligne défensive des Rams est très talentueuse et en plus elle joue super bien ensemble ces temps-ci.

Quand on pense au succès des Patriots en éliminatoires, il ne faut pas se le cacher, c’est le jeu au sol qui l’explique. Contre les Chargers, ils ont réussi 34 courses et 155 verges pour 4 touchés au sol. Contre les Chiefs : 48 courges, 176 verges et 4 touchés au sol. On s’aperçoit que la ligne à l’attaque joue un rôle assez important merci. C’est là que c’est intéressant pour moi, qui est un ancien joueur de ligne, je trouve ça vraiment le fun parce que non seulement ils jouent à un haut niveau d’exécution, mais ils ont énormément de polyvalence. On a trois porteurs différents qui touchent au ballon. Mais ce qui m’intéresse surtout, c’est la diversité des systèmes de blocage. Presque tous les blocages qui existent au football sont employés par les Pats : des blocs en isolés, des blocs en puissance, des blocs à contre-courant, des blocages de zone entre les bloqueurs, des blocages de zone vers l’extérieur, des blocs piège et des blocs wham, qui est une forme de bloc piège qui se fait souvent en bloquant un plaqueur avec un ailier rapproché ou un centre arrière qui arrive de côté. D’ailleurs, on n’a pas vu de blocs piège ou de blocs wham il y a deux semaines face aux Chiefs et il ne faudrait pas se surprendre d’en voir cette fois contre les Rams. Ces derniers ont des joueurs de ligne défensive qui sont très explosifs et qui rentrent rapidement dans le champ arrière de l’autre équipe, alors ce sont des stratégies qui sont intéressantes parce que tu veux les bloquer de côté. Tu veux justement que leur agressivité et leur combativité se retournent contre eux. Dans le fond, tu veux que le gars finisse par ralentir un peu parce qu’il ne saura pas d’où va arriver le bloc. C’est tannant quand tu arrives à traverser la zone d’engagement, des fois tu te fais pincer dans l’angle mort de la gauche, des fois dans l’angle mort de la droite, des fois c’est un centre arrière qui t’assaille, d’autres fois c’est un ailier rapproché ou un garde. Tu commences à avoir la tête sur un pivot. Tu commences à t’inquiéter d’où vient le bloc, et quand tu commences à t’inquiéter de ça, tu ralentis un peu et tu es moins explosif. Souvent les équipes vont neutraliser les plaqueurs comme Suh et Donald de cette façon-là.

La ligne défensive des Rams a réussi 45 plaqués pour des pertes en saison régulière et 9 en éliminatoires. Ça veut dire qu’on plaque le porteur de ballon de l’autre bord de la ligne d’engagement et ce sont des jeux négatifs pour l’attaque. C’est important d’éviter ça et les Patriots vont sûrement trouver des blocages pour tenter de ralentir ça. On se souviendra qu’en saison régulière, le front défensif des Rams a alloué 123 verges par match, soit 5,1 verges par course, mais en éliminatoires, contre deux équipes avec des attaques au sol classées dans le top-10 (Cowboys et Saints), on a alloué une moyenne de seulement 49 verges à l’adversaire pour 2,3 verges par course. C’est exceptionnel!

Pour montrer l’efficacité de la ligne à l’attaque des Pats, je prends l’exemple du match contre les Chiefs. En 48 courses contre Kansas City, il y a seulement eu un jeu au sol où les Pats ont perdu du terrain et c’était à la fin du quatrième quart quand Tom Brady a pris le ballon et a mis le genou au sol avant d’aller en prolongation. Ça veut dire que la ligne à l’attaque fonctionne bien, qu’elle n’est pas surprise par l’adversaire ou surprise par les stratégies de la ligne défensive adverse, alors c’est tout à leur honneur.

Bref, d’un côté il y a la ligne à l’attaque des Pats qui bloque super bien et le jeu au sol qui fonctionne, et de l’autre côté, la ligne défensive des Rams qui n’accorde rien. Ça va faire des flammèches, quelqu’un devra céder.

Comment déranger Brady?

Le jeu au sol, c’est la première chose qu’une ligne à l’attaque fait. La deuxième, c’est protéger le quart-arrière.

Encore là, quand on regarde les statistiques des Pats en deux matchs éliminatoires, Tom Brady a tenté 90 passes. Il n’y a eu aucun sac à son endroit et il a été frappé seulement trois fois. On a pourtant affronté des gars comme Joey Bosa et Melvin Ingram des Chargers, ou encore Justin Houston, Dee Ford et Chris Jones des Chiefs.

Il faut dire qu’il y a plusieurs raisons qui expliquent cela. Quand le jeu au sol fonctionne, évidemment que tu n’as pas besoin de lancer le ballon, donc moins il y a de passes tentées, moins il y a de chance de faire des sacs. Quand ton jeu au sol fonctionne, tu peux faire beaucoup de play action, des feintes de courses-passes. Les Pats utilisent beaucoup de passes piège en plus et ils dégainent rapidement. Tout ça mis ensemble, c’est ce qui fait que c’est dur de rejoindre Tom Brady. En plus, en matchs éliminatoires, les Pats contrôlent le temps de possession et c’est non négligeable. Si la défense des Rams doit passer 94 jeux sur le terrain comme celle des Chiefs, les joueurs n’auront plus d’essence dans le réservoir. Quand tu es rendu au quatrième quart et que ça fait déjà 75 jeux que tu joues, ça fait aussi en sorte que c’est dur de se rendre à Brady. Ce ne sont pas des surhumains non plus. On l’a vu en finale d’association, quand Brady était en troisième essai et 10, il n’y avait aucune pression des Chiefs car les joueurs étaient brûlés

17 ans depuis la naissance de la légende de Brady

Pendant la saison régulière, Brady se débarrassait du ballon en seulement 2,6 secondes. C’est encore plus vite en éliminatoires : contre les Chargers, c’était 2,3 secondes en moyenne et contre les Chiefs, 2,5 secondes. Même pour la meilleure ligne défensive au monde, 2,5 secondes, c’est juste pour te rendre au quart-arrière donc ça devient frustrant.

La ligne défensive des Rams devra se relever les manches et demander aux demis défensifs de forcer Brady à tenir le ballon 1 ou 2 secondes de plus dans ses mains. Peut-être que dans ces circonstances, ils seront capables de se rendre à lui. Ça va être une stratégie importante.

Je disais précédemment qu’il n’y a eu aucun sac du quart aux dépens de Brady en éliminatoires, mais tous les gars que j’ai nommés (Bosa, Ingram, Houston et Ford) sont généralement des gars qui attaquent sur les coins, qui attaquent sur les périmètres. Pourtant on sait que ce qui dérange vraiment Tom Brady, c’est la pression qui vient du centre de la pochette. Quand la pression vient de l’extérieur, Brady a un coefficient d’efficacité de 118,7, quand elle vient du centre, ça baisse à 63,1 en carrière. C’est assez probant. C’est la mission que les Rams vont devoir accomplir et il n’y a probablement pas de club mieux équipé pour attaquer le centre de la pochette que les Rams avec Aaron Donald et Ndamukong Suh. Ils sont bâtis pour ça et ça va être à surveiller. C’est l’unité no 1 pour mettre de la pression du centre.

Quand on revisite les trois défaites de Brady au Super Bowl (deux fois contre les Giants et une fois contre les Eagles), on remarque qu’il  a subi un total de 8 sacs, qu’il a été frappé 18 fois et qu’il a été pressé 48 fois de sorte qu’il a dû éviter la pression et précipiter sa passe. C’est la recette contre Brady. On se souviendra des Giants et de Justin Tuck. Aussi, l’an passé, on se souviendra de l’échappé provoqué par Brandon Graham des Eagles, qui travaillait comme plaqueur contre un garde, et c’est arrivé du centre. Je sais que les Pats ont gagné contre les Falcons d’Atlanta, mais souvenez-vous qu’en début de match, il y avait un plaqueur des Falcons, Grady Jarrett, qui avait donné énormément d’ennuis à Brady en réalisant trois sacs.

En finale d’association contre les Saints, la ligne défensive des Rams a réalisé deux sacs et a frappé sept fois Drew Brees. Pour mettre ça en perspective, il n'est pas facile de rabattre le ballon contre Brees car il dégaine rapidement et il a une bonne ligne à l’attaque. D’ailleurs, les Saints avaient encaissé seulement 20 sacs durant toute la saison.

La ligne défensive va avoir gros à faire. Dernièrement, les Pats courent beaucoup avec un centre arrière, James Develin. J’ai hâte de voir comment les Rams vont réagir car ils n’ont pas de gros secondeurs de ligne. Cory Littleton est rapide mais n’est pas très gros et Mark Barron non plus n’est pas très gros. Quoi faire contre un gars comme Develin qui s’en vient faire un bloc en isolé contre Littleton ou Barron? Les Rams vont devoir établir les stratégies défensives du personnel défensif pour essayer de ralentir les courses en puissance des Pats car c’est ce qu’ils font dernièrement, ils jouent du football de la vieille école : on se grossit, on a des ailiers rapprochés et centres arrières, on court en puissance, on fait des blocs en isolé… c’est vraiment du football physique. Si jamais la ligne défensive des Rams ne fait pas le travail, qu’elle ne tient pas le fort, je ne suis pas certain que les secondeurs des Rams sont équipés pour arrêter ce genre de jeu. Encore plus de raisons pour dire que la ligne défensive des Rams est drôlement importante. Si jamais elle est capable de réaliser des plaqués pour des pertes et d’aller jouer dans le champ arrière des Pats, question d’arrêter la course avant qu’elle commence, c’est la meilleure solution.

On s’attend à ce que les Pats portent une attention particulière à Aaron Donald. Contre lui, il faut quasiment qu’il soit doublé chaque fois tellement il est bon. Ça veut dire que Ndamukong Suh doit continuer à faire ce qu’il fait depuis le début des éliminatoires. Souvent il va être favorisé et va travailler en 1-contre-1. Depuis le début des éliminatoires, il gagne ses batailles à 1-contre-1, il a l’air d’un gars affamé qui réalise qu’il a finalement une chance de gagner le Super Bowl. Il a fait ses millions, donc aujourd’hui ce n’est plus une question d’argent mais de fierté. Il va être à surveiller. S’il y a un gars qui peut vraiment faire mal aux Pats advenant le cas où Donald en a plein les bras, c’est lui.

Le coordonnateur défensif des Rams Wade Philips a déjà eu du succès contre Brady. Au final, quand tu as un quart qui dégaine rapidement, peut-être que la meilleure façon de se rendre à Brady, c’est d’attaquer ses receveurs, de jouer des couvertures plus serrées, de demander aux demis défensifs de gagner les trois premières secondes du tracé en couverture de passe pour donner du temps à la ligne défensive de se rendre au quart-arrière. Quand tu as un quart avec une telle rapidité d’exécution, c’est souvent ça la stratégie.

* Propos recueillis par le RDS.ca