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J'ai hâte de voir les Buccaneers de Tampa Bay affronter les Vikings du Minnesota dimanche après-midi parce que je ne crois pas qu’il y ait une équipe qui a autant de pression sur les épaules que les Bucs en ce moment.

Les attentes sont élevées, il y a plusieurs joueurs vedettes, bref on a mis le paquet  pour avoir un gros club et essayer de participer aux éliminatoires. Mais voilà qu'ils se retrouvent avec une fiche de 7-5.

La section Sud de la Nationale, c’est l’affaire des Saints de La Nouvelle-Orléans, ce qui veut dire que les Bucs ne peuvent se qualifier que comme meilleurs deuxièmes.

Situation similaire pour les Vikings (6-6), qui ne pourront rattraper les Packers de Green Bay dans le Nord de la Nationale.

Tous deux se doivent d’être repêchés. C’est un match qui va avoir un impact direct sur leurs chances de se qualifier, il faut gagner absolument.

J’ai hâte de voir comment les Bucs vont sortir après une semaine de congé. Dans ces circonstances, Tom Brady est 14-4 historiquement, avec un écart moyen de 17 points lors de ses victoires. Même si je suis conscient que c’était avec les Patriots, il sort habituellement fort après une semaine de pause.

Les Vikings ont gagné cinq de leurs six derniers matchs. Ils ont connu un début de saison catastrophique mais ils reviennent dans la course. Cela dit, dans les trois derniers matchs, Andy Dalton et les Cowboys ont quand même marqué 31 points, Teddy Bridgewater et les Panthers 27, puis Mike Glennon et les Jaguars 24 au terme d'une prolongation. Dans le cas des Cowboys et des Jaguars, ils ont eu beaucoup de succès par la course. Habituellement, Brady est encore meilleur quand il y a du jeu au sol, et les Vikings ont démontré une certaine vulnérabilité à ce chapitre. Ce serait donc le temps qu’ils s'y investissent mieux. Par exemple, dans quatre de ses cinq derniers matchs, Ronald Jones a réalisé seulement 10 courses ou moins par rencontre. Si les Bucs ne connaissent pas de succès après avoir vu ces trois autres équipes en avoir, il faudra donc se poser des questions à Tampa.

Les Vikings sont le fun à voir jouer, car il y a du talent. Les joueurs qui touchent le ballon jouent du gros football, que ce soit Dalvin Cook, Adam Thielen ou Justin Jefferson, ils sont spectaculaires. Kirk Cousins joue du solide football depuis novembre. Il est aussi bon en deuxième demie et précisément au quatrième quart, alors qu'on lui reprochait souvent le contraire dans le passé. Il est désormais meilleur dans les moments cruciaux, quand ça compte.

Là où ça va se jouer, c’est au niveau de la ligne à l’attaque des Vikings. C’est toujours important et j'en parle souvent, mais là j’y porte une attention particulière, parce qu’ils affrontent le front des Bucs. Les Vikings avaient connu beaucoup d’ennuis la semaine passée contre le front des Jaguars. Ils ont gagné 145 verges au sol, mais ç’a pris 38 courses y arriver, soit 3,8 verges par course. La plus longue course de Cook était de seulement 12 verges. Pour mettre ça en perspective, les Jags sont 30es contre la course. Ils ont réussi 4 sacs et ils ont frappé Cousins 14 fois, c’est énorme! Avant d’affronter les Vikings, ils avaient seulement réussi 11 sacs et ils en ont maintenant 15 au total (30es sur 32 clubs). Les Vikings ont eux alloués 25 sacs (17e rang) jusqu'à maintenant, en milieu de peloton, mais c’est une des équipes qui lancent le moins souvent le ballon (363 passes, 29e rang sur 32). Ce n’est donc pas si bon.

Les Bucs sont no 1 contre la course et no 6 pour mettre de la pression sur le quart-arrière avec 34 sacs. Bref, si les Vikings n’ont pas bien paru contre un front défensif moyen comme celui de Jacksonville, qu’est-ce que ce sera contre l’un des meilleurs? Ce sera à surveiller dans cette confrontation.

Premier départ qui s’annonce ardu pour Hurts face aux Saints (RDS, 16 h dimanche)

Un autre match que j’ai hâte de voir, c'est celui des Saints (10-2), qui vont rendre visite aux Eagles (3-8-1).

Ce ne sont pas leurs fiches qui retiennent l’attention. C’est surtout de voir un affrontement entre Jalen Hurts et Taysom Hill à la semaine 14 en raison respectivement des mauvaises performances de Carson Wentz et des blessures à Drew Brees.

Hurts effectuera d’ailleurs son premier départ dans une situation qui n’est pas évidente.

Quand je regarde ce qui se passe de l’extérieur, je me demande si les Eagles ont vraiment un plan. La situation avec Wentz, c’est un peu un échec d’organisation. C’est sûr que certaines erreurs sont simplement la faute de Wentz quand il échappe des ballons, lance des interceptions, tient le ballon trop longtemps ou qu'il veut trop en faire parfois. En même temps, les joueurs autour de lui ne jouent pas si bien et il y a énormément de blessures, notamment sur la ligne à l’attaque, ce qui n’est pas une bonne recette pour un quart. On ajoute à ça des sélections de jeu douteuses de Doug Pederson en attaque surtout. Et il y a aussi le fait que l’entresaison était bizarre alors qu’on a offert 128 millions $ à Wentz, soit le plus gros contrat jamais accordé par les Eagles, pour ensuite repêcher Hurts en deuxième ronde, ce qui a fait écarquiller bien des yeux. C’était quoi le plan à ce moment? On se pose encore la question aujourd’hui.

Quand ils ont repêché Hurts, on se disait à RDS que peut-être que les Eagles veulent avoir leur genre de Taysom Hill à eux, soit un deuxième quart un peu différent de Carson Wentz, comme Hill est différent de Brees, ce qui va faire en sorte qu’on va avoir des livres de jeux variés qui peuvent déstabiliser l’adversaire. Ça force l’adversaire à se préparer contre deux attaques. Finalement ils ne l’ont pas utilisé beaucoup. On en est venu à se demander s’ils voyaient vraiment Hurts avec eux à long terme...

Quand les Chiefs ont repêché Patrick Mahomes, ils avaient clairement un plan. Alex Smith était plus âgé et a tenu le fort en attendant que son successeur soit prêt. Les Chiefs ont eu des passages à vide et malgré le fait qu’ils soient montés au repêchage pour aller chercher Mahomes en première ronde, ils ont gardé le cap. Dans le plan des Chiefs, on ne voulait pas faire jouer Mahomes trop rapidement, il ne fallait pas succomber à la pression des partisans et des médias. Finalement son tour est venu au dernier match de l’année contre Denver.

Pauvre Jalen Hurts. On est curieux de voir comment ça va aller, et on lui souhaite du succès. Mais tu l’envoies à son premier départ contre les Saints, qui jouent du foot spectaculaire et qui sont sur une lancée de neuf victoires consécutives... Défensivement, les Saints allouent en moyenne 8,8 points seulement par match depuis cinq parties. Est-ce une belle opportunité pour Hurts de la part de l’entraîneur Doug Pederson ou un cadeau empoisonné? Les partisans qui croient un peu aux théories du complot risquent de se demander s’il a fait exprès de l’envoyer dans la mêlée pour qu’il paraisse mal et ensuite remettre Wentz en disant que Hurts n’est pas un sauveur, question d'arrêter de se faire achaler.

Si on pense aider Hurts en s’en remettant davantage au jeu au sol, sachez que les Saints sont no 2 contre la course, no 4 contre la passe, no 7 pour les interceptions et no 3 pour les sacs. Les Eagles sont derniers avec 46 sacs alloués de leur côté.

Ça risque d’être difficile pour Hurts et sa troupe quand on regarde sur papier. Si ça fonctionne, les Eagles vont se retrouver avec le réserviste le mieux payé de la NFL comme second. C’est particulier. C’est pour ça que je parle d’un certain constat d’échec. Philadelphie est une ville qui aime les négligés, si Hurts connaît un match spectaculaire, il y deviendrait le nouveau Rocky.

Les Dolphins peuvent-ils suivre le rythme des Chiefs? (RDS, 13 h dimanche)

Enfin, voyons voir comment les Chiefs vont s'y prendre après un match brouillon contre Denver. Les Broncos ont une unité défensive solide, mais les Chiefs n’ont pourtant engendré que 22 points avec cinq bottés de précision, seulement 1 touché et un taux de réussite de 0 en 4 dans la zone payante. Mahomes a lancé 15 passes incomplètes, ce n’est pas habituel. Ils ont habituellement des standards plus élevés, ils risquent de sortir plus fort et d'être mieux concentrés.

Les Dolphins (8-4) ont pour leur part gagné sept de leurs huit dernières rencontres, ils ont le vent dans les voiles. Mais contre les Chiefs, c’est une autre paire de manches. Quand tu te mesures aux Chiefs, il y a toujours quelques questions à se poser par défaut.

- Est-ce que mon attaque peut suivre la cadence des Chiefs? Est-ce qu’on est de taille dans un festival offensif, est-ce qu’on peut répondre touché pour touché?

- Et est-ce que ma défense peut limiter l’attaque des Chiefs?

La première question me fait peur pour les Dolphins car ils ne marquent pas assez, comme on a pu le constater à leurs trois derniers matchs (13 points contre les Broncos, 20 contre les Jets et 19 contre les Bengals).

Poser la question, c’est un peu y répondre. Quand tu joues contre les Chiefs, c’est rarement suffisant pour l’emporter. Il va falloir que le quart recrue Tua Tagovailoa et son attaque en donnent plus, à moins que la défense fasse des miracles. Mahomes te force à tenir le rythme, il faut que tu fasses des gros jeux, que tu marques beaucoup de points.

Tua a obtenu près de 300 verges à sa dernière sortie, il va devoir continuer à en donner plus. On a vu des ajustements en deuxième demie, une attaque sans caucus, un tempo plus rapide et beaucoup de formations sans porteur de ballon. On le voyait distribuer le ballon et il semblait confortable là-dedans, il dégainait rapidement. Le seul hic avec ce genre de tempo et une attaque sans caucus, c'est que ça peut être un couteau à double tranchant. C’est le fun quand ça fonctionne, mais quand ça ne fonctionne pas, ça contraint la défense à revenir rapidement sur le terrain. Ce n’est pas ce qu’on souhaite contre KC. Heureusement, les Dolphins sont deuxièmes pour les points alloués, c’est quand même à souligner.

J’ai hâte de voir comment l'entraîneur-chef des Dolphins Brian Flores va gérer ça, mais l’unité défensive fait beaucoup de couverture homme à homme et je ne suis pas sûr que c’est une bonne idée contre les Chiefs. Les Bucs avaient utilisé cette tactique il y a quelques semaines et ils s’étaient entêtés malgré le fait que ça ne fonctionnait pas, donc Mahomes avait obtenu 450 verges et Tyreek Hill pas moins de 260 verges avec trois touchés. C’était fou! Les Dolphins ne devront pas s’entêter de la sorte sur en homme à homme et ils devront être plus stratégique. Mahomes est en feu, Travis Kelce est le meilleur ailier rapproché, Hill est le plus rapide.... par où commencer pour arrêter les Chiefs? Il faut choisir son poison.

Aussi, on est tellement émerveillé par le bras de Mahomes et les diverses façons qu’il réussit à lancer le ballon, en se contorsionnant parfois, ou en passant à l’aveuglette… ça nous fait perdre de vue qu’il est aussi mobile et qu’il peut courir, qu’il est capable d’étirer les jeux et d’aller chercher les premiers essais. C’est d’autant plus mortel de faire de la couverture homme à homme contre ça. Les Chiefs comptent sur la mobilité et le bras de Mahomes et la rapidité des receveurs, c’est toute une commande pour la défense des Dolphins.

Fait intéressant, les Dolphins ont accordé 31 points à trois reprises cette saison : contre les Seahawks, qui ont un quart-arrière mobile comme Russell Wilson, contre les Cardinals avec un quart également mobile comme Kyler Murray et de bons receveurs, puis les Bills, avec le très mobile Josh Allen et ses bons receveurs. On voit une tendance ici... Les Dolphins affronteront maintenant le maître en la matière en fin de semaine.

Dommage pour les Bills!

Un petit mot sur les Bills (9-3), qui reçoivent les Steelers de Pittsburgh (11-1) dimanche soir (RDS, 20 h).

Les Bills (9-3) n’ont pas participé aux éliminatoires depuis 1995 sans avoir à prendre part à la ronde des équipes repêchées, mais ça pourrait bien changer cette saison, étant donné qu'ils sont premiers de leur division. Imaginez à quel point la foule aurait été en délire s’ils avaient pu accueillir des spectateurs. Dommage que la COVID-19 les empêche de vivre cette frénésie pour une fois. Ils ont rarement disputé des matchs aux heures de grande écoute à cause de leurs séries d’insuccès dans le passé.

Ç’aurait été tout un spectacle devant leur public. J’imagine que plusieurs Québécois se seraient déplacés à Buffalo comme c’est souvent le cas vu la proximité.

La bonne nouvelle, c’est qu’on est rendu à la semaine 14 et que la fin de saison régulière approche. Lentement mais sûrement, les éliminatoires s’en viennent malgré l’incertitude qui a régné sur le sport depuis le début de l'année à cause de la pandémie.

 

* Propos recueillis par Audrey Roy